Matinée inhabituelle ce lundi 13 février dans la ville de Mbuji-Mayi au Kasaï oriental au centre du pays. En lieu et place des allers-retours de taxis-motos, ce sont plutôt des vagues de personnes à pied, montant et descendant à travers les artères de la ville. Pour cause, la grève déclenchée par les conducteurs de taxis-motos pour protester contre la taxe spéciale conventionnelle de construction, dénommée « JETON », instaurée par le gouvernement provincial.
Grève des motocyclistes à Mbuji-Mayi @Photo Ouragan.cd.
Le mouvement pro-démocratie “Lutte pour le changement (Lucha/section du Kasaï oriental)” a condamné la brutalité policière. Les conducteurs qui ont érigé des barrières sur quelques artères de la ville ont été violentés par les forces de l’ordre.
Son coordonnateur, Nicolas Mbiya accuse le gouverneur de province, Patrick Kabeya, d’être le seul responsable de cette situation. Cette grève des motocyclistes rappelle que face à une crise, l’État n’a pas que la force comme moyen de se faire obéir. “Il doit aussi et avant tout recourir au dialogue sincère et à la vulgarisation (éducation)”, a-t-il suggéré. Le gouverneur Mathias fait preuve d’une brutalité et d’une précipitation inouïes, mais aussi il piétine intentionnellement les lois. Le fait d’emprisonner une quinzaine de motards alors qu’en principe, ils sont censés payer l’amende, souligne non seulement une déviance autoritaire, mais constitue une violation des droits humains extrêmement inadmissible dans un État de droit. “Il est encore grand temps de se ressaisir”, a déclaré Nicolas Mbiya à Ouragan.cd, réaffirmant sa solidarité aux motocyclistes.
Cette taxe conventionnelle divise même au sein du gouvernement provincial. Il y a plusieurs sons discordants. Le ministre provincial en charge de la Justice, transports et droits humains, Yves Mwamba Kadima s’est opposé fermement au paiement de cette taxe qu’il juge d’ailleurs d’illégale. Devant la presse, il n’a pas ménagé le chef exécutif provincial. En représailles, Mwamba s’est vu aussitôt retirer certaines de ses responsabilités. Dans un arrêté, le chef de l’exécutif provincial lui a retiré les charges relatives à la justice et au transport ne lui laissant que les droits humains.
Dans la ville haute, le cabinet de Kabeya Matshi Abidi est accusé d’être à la base de cette situation qui perturbe déjà l’ordre public. Pour l’instant, la police patrouille sur l’ensemble de la ville et aucun taxi-moto n’est visible sur les artères de la ville.