Au moment où certains perçoivent la visite du pape François comme du “déjà vu”, le président de la Commission épiscopale des laïcs catholiques la place sous le signe de l’humilité et de l’abnégation qui se concrétisent dans le temps imparti par le Créateur.

C’est un Kaïros, un temps favorable puisque ça fait 38 ans depuis que nous avions reçu la visite du pape saint Jean-Paul II. Si vous considérez parmi les chrétiens qui l’avaient accueilli en ces temps-là, plusieurs sont devenus des responsables de familles. Et après toutes ces années, nous aurons d’ici là la visite du pape François sur notre sol. Du point de vue spirituel je vois là d’abord un signe d’humilité, de compassion, a-t-il argumenté, tout en soutenant cette approche par un extrait des Écritures.

Je me réfère à ce que dit Saint Paul dans l’épitre aux Galates (chapitre 1 verset 18 à 19). Après trois ans, je suis monté à Jérusalem pour rendre visite à Cephas (Pierre) et demeurer auprès de lui 15 jours. Je n’ai pas vu d’autres apôtres, mais seulement Jacques le frère du Seigneur. Ici, ce n’est pas nous qui allons vers Cephas (Pierre). Puisque le pape comme vous le savez est successeur de Pierre, mais en toute humilité c’est Cephas (Pierre) qui vient vers nous. C’est déjà un grand signe d’humilité du pape François. Il vient vers nous pour nous apporter un message comme pasteur, comme prophète.

Le prélat estime que cette visite du pape est aussi une forme d’abnégation. Comprenez : abandon, renoncement de soi au bénéfice d’autrui.

Kaïros aussi parce qu’il devait venir, mais cette première visite a été reportée. Il nous arrive maintenant malade, mais un homme qui s’oublie, qui oublie sa maladie. Comme tout autre humain, il est fragile, mais il oublie sa souffrance pour venir nous réconforter, réconforter les Congolais blessés par la guerre dans l’est, à Kwamouth et à d’autres endroits. Et ces Congolais, je les compare à l’histoire du bon samaritain que nous avons connu et nous connaissons tous, cet homme priant Dieu qui rentre de Jérusalem et qui est tombé entre les mains de brigands qui l’ont roué de coups. Et le Congo est pareillement tombé entre des mains de brigands, de bandits à cause de sa richesse, mais qui est ce bon samaritain qui va panser les plaies des Congolais ?, s’est interrogé Mgr Bodika.

“Le pape, par le message de réconfort qu’il nous apporte comme pasteur et prophète, veut attirer notre attention sur la question de la réconciliation parce qu’il faut le dire, la thématique de cette visite apostolique est” : laissez-vous vous réconcilier avec Dieu. “C’est vrai, dans notre pays, nous avions connu des temps de réconciliation. Souvenons-nous de la conférence nationale, des autres assises en Afrique du Sud et ailleurs où les Congolais étaient appelés à se réconcilier, mais quand nous regardons les résultats, la vraie réconciliation n’y est pas. C’est pour cela que la vraie réconciliation vient du seigneur Jésus-Christ qui veut nous apporter la paix, qui veut que nos cœurs soient d’abord réconciliés avec Dieu, avec lui le seigneur Jésus pour que nous soyons capables de regarder les autres en face et de nous dire des vérités, de nous pardonner et de prendre la résolution de la reconstruction du pays et permettre au pays d’aller de l’avant”.

Il a conclu l’entretien en réprimandant tous ceux qui veulent accommoder cette visite papale à leur sauce. Puisque, estime-t-il, le Saint-Père n’arrive pas sous ce régime pour jouer le sapeur-pompier des différentes bisbilles entre politiciens. Bien au contraire. Comme tout “bon” Pasteur, il vient apporter un message de paix, de réconciliation pour ainsi en finir avec des tensions dans différentes parties du pays et permettre aux Congolais de vivre en paix chacun sous sa vigne, sous son figuier.