L’heure n’est pas au long discours, mais c’est plutôt l’appui de tous que sollicite Jean-Pierre Bemba Gombo à son staff afin qu’avec l’état-major général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), ils assurent l’intégrité territoriale de notre pays, restaurent l’autorité de l’Etat et essuient “cette humiliation”, a-t-il déclaré dans ses tout premiers mots en tant que ministre du secteur.

Devant les officiers généraux et supérieurs des Forces armées, Bemba a témoigné toute sa gratitude à Félix Tshisekedi, chef de l’Etat et commandant suprême des FARDC qui a bien voulu placer sa confiance en sa personne pour cette fonction stratégique de vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale et anciens combattants et qui, par la même occasion, a nommé son prédécesseur Gilbert Kabanda, ministre de la Recherche scientifique et innovations technologiques. Sa reconnaissance, Bemba l’étend au Premier ministre, chef du gouvernement, Jean-Michel Sama Lukonde à qui il a réitéré sa considération. “Je suis conscient que beaucoup d’actions ont été réalisées bien qu’il en reste autant à accomplir pour la montée en puissance de nos Forces armées. Je sais également que beaucoup de défis restent à relever”, a protocolairement mentionné Jean-Pierre Bemba. Le nouveau patron de la Défense est conscient qu’il s’est installé en République démocratique du Congo depuis près d’un demi-siècle une culture d’antivaleurs et d’immoralité publique qui mine le développement socio-économique du pays en général et des FARDC en particulier. Il a promis d’en faire son cheval de bataille.

Bemba beaucoup trop prudent ?

L’ancien commandant en chef du Mouvement de libération du Congo (MLC) devenu parti politique est un ancien chef de guerre qui sait où il met son pied. L’Ordonnance n° 20/017 du 27 mars 2020 fixant les attributions des ministères, prévoit que le ministre assure la défense de l’intégrité du territoire national ; l’organisation et structuration des Forces armées ; la conception, l’exécution et le suivi du mécanisme d’intégration et de formation de l’armée nationale ; l’administration et l’approvisionnement des Forces armées ; la surveillance terrestre, fluviale, lacustre, maritime et aérienne du territoire national ; la poursuite et le parachèvement du processus de démobilisation des combattants ; la conception, la préparation et l’exécution de toutes les opérations relatives à la démobilisation des militaires, des enfants soldats, des ex-combattants et des groupes vulnérables non intégrés des Forces armées en vue de leur réinsertion sociale et l’accompagnement des démobilisés dans la vie civile afin de leur assurer une réinsertion réussie ; sans exclure la supervision des activités relatives aux anciens combattants. Le chantier est vaste, lourd et délicat. Jean-Pierre Bemba Gombo doit s’attendre aux critiques positives et même aux attaques personnelles étant donné que le domaine sous sa supervision touche à la vie et à la survie de toute une nation.

Bemba est attendu au front

La brouille sécuritaire qui maintient la République démocratique du Congo dans l’instabilité actuellement est l’œuvre du Rwanda et de l’Ouganda principalement. Bemba optera-t-il pour l’épreuve des armes ou va-t-il recourir à ses anciennes adresses de contact dans les pays agresseurs pour calmer le jeu ? Avec la prise de Mweso mercredi dernier par les terroristes du M23, le Rwanda étend l’espace confisqué à la RDC et s’y solidifie. Il reste à savoir comment Bemba va collaborer avec les forces armées de l’EAC. Des troupes déployées sans contrôle sur le territoire congolais et qui, une fois sur place, changent de discours s’estimant venues s’éterniser dans un pays souverain. L’autre paire de manches, c’est la présence quasi éternelle de la Monusco dans l’est de la RDC. Les populations locales n’en veulent plus. Cette Monusco est régulièrement conspuée sans jamais s’aviser de quitter le territoire. Depuis quelques jours, l’on assiste à des manœuvres coupables des forces armées ougandaises feignant de chercher à occuper le terrain menteusement dégarni par le M23. Une comédie de Yoweri Kaguta Museveni pour amuser la galerie. Étant donné que Bunagana est occupé à la fois par l’armée rwandaise que celle de l’Ouganda. Plus au nord, dans les territoires de Lubero et Beni, les terroristes ADF ougandais continuent de faire la loi. Ils égorgent, fusillent et massacres en toute impunité. Plus loin dans l’Ituri, la situation est dramatique. Des hommes, des femmes et des enfants sont tués à la Machete au jour le jour.