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COP27 : Utopie d’une solution mondiale aux problèmes particuliers des États

La 27éme conférence de l’ONU sur le climat, communément appelée COP 27 (Conférence des Parties) se tient cette année à Charm el-Cheik, en Egypte, du 6 au 18 novembre 2022. Elle est organisée par les Nations unies. Comme lors des éditions précédentes, les chefs d’Etat et de gouvernement, les scientifiques et parfois les industriels ainsi que les délégués de la société civile défilent à la tribune pour prononcer de beaux discours.

Par Gaby Kuba Bekanga

Les membres de la délégation congolaise à la COP27 en Egypte @Photo Droits tiers.

publié le 11 novembre 2022 à 07:42:00

Le constat est que la COP reste un copier-coller de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU : tout le monde parle, chacun dénonce ou condamne des maux qui rongent l’humanité. Certains font des propositions pour apporter des solutions aux problèmes. Dommage, rien de concret et, ce en attendant l’édition suivante.

Des accords sur les désaccords

Sur fond d’hypocrisie, les délégués à l’Assemblée générale de l’ONU se mettent souvent d’accord sur les désaccords. Hypocrisie car, chacun tire la couverture de son côté. Quand bien même une résolution peut être votée à l’unanimité, son application pose toujours des problèmes. C’est le cas de l’usage du droit de véto par les plus puissants. A chaque rencontre, on observe de profondes divergences. Les délégués les plus téméraires nous livrent parfois le spectacle d’une Tour de Babel. Tous connaissent la réalité et les auteurs des problèmes mais chacun prend sa direction, celle correspondant à ses intérêts. Ainsi, la solution reste-t-elle une illusion.

Peut-on encore attendre le “salut du monde” à partir des rassemblements improductifs de l’ONU ? La réponse à la question est non même si on peut se tromper. Le vocable “communauté internationale” n’est qu’une jungle où règne l’égoïsme. Il est utopique de croire que les priorités des “industriels-pollueurs” qui travaillent pour la puissance des Etats sont celles du monde scientifique ou de la société civile. Tous les gouvernements de la planète font face aux exigences de leurs citoyens.

Un forum de contradictions

Il y a peu, les mines de charbon étaient fermées dans plusieurs pays à cause de la pollution environnementale. Mais avec la crise énergétique due à la guerre russo-ukrainienne en Occident, on assiste à l’exploitation spectaculaire du charbon pour pallier le déficit énergétique. Le recours au charbon est dicté par les impératifs du moment. Si tout le monde a accès à l’oxygène, tous les citoyens n’ont pas accès à l’eau potable et à une nourriture saine et suffisante. L’oxygène est indispensable pour tous tandis que le pain est un horizon toujours fuyant pour la majorité des habitants de la terre. Il faut donc concilier le pain et la justice climatique.

La question est cependant de savoir que feront les démunis pour protéger l’écosystème dont ils tirent leurs moyens de survie ? Est-il possible de cultiver, de pêcher, d’exploiter le bois, les mines et le pétrole sans causer des préjudices à l’environnement ? Les Etats ayant vaincu la faim ont-ils dérogé à la règle ? Quel est le miracle à opérer par ceux qui veulent sortir de l’enfer sans entreprendre la même démarche que les pays développés ? Des promesses ont été faites par le Nord pour aider les pauvres du Sud. Mais rien de concret. Un déséquilibre total entre le Nord et le Sud avec des promesses jamais tenues.

Aucun problème climatique ne sera résolu globalement. Chaque Etat a ses préoccupations, alors que le suicide serait collectif d’après Antonio Guterres. Si le monde connaît des inégalités sociales et des égoïsmes en temps normal, qu’adviendra-t-il lorsque le changement climatique diminuera les richesses ? Dans cette optique, comment une minorité des nantis partagera-t-elle son minimum avec la majorité des pauvres ? Chaque Etat œuvre pour le bien-être de son peuple. Entre les Etats, il n’y a que le rendez-vous du donner et du recevoir et les rapports de force qui comptent. Il n’y a ni amitié, ni fraternité, ni pitié. La solidarité internationale n’est que celle de Saint Nicolas.

Seuls les Etats naïfs pensent à l’aumône des autres. Même si on débloquait des milliards promis par les grandes puissances afin de lutter contre le réchauffement climatique, la bataille serait encore rude pour la répartition de la cagnotte. Les négociations seront âpres et les plus forts s’empareront de la part du lion. Rien d’étonnant qu’on assiste aux opérations “aller-retour” des soi-disant pays donateurs.

RDC, pays-solution ?

Le changement climatique fait recours à la transition énergétique pour limiter les dégâts environnementaux. La RDC en tant que pays gâté par la nature avec ses immenses forêts, ses eaux, son sol et son sous-sol (mines et pétrole) devrait jouer un rôle de premier plan dans cette transition. D’où, la rhétorique officielle « RDC, pays solution ». La RDC est certes une mère nourricière. Elle est une solution pour les autres. Elle est le réservoir mondial des minerais stratégiques et des métaux rares (cobalt, lithium, germanium, coltan, wolframite…) des forêts, des tourbières dont la transition énergétique a grandement besoin pour limiter la pollution. Cependant, elle n’est qu’un champ d’exploitation des multinationales qui font la loi. Le pays ne maîtrise ni l’exploitation, ni l’exportation ni l’approvisionnement ni la commercialisation. C’est pareil avec ses forêts et ses eaux. La transformation des matières premières au pays relève de l’alchimie et de la gnose. Pourtant, c’est possible. Elle l’a fait dans le passé. Le pays est plus que jamais vulnérable, alors qu’il est un bouclier pour le monde entier et une solution pour les autres. Paradoxe.

A quand les compensations des forêts du Congo ?

Les dirigeants sont présents dans toutes les conférences sur le climat pour porter la voix du Congo. Mais quelle est la contrepartie ? Une simple présence protocolaire ? Où sont les retombées d’un pays-solution ? C’est dans ce contexte que les organisations de la société civile de l’Afrique centrale se sont réunies récemment à Kinshasa pour désapprouver des conférences inutiles, en l’occurrence, la COP 27. On se rencontre, on discute et on repart sur les mêmes bases en attendant la prochaine édition. Des attroupements périodiques sans issue. La société civile n’y croit plus. L’optimisme a donc cédé la place au scepticisme.

Voici un extrait de la déclaration des ONG de l’Afrique centrale

Nous, organisations de la société civile de la RDC, du Gabon et de la République du Congo, réunies à Kinshasa du 25 au 27 octobre 2022, dans le cadre de la Pré-Cop 27 Alternative de la société civile, organisée par la Coalition Toboyi Molili (Refusons l’obscurité) pour discuter et réfléchir sur la COP27, sur la vision «RDC Pays Solution» au climat et à la transition énergétique. Nos discussions étaient axées sur l’énergie, un domaine important du changement climatique.

  • Nous saluons la volonté du gouvernement congolais et des autres pays du Bassin du Congo de contribuer à la lutte contre le changement climatique et à la transition énergétique ;
  • Nous alertons les dirigeants que si la planète brûle, nous périrons ensemble ;
  • Nous déplorons l’absence de pragmatisme dans la réalisation de la vision ‘’ RDC Pays solution’’;
  • Au regard de la résolution de Yangambi concernant l’eau, la forêt et les énergies alternatives, nous invitons les gouvernements des pays du Bassin du Congo à s’abstenir de mauvaises solutions climatiques sur l’environnement sans études préalables (cas de la construction du barrage Grand Inga) ;
  • Nous recommandons aux gouvernements africains l’amélioration de la gouvernance, le respect des engagements et des lois ainsi que le recours au consentement des communautés locales ;
  • Nous estimons que la transition énergétique apparaît aujourd’hui comme une opportunité pour stimuler le développement durable en Afrique et dans le Bassin du Congo parce qu’elle vise à atténuer la pollution environnementale ;
  • Nous faisons nôtres les enjeux de la transition énergétique ;
  • Nous optons pour le modèle énergétique favorisant la réduction des émissions de gaz à effet de serre ;
  • Nous recommandons la décentralisation énergétique, la réduction des énergies fossiles et des inégalités ;
  • Nous prônons l’utilisation des énergies renouvelables ;
  • Nous remarquons que les fortes chaleurs, les pluies diluviennes, la dégradation des terres avec des érosions, l’élasticité de la saison sèche et les inondations sont des faits manifestes du changement climatique.
  • Nous avisons les dirigeants que les risques d’amplification de la vulnérabilité des populations seraient très élevés si nos pays ne faisaient pas attention et ne passaient pas à l’action ;
  • Nous proposons aux gouvernements du Bassin du Congo d’éviter des projets comportant des impacts négatifs (cas de l’exploitation pétrolière ayant réduit l’espérance de vie à 41 ans dans le Delta du Niger) ;
  • Nous recommandons à l’Etat congolais la mise en place des alternatives claires et durables en faveur de la population avant d’offrir des massifs forestiers comme solution au réchauffement climatique ;
  • Nous recommandons une gestion rationnelle des eaux du Bassin du Congo pour garantir les moyens de subsistance aux populations vivant de l’agriculture et de la pêche et la participation de la femme rurale comme partie prenante à la Cop, parce qu’elle paye le lourd tribut du changement climatique.
    Aux négociateurs africains à la COP27, la société civile exige d’eux une définition claire des priorités du continent et le respect des droits humains.
    La société civile souligne que l’Afrique doit être privilégiée pour accéder aux fonds pour la promotion d’une économie verte susceptible de lutter contre la pauvreté. Les ONG fustigent l’inaction des parties prenantes à la Cop et s’interrogent sur l’opportunité d’un rendez-vous qui ne sert à rien.

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