Les sept candidats à la présidentielle qui militent pour l’annulation des scrutins du 20 décembre, appellent désormais à la mise en accusation du président de la Ceni, Denis Kadima et l’ensemble de son bureau. Ils ont réitéré leur position dans une déclaration commune lue samedi à Kinshasa par l’opposant Martin Fayulu. “Nous exigeons la mise immédiate à la disposition de la justice de Monsieur Denis Kadima, des membres de la CENI, de leurs complices et de tous les autres acteurs de la fraude électorale”, peut-on lire dans le texte.
Martin Fayulu, Seth Kikuni, Me Herve Diakiese, Francklin Tshiamala, Floribert Anzuluni lors d’un point de presse à Kinshasa. @Photo Droits tiers.
Hostiles au deuxième mandat de Tshisekedi, les opposants ont exhorté les 80 lampistes de la tricherie, issus de la famille politique au pouvoir, à dénoncer toute la chaîne de distribution des machines à voter. “Nous en appelons tous nos compatriotes y compris les 82 lampistes déjà cités de dénoncer la chaîne de distribution des machines à voter et tous les acteurs de cette entreprise criminelle ayant contribué à voler au peuple congolais ses voix et l’expression de sa souveraineté”, ont-ils insisté.
Les signataires ont rappelé dans leur déclaration que l’annulation des élections législatives nationales et provinciales dans deux circonscriptions électorales et l’invalidation de 82 lampistes de la tricherie, n’est qu’une fuite en avant de Denis Kadima et de ses complices, “pour se soustraire de ce qui engage leur responsabilité personnelle dans le chaos et le désordre électoraux que notre pays déplore à ce jour”. À en croire Me Hervé Diakese, le cerveau moteur de la fraude doit répondre aussi de ses actes devant la justice. “La Ceni a joué le jeu sinon ces machines ne seraient jamais retrouvées entre les mains de ces individus. Et comment ces gens ont eu le code pour transmettre les données au serveur ?”, s’est-il interrogé.
Les challengers de Tshisekedi soutiennent que Denis Kadima, après avoir obstinément refusé l’audit du fichier électoral, est dans la même logique, aujourd’hui, de se soustraire à une commission d’enquête indépendante qui va déterminer sa propre implication ainsi que celles de tous ses complices dans la fraude et la tricherie électorale. Tricherie que “nous avons toujours dénoncée, et qui vient d’être démontrée à la face du monde”.
Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga, Franck Diongo, Seth Kikuni et Floribert Anzuluni sont convaincus que la simple analyse de la liste de 82 sacrifiés démontre que la fraude s’est disséminée sur toute l’étendue du territoire national. En réalité, cette implication a des dimensions beaucoup plus graves surtout, lorsque l’on constate que les bénéficiaires de machines à voter sont tous globalement de la famille politique de M. Félix Tshisekedi. Pire encore, tous les prétendus détenteurs ont des statuts étatiques : ministres, sénateurs, gouverneurs. députés, bourgmestres, etc.
Dans cette optique, les opposants ne voient pas comment Kadima va dissocier les législatives nationales et provinciales de la présidentielle de lorsque le quadruple scrutin a eu lieu le même jour. “Par quelle magie, dans une élection combinée dans un seul bulletin, la CENI peut nous expliquer que seules les législatives ont été corrompues et pas la présidentielle ?”, ont-ils questionné les esprits lucides.
Les sept candidats attestent désormais de la complicité existant entre la famille politique de Félix Tshisekedi, les organes de l’Etat et la CENI. “Raison pour laquelle la CENI est toujours dans l’incapacité de répondre à des questions aussi fondamentales que le nombre de bureaux de vote qui ont effectivement ouvert, le nombre de machines à voter réellement déployées, le nombre de bulletins des votes imprimés et aussi le nombre des machines à voter qui ont été mises à la disposition de la famille politique de Félix Tshisekedi pour orchestrer la fraude que nous décrions”, ont-ils relevé.
Par ailleurs, le groupe de 7 précise que cette situation démontre de manière irréfutable que la CENI, à tous les niveaux, est non seulement actrice de la tricherie qui a eu lieu, mais plutôt instigatrice. “La CENI de monsieur Kadima a prêté main-forte à la tricherie, dès lors que le monopole de la détention des machines à voter relevait exclusivement de sa responsabilité”, ont-ils souligné.
Ainsi, ils exigent l’annulation pure et simple des résultats aussi bien de la présidentielle que de législatives nationales que provinciales. “Nous réitérons notre exigence de l’annulation totale du simulacre d’élections du 20 décembre 2023 à tous les niveaux”. À défaut pour le pouvoir et la CENI de s’exécuter, ils réitèrent dès maintenant, “leur appel au peuple, conformément à l’article 64 de la Constitution, d’entrer en résistance pour faire échec à cette fraude avérée qui ne passera jamais”. Pour Fayulu, “le temps a sonné et le peuple sera debout”. “Le pays n’appartient pas à Tshisekedi. Même si on dit qu’on va tuer les gens. Il faut marcher de partout sur l’ensemble du pays. Tshisekedi a vendu le pays, il veut se laver de l’opprobre de 2018. Si tu as peur de sortir, manifester devant ta maison”, a-t-il hurlé. Et de conclure : “le peuple est révolté et il va agir”.