Le Direct
Radio

Élections, les personnes handicapées, les oubliées de Kadima (Michel Mulamba)

L’autorité électorale est sous le feu des critiques pour n’avoir pas pris en compte les besoins spécifiques des personnes handicapées. L’un des principaux problèmes soulevés par les concernés est la difficulté d’accès aux bureaux de vote.

Par Patrick Mputu

Michel Mulamba, coordonnateur de la Coalition des organisations des personnes handicapées (COPH). @Photo Ouragan.

publié le 12 janvier 2024 à 05:00:00

De nombreux électeurs handicapés ont signalé des obstacles physiques majeurs, tels que l’absence des rampes d’accès et des bulletins de vote en braille, des portes étroites et l’obligation de rester dans les files. Ces barrières ont non seulement entravé l’accès physique, mais surtout découragé beaucoup de citoyens engagés, comme l’a expliqué à notre micro, Michel Mulamba, coordonnateur de la Coalition des organisations des personnes handicapées (COPH).

De plus, a-t-il déploré, le manque d’un personnel de bureau de vote formé pour assister adéquatement ceux qui en avaient besoin, a été une source de frustration. Le défenseur des droits de personnes handicapées appelle à une réforme immédiate de la loi électorale pour que chaque citoyen, indépendamment de ses capacités physiques, puisse exercer son droit de vote de manière pleine et équitable.

Ouragan : En vue de l’inclusion électorale, la CENI vous avait associé pour prendre des solutions tendant à rendre facile l’accès dans des bureaux de vote, des personnes en situation de handicap. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

Michel Mulamba : Avant les élections, la Ceni s’est battue pour que le processus soit inclusif. Théoriquement c’était le cas mais pas dans la pratique, très difficile. Il y a deux volets à prendre en compte : les personnes handicapées comme électrices et comme candidates. En ce qui concerne les candidats en situation de handicap, le processus était accessible (leurs dossiers ont été validés). Par contre, des personnes handicapées comme électrices ont connu de sérieux problèmes d’accès dans des bureaux de vote érigés, la plupart, dans des écoles.

Alors, quels sont les principaux obstacles auxquels les personnes handicapées ont été confrontées lorsqu’elles se sont rendues dans des centres de vote ?

Je prends mon exemple, dans la commune de Ngaba nous avons les centres Ebenga, Saint Laurent et l’institut de Ngaba. Les salles de classe (bureaux de vote) sont telles que, des personnes en fauteuil roulant, ne pouvaient pas y accéder. C’était pratiquement impossible. Même moi qui fait usage des cannes (béquilles), certes je suis debout mais j’ai eu des difficultés énormes. Et pourtant, dans les préparatifs, la CENI nous avait promis de prévoir de rampes dans des établissements qui poseraient des difficultés d’accessibilité. Chose qui n’a pas été faite.

Vous estimez qu’il n’y avait pas de programmes de formation destinés au personnel de la CENI et aux services de sécurité pour appliquer la discrimination positive et une assistance adéquate aux électeurs handicapés ?

Partout dans des pays sérieux avec des gens civilisés, une personne handicapée ne fait pas la queue. Dommage, chez nous (nous le constatons aussi dans des banques), elles sont soumises à ce que fait tout le monde. Il y a ce qu’on appelle : la “discrimination positive” qui exige à ce que les personnes handicapées soient prioriser dans certaines circonstances. Malheureusement, même des policiers commis aux centres de vote n’ont pas suivi de formation.

Dans ce cas, le peu de personnes handicapées qui ont eu accès au vote, croyez-vous que la confidentialité et l’indépendance de leurs choix étaient préservées lorsqu’elles votaient ?

Pour les personnes handicapées qui se sont sacrifiées pour exprimer leurs droits de vote, cela dépend maintenant des catégories. Par exemple, les électeurs qui sont à mobilité réduite, leur vote est resté secret. Mais la catégorie des non-voyants (communément appelés aveugles), là c’était un peu compliqué parce que son guide peut aussi influencer son vote. Donc, si pour les non-voyants, ça pouvait peut-être coûter cher à la CENI, parce qu’il faut imprimer les bulletins de vote avec l’écriture braille, mais pour les autres catégories des personnes handicapées, c’est une question d’attention et de volonté.

Existe-t-il des méthodes palliatives pour résorber cette problématique d’inclusion dans le futur ?

Le problème avec nous les Congolais, lorsqu’on aborde le sujet sur le handicap, les gens font semblant. Et pourtant, c’est tellement simple qu’on peut faciliter les choses à des coûts réduits, mais l’attention est ailleurs. Je demande aux personnes handicapées de prendre leur avenir à bras-le-corps. C’est-à-dire de ne pas attendre qu’on fasse quoi que ce soit en leur faveur. Il faut qu’eux-mêmes se mobilisent pour sensibiliser l’ensemble de la population. Hélas, d’une manière générale, les Congolais ne s’intéressent vraiment pas aux questions liées au handicap. Souvent les personnes handicapées sont manipulées par des personnalités politiques parce qu’elles connaissent leurs faiblesses.

Pour étendre l’accessibilité aux méthodes de vote alternatif, est-ce que le numérique peut jouer un rôle crucial ?

Le numérique facilite la vie des personnes handicapées, les nouvelles technologies sont indispensables actuellement.

Un message aux autorités ?

La responsabilité du gouvernement, nous venons de quelque part et nous avançons. Mais nous devons faire un effort pour que nous soyons réellement un pays où l’inclusion des personnes handicapées devient une réalité. Une société qui ne prend pas en compte les faibles, ne pourra jamais se développer.

Propos recueillis par Patrick Mputu

Nos tags

Élection
Ceni
Politique
GUERRE
Agression
Culture
Économie

Lors de la cérémonie de prestation de serment jeudi à Kinshasa, les inspecteurs des finances ont pris l’engagement de travailler avec dévouement, loyauté et intégrité pour la nation congolaise.


Mines

Des avocats mandatés par Kinshasa affirment, dans une mise en demeure, que la firme américaine utilise des minerais “importés par contrebande” au Rwanda.

Taux de change

DeviseCDF
1 Dollar Usa2,765.00 CDF
1 Euro2,944.45 CDF
1 Yuan381.95 CDF
1 FCFA4,52214 CDF

Appel d'offres

Attribution du marché : Acquisition et livraison de 25.000 téléphones mobiles “portables”


offres d'emploi

logo

2022© Ouragan.cd Tous droits réservés.

Ouragan cd




2022© Ouragan.cd Tous droits réservés.