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Avec une CENI en ruines, Kadima patine vers 2023

Comment une CENI en ruines prépare-t-elle les élections de 2023 ? Budget non comblé, matériel et logistique en panne, personnel à compétence douteuse et une administration électorale dépendante.

Par Jeanric Umande

publié le 16 mai 2022 à 21:45:00

En six mois de gestion du processus électoral, l’équipe Kadima a splendidement démontré ses limites. Aucun leader politique de référence, nonobstant ceux du parti présidentiel, ne fait confiance à l’actuelle CENI. Même au sein de l’Union sacrée, Kadima fait largement douter. Comment conduire un processus qui, politiquement, boude son leadership ? En dépit des efforts déployés, des énergies dépensées, des discours excellemment communiqués, l’équipe Kadima fait encore figure de symbolisme creux. Une petite enquête menée dans des taxi-bus, taxis et lieux de négoce à Kinshasa fait craindre de la contestation avant même la tenue des scrutins. Pour une majeure partie des Congolais, Kadima reflète toujours l’image du candidat imposé par le pouvoir et dont la mission est connue : dicter des résultats électoraux préfabriqués au bénéfice de ceux qui l’ont placé à la tête de l’institution de gestion des élections. D’où ces interrogations : (i) Kadima doit-il changer de stratégie pour une crédibilité insoupçonnable ?; (ii) Doit-il changer d’équipe de travail pour mériter un minimum de confiance de la population ? ; (iii) Faut-il entourer le président de la CENI d’une expertise internationale neutre pour tenter de remonter sa côte d’admissibilité populaire ? Que d’efforts imaginairement attendus pour sauver un processus électoral exigeant, tendu et surveillé. Plus étonnant, le président de la CENI ne semble pas du tout écouter la rue, l’opinion publique, le peuple et la communauté internationale. Il avance, avec sa feuille de route, les yeux fermés, dirait-on. Ne tenant pertinemment pas compte d’aucun avis divergent, d’aucune considération situationnelle, d’aucun bouleversement politique en perspective et d’aucune tendance contestataire. Nous plongeons décidément dans un cycle électoral kung-fu, où seul le plus fort compte.

La CENI/Kadima se serait assouvie de l’engouement observé lors des appels au recrutement très suivis dans les provinces pour renouveler le personnel électoral, signe que de nombreux jeunes traversent des pires moments de chômage et de galère pour retrouver un emploi sûr. Indicateur insuffisant pour mesurer le degré d’acceptabilité d’une équipe de gestion des élections dans un pays continent aux expériences électorales troubles.

Avec une CENI en ruines, impossible pour Kadima de tenir ses promesses

Personnel vieillissant (celui recruté en 2006 notamment) et peu professionnel (pour avoir maintes fois produit des élections chaotiques), matériel rouillé et inadapté, bâtiments en ruines et un mobilier en lambeaux, les échos qui fuitent de quelques représentations de la CENI en provinces ne rassurent guerre quant à la tenue effective des scrutins en 2023. Tous les 15 membres de la CENI viennent d’effectuer des descentes sur le terrain des opérations en provinces (fin avril-debut mai 2022). Ils y étaient précédés de quelques experts en cartographies opérationnelles, cette étude de localisation géophysique des sites de vote (centres d’inscription des électeurs, centres et bureaux de vote et de dépouillement). Cette mission était doublée d’un inventaire chiffré des équipements et matériels disponibles dans les bureaux de représentation provinciale et les antennes disséminées dans les communes urbaines et territoires. Environ 80% des équipements trouvés sur le terrain sont en état d’usure très avancé. Et nécessitent renouvellement, c’est-à-dire, à acheter de nouveau. Des appels d’offres seraient en préparation pour l’acquisition des camions, camionnettes, motos, vélos et consorts, apprend-t-on des sources proches de la CENI.

Mais il y a aussi et surtout le désarroi pour l’état du matériel sensible, cas des machines à voter qui demandent d’être quantitativement commandées à l’étranger (Corée du Sud). La plupart des bureaux de représentation provinciale de la CENI font figure de parent pauvre. L’herbe a repris ses droits dans leurs installations et plusieurs agents s’occupent autrement, abandonnant les vieux bureaux dont les bâtiments suintent, faute d’activités et d’entretien. Les frais de fonctionnement ne tombent plus. Certains équipements de la CENI auraient été troqués, vendus où tout simplement confisqués par des anciens agents ou proches des anciens membres de l’équipe Nangaa. Un tableau méphitique qui illustre l’étendue des défis logistiques qui s’érigent en barrière de la tenue des élections en 2023.

Malheureusement, Denis Kadima et son staff dirigeant font preuve de peu de professionnalisme en feignant une certaine confortabilité organisationnelle au moment où tout est quasiment à l’arrêt. L’expert semble bloqué, sinon dépassé par le volume de la tâche. D’après un crack électoral ivoirien, “un président de la CENI doit toujours dire la vérité pour s’assurer et se rassurer”. Tenter de maquiller l’état calamiteux de la logistique des opérations est suicidaire. Il en est de même de la situation financière de la CENI. Dans un entretien lundi 16 mai 2022 avec les professionnels des médias, Denis Kadima en a rajouté qu’il y aura bel et bien des élections en 2023 : “Mon équipe travaille sans relâche. C’est comme si les élections auront lieu demain. C’est dans cette philosophie que nous évoluons. Que ceux qui doutent encore attendent la réalisation de cette promesse d’ici une année”, a-t-il prophétisé. Pourtant, Kadima est censé savoir que la machine qu’il dirige boitille et manque de tout. Argent, logistique, personnel de qualité, indépendance politique, indépendance fonctionnelle et crédibilité internationale. Des agrégats essentiels pour un leadership électoral compacte et inébranlable.

Dans un pays post-conflit, seules les déclarations ne suffisent pas. Kadima a déjà été évalué dans ses six premiers mois de travail. Pour parler du nerf de la guerre, Denis Kadima s’est souvenu que les décaissements du gouvernement sont tardifs. “Nous avons reçu les fonds de janvier et février, nous sommes en discussion pour que l’argent nous arrive anticipativement”, s’est-il plaint devant la presse qu’il a lui-même invité en dîner à l’hôtel Béatrice de Kinshasa. Sur les quatre lignes budgétaires, aucune n’est totalement comblée à satisfaction. Rémunération, fonctionnement, investissement et opérations.

Il y aura des élections du peuple et des élections de la CENI…

La classe politique ne cesse de rugir d’exigences. Pour la plupart d’entre les opposants à Félix Tshisekedi, “Denis Kadima organisera ses élections et le peuple se prendra en charge” étant donné que l’équipe actuelle de la CENI a déjà échoué. Du point de vue de la légalité, la CENI/Kadima fonctionne en violation de la loi qui l’organise pour avoir été investie dans un forcing hitlérien. De la désignation de ses membres à leur prise de fonction. Dans le fond, Denis Kadima a déjà heurté la dimension éthique d’un processus électoral voulu crédible en s’illustrant par des pratiques qui frisent les antivaleurs. Son arrangement supposé avec le ministre Nicolas Kazadi des Finances n’aura été qu’une affaire de famille. L’impair a été consommé.

Le fameux détournement dénoncé sur les fonds d’acquisition des véhicules demeurera un précédent fâcheux. Cela expose délicatement les confessions religieuses qui avaient imposé leur véto sur le choix de Kadima. Sur le plan politique, les premières mises en place effectuées par le président de la CENI au secrétariat exécutif national a donné de l’eau au moulin à ses détracteurs qui ont, par cet acte, confirmé le contrôle parfait de la centrale électorale par la majorité. La nomination du secrétaire exécutif aura démontré l’incapacité de Kadima à résister aux pressions du pouvoir, ce qui ne permet pas de lui faire confiance pour la suite du processus. Autre phénomène aggravant, les injonctions du ministre de l’Intérieur au président de la CENI au sujet du calendrier de l’élection des gouverneurs. Là encore, l’équipe Kadima a démontré son inqualifiable molesse professionnelle. La CENI n’a pas vaincu les démons qui guetteront à jamais son indépendance. Autant de balourdises qui blessent la bonne administration des élections en République démocratique du Congo. Dans ce climat, la Dynamique pour une sortie de crise (DYSOC) de Jean-Pierre Lisanga Bonganga persiste : “il faut une CENI consensuelle”. Lamuka, le FCC et les mouvements citoyens restent fidèles au même mot d’ordre. Très particulièrement, Lamuka sollicite l’accompagnement de la Monusco pour éviter des violences électorales aux conséquences tragiques. Sans compter que les Églises catholique et protestante conservent la même revendication. Même si les derniers débats avaient semblé tourner la page Kadima pour les deux confessions, les agissements du président de la CENI et tous ses collègues n’ont pas permis à l’église de s’estimer électoralement sécurisée. D’où la montée en puissance du bloc patriotique qui ne cesse d’enregistrer des nouveaux adhérents. Partis politiques, associations, mouvements citoyens, confessions religieuses et des personnalités de toutes les sensibilités restent aux aguets.

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