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Nathalie Yoka : “nous sollicitons l’appui de l’État pour mieux sensibiliser sur les VBG”

La RDC vit une crise de violences basées sur le genre sans précédent. Le nuisible acte a transformé le corps des femmes et des filles en champ de bataille. Pour obtenir des informations sur les actions des militants de la société civile qui luttent contre ce fléau, la rédaction d’Ouragan a rencontré Madame Nathalie Yoka, chargée des programmes au réseau Genre et droits des femmes (GEDROFE).

Mme Nathalie Yoka, chargée des programmes au réseau Genre et droits des femmes (GEDROFE). @ Photo Ouragan.

publié le 10 novembre 2023 à 01:47:00

Figure tutélaire de lutte contre les violences basées sur le genre, Yoka a sollicité auprès des autorités étatiques un appui financier et logistique pour permettre aux différentes organisations de la société civile, de sensibiliser la population jusque dans les coins les plus reculés du pays, sur les innovations apportées par les deux ordonnances-lois du 11 septembre 2023. Les textes modifient et complètent le Code pénal congolais notamment sur l’intimidation et la stigmatisation basées sur le genre ainsi que les violences basées sur le genre à travers les réseaux de communication et d’information.

Ouragan : Madame, est-ce que vous pouvez nous dire les objectifs de votre structure ?

Nathalie Yoka : D’abord, je suis la chargée des programmes au réseau Genre et droits des femmes (GEDROFE). Ici, nous luttons pour la santé de la reproduction qui inclut les violences basées sur le genre. Nous évoluons dans les secteurs de la justice, de la paix, de la consolidation de la paix, de la bonne gouvernance et nous avons aussi un grand regard porté sur la participation politique des femmes.

En parlant des violences basées sur le genre, quelles sont les actions que vous avez déjà entreprises au sein de votre organisation ?

GEDROFE a entrepris beaucoup d’actions évidemment grâce aux différents projets qu’il est en train de mettre en œuvre. Aussi, je voudrais rappeler que GEDROFE, c’est une organisation, c’est un réseau plutôt qui regroupe plusieurs organisations en son sein, un réseau qui est pratiquement sur toute l’étendue de la RDC. Donc, nous avons déjà entrepris plusieurs actions concernant la lutte contre les VBG, nous avons déjà travaillé sur les deux lois qui venaient d’être promulguées par le chef de l’État, les deux ordonnances-lois qui viennent compléter le Code de procédure pénale et le Code pénal, mais aussi GEDROFE travaille avec les cliniques juridiques. Donc, nous accompagnons chaque jour, des femmes qui ont été violentées, qui ont subi des violences physiques, des violences psychologiques, des viols au niveau de leur foyer. Des enfants qui ont été violés, nous les accompagnons chaque jour. Nous menons également des actions auprès du gouvernement pour qu’il y ait changement des normes. İl y a des normes dans notre pays, vous le savez très bien, rétrogrades qui avilissent la femme. Au fait, on vous dit que la femme ne doit pas parler devant les hommes, la femme à l’arbre à palabre ne dit rien. Et pourtant quand l’homme se trouve à l’arbre à palabre et qu’il n’a pas de solutions, il revient vers la femme le soir pour avoir des conseils. Et quand il va dérouler les conseils qu’il eut la nuit, il ne va pas dire que c’est ma femme. Voilà, donc nous travaillons sur toutes ces questions-là, comme je venais de le dire, nous accompagnons vraiment les femmes par rapport à cette question de violence basée sur le genre. C’est vrai qu’avant, nous travaillions seulement sur les violences sexuelles, mais les violences sexuelles ne sont qu’une partie des violences basées sur le genre parce qu’actuellement, il y a des femmes qui, une fois, vous la rencontrez, ont des problèmes psychologiques, ont des problèmes émotionnels et physiques. Tout justement parce qu’elles ont été violentées soit par son mari ou soit par un quelconque bourreau.

Justement, en parlant de sensibilisation, quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés dans votre travail sur le terrain ?

Dans notre travail de sensibilisation, les principaux défis d’abord, c’est la population elle-même. Je prends un cas, une fille de 17 ans qui est violée, la population vous dira qu’elle est consciente, que c’est elle-même qui a provoqué cela, mais nous savons tous que la loi portant protection de l’enfant et même la Constitution nous dit que l’enfant, c’est moins de 18 ans. Mais, on vous dira que non une grande fille comme ça, jolie et tout, elle a conscience de ce qu’elle fait. Donc, c’est d’abord la population parce qu’elle est sous informée, mal informée et ne veut pas s’informer. Je me pose la question s’il y a combien de personnes qui connaissent ces deux lois qui viennent d’être signées par le président de la République. Il n’y en a presque pas. Également, il y a un autre défi qui est celui de nos coutumes, je venais de vous le dire, nous avons tellement des coutumes rétrogrades, stéréotypes, qui ne nous permettent pas d’avoir le résultat escompté. Dans le milieu urbain, ça va encore, mais dans les milieux les plus reculés ou les milieux ruraux, c’est très difficile.

Puisque là vous parlez de la collaboration entre la société civile et le gouvernement. Qu’est-ce que l’État doit apporter dans votre lutte pour éradiquer ce fléau ?

C’est vrai que le gouvernement nous écoute aussi. D’ailleurs, les deux lois émanent de la société civile, mais je crois qu’il faudrait renforcer cette collaboration du point de vue budget, surtout en ce qui concerne les sensibilisations. Les gouvernements central et provincial, à eux seuls, ne peuvent pas tout faire, c’est pour cela que la société civile est toujours appelée le bras de l’exécutif. C’est ainsi que nous faisons aussi des sensibilisations bien que ce n’est pas notre devoir direct, mais on le fait pour l’aider. Et là, je demanderai qu’il y ait juste un appui financier et logistique pour nous permettre d’aller jusque dans les coins les plus reculés. Je prends l’exemple de Kinshasa, si le gouverneur Ngobila prenait au moins la peine d’appuyer financièrement ne fût-ce que les organisations qui sont dans sa ville et que celles-ci descendent sur le terrain juste pour vulgariser ces deux lois, on serait déjà loin. Parce que ce qui m’a le plus touchée, je prends un exemple : il y a un paragraphe où on parle du voyoutisme. Vous voyez comment est-ce qu’on vit à Kinshasa, comment est-ce que les gens s’insultent, les gens ont une méfiance des autres, le traitement même de la personne humaine, s’inscrit dans la loi, mais personne ne le sait. Nous qui avons eu de la chance de travailler sur cette loi avec d’autres organisations, il est maintenant important que nous puissions vulgariser cela d’abord, auprès des partenaires, ensuite, auprès des bourgmestres et ceux-ci vont le faire auprès des chefs de quartiers et ça descend (les chefs des rues et des maisons) pour que la sensibilisation atteigne même la femme là qui est juste au coin en train de vendre ses arachides. La collaboration que nous demandons n’est pas si immense que ça.

Avez-vous un message particulier à adresser à la population ?

À la population, je dirai qu’il est important d’être informée et de s’informer, nul n’est censé ignorer la loi. Donc, les deux lois sont sur internet pour ceux qui veulent bien les consulter. Les violences basées sur le genre doivent être bannies non seulement dans nos maisons, dans nos rues, mais également où nous nous retrouvons parce que les personnes qui en souffrent le plus sont les femmes et les enfants.

Propos recueillis par Patrick Mputu

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