Combien coûte un trajet à bord d’un taxi à Kinshasa ? Quel est le prix de la course ? Personne ne peut répondre avec exactitude à ces questions.
Depuis l’année dernière, les automobilistes ont décidé unilatéralement d’augmenter le prix de transport en commun. L’argument avancé, les embouteillages monstres occasionnés par la construction des sauts-de-moutons. Les taximen affirment que des bouchons constituent un manque à gagner. Pourtant, ces viaducs censés fluidifier la circulation, ne sont pas en érection sur toutes les artères de Kinshasa.
On compte à peine 7 sur toute la ville (Kinsuka, Socimat, Mandela, Assanef, Debonhomme, Bitabe et Pascal). C’est sur ces axes que l’argument des conducteurs devrait tenir. Or, ce n’est pas le cas. Car, la majoration du prix de la course, est observée partout.
Aujourd’hui, le Kinois paye le double, le triple, le quadruple voire le quintuple pour un trajet avec une incidence négative sur son portefeuille. La ligne Victoire-Boulevard-Gare centrale, par exemple, est fixée à 500 fc par l’Hôtel de ville. Mais, les taximen l’ont sectionnée en trois trajets : Victoire-Rond point Huileries, Rond point Huileries -Régideso et Régideso-Gare centrale. Au lieu de 500 fc, le client est contraint de débourser 1.500 fc.
Le trajet Kingasani-ISC-Fonction publique revient officiellement à 500 fc dans un taxi-bus. Cependant, il faut payer le quintuple pour le parcourir surtout pendant les heures de pointe (de 6 h à 9 h et de 16 h à 20 h). Cette situation d’anarchie est observée partout dans la ville malgré la présence ponctuelle de quelques agents de l’Etat qui tentent de recadrer les transporteurs. Dommage, cela n’est qu’un coup d’épée dans l’eau.
Le covid-19 a aggravé l’anarchie
Avec la pandemie du coronavirus, les autorités ont décidé de diminuer les nombres des passagers dans les taxis et taxi-bus pour limiter la propagation de la maladie surtout pendant la période du confinement. Cette décision a donné un autre argument aux chauffeurs qui déclaraient travailler à perte. C’est ainsi qu’ils ont revu le prix de la course à la hausse. Même si la ville de Kinshasa est déconfinée, aucun conducteur veut aujourd’hui baisser le prix de la course. On s’y accroche.
La loi de l’offre et de la demande
Dans une mégalopole comptant des millions d’habitants, il n’existe aucune société de transport en commun. Les sociétés de l’Etat (Transco et News Transkin) ne sont que l’ombre d’elles-mêmes. C’est pourquoi des particuliers font la loi. Les taximen justifient en outre leur comportement par les tracasseries dont ils sont victimes de la part de la police de circulation routière et autres agents de l’Etat.
Le chauffeur Bobo Monga que nous avons rencontré à Masina Pascal, raconte : “Les embouteillages ne sont pas seulement dus aux sauts-de-moutons. La forte présence des policiers dans plusieurs carrefours, constitue un problème. Là où ils sont moins nombreux ou absents, il n’y a pas d’embouteillages. Ce sont eux qui provoquent souvent des bouchons et créent des infractions pour rançonner les conducteurs au vu et au su de toutes les autorités. Observez ce qui se passe au Pont Gaby, Rond point Ngaba, à la 16ème Rue Limete, sur Victoire, Baypass, Bokasa, à Baramoto et partout”.
Bobo Monga explique également le bien-fondé pour les taximen, d’utiliser la pratique communément appelée “demi-terrain”. C’est une pratique des transporteurs qui consiste à sectionner le trajet en plusieurs étapes.
Gaby Kuba Bekanga