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Notification sur les armes, le veto inexpliqué de l’allié Washington

Alors que Kinshasa vante les États-Unis pour avoir ouvertement condamné le Rwanda dans son soutien au M23, c’est toujours Washington qui s’est, contre toute attente, opposé au retrait du régime de notification pour l’acquisition des armes par la République démocratique du Congo vendredi lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la situation sécuritaire dans l’Est congolais.

Joe Biden, le président américain dont le pays a soutenu au Conseil de sécurité le maintien de la notification pour l’achat d’armes par la RDC @Photo Droits tiers.

publié le 13 décembre 2022 à 07:08:00

Un véritable camouflet pour la diplomatie congolaise. Même sans le crier sur le toit, Kinshasa a affiché sa frustration de voir l’allié privilégié refuser la levée du régime de notification qui impose à la RDC d’obtenir chaque fois le quitus du Comité des sanctions de l’ONU pour tout achat d’armes. La notification est un blocage réel. Il empêche le pays de se ravitailler en armes et donc de se défendre face à la cobelligérance du Rwanda, explique un général congolais à la retraite. Du point de vue de l’administration Biden, la notification n’empêche pas le Congo-Kinshasa d’acheter des armes. A haute voix, les États-Unis pensent que “les mesures actuelles ne bloquent nullement la RDC d’obtenir les équipements nécessaires à sa défense”. Mais alors si tel est le cas pourquoi on n’imposerait pas aussi au Rwanda et à l’Ouganda, les deux pays dont les troupes soutiennent le M23, auteur d’ailleurs de nombreux massacres contre les populations civiles, les mêmes conditions. L’attitude de l’allié privilégié interroge plus d’un observateur averti. Il apparaît comme un refus poli dans un contexte où le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres reconnaît solennellement que le M23 est hyper équipé plus que même l’armée congolaise et les forces de la Monusco. En diplomatie, le message est passé. Un vrai partenaire ne maintient pas son allié dans une situation de fragilité.

Washington qui a dépensé plus de 19 milliards de dollars pour soutenir l’Ukraine qui subit l’agression russe, ne permettrait jamais une quelconque notification qui limiterait Kiev à renforcer ses capacités de défense. Cette politique de deux poids, deux mesures indigne les Congolais. Dans ces conditions, il sera difficile à l’armée congolaise de combattre à armes égales avec ses ennemis. Pourtant, elle est la seule constitutionnellement chargée de sécuriser les Congolais et de protéger l’intégrité du territoire national.

Un expert militaire congolais s’interroge si la position de Washington ne serait pas une manière de laisser le Congo à la merci des armées de la région qui viendraient remplir ses prérogatives constitutionnelles.

Il est aberrant, ajoute l’internationaliste Kakule Alain, sans véritables moyens de défense, de penser que Kinshasa à qui on demande de prendre ses responsabilités pour neutraliser les groupes armés, va, par un coup de bâton magique, réussir ce difficile pari. “Dans cet état de chose, il est impossible de voir le Congo sortir la tête de l’eau”, a déchanté à New York un diplomate congolais qui n’a pas hésité de crier au scandale et au complot. Pour lui, le maintien du régime de notification signifie affaiblir davantage la RDC et permettre au Rwanda de poursuivre les massacres et les pillages. Les images des enfants tués, abandonnés et malnutris n’émeuvent pas les capitales occidentales. Seule l’armée congolaise peut éviter à la population un tel désastre. Cette situation voulue et entretenue dénote de la stratégie du Rwanda enclin à l’économie de la contrebande et ses réseaux à l’international, d’empêcher l’armée congolaise de monter en puissance. L’objectif, c’est de garder le géant Congo à terre pour pérenniser le pillage systématique de ses richesses. Dans ce capharnaüm, dit un diplomate africain, on gagne dix fois mieux que dans un État ordonné où il y a des règles qui fixent certaines limitations.

Les Russes et Chinois ont plaidé pour la levée de la notification

Au cours de cette réunion, seules la Russie et la Chine ont plaidé pour la levée de la notification. Moscou et Pékin ont insisté sur le fait que le Congo-Kinshasa devait disposer de tous les moyens pour protéger ses frontières. Aux yeux du diplomate chinois qui a pris clairement la défense de la RDC, il est illogique de maintenir la notification au moment où ce pays fait face à une guerre dévastatrice dans sa partie orientale. D’ailleurs, la Chine s’est appuyée sur plusieurs sources dont la Monusco pour faire constater que le M23 détient des armes plus sophistiquées que l’armée congolaise. Devant cette réalité de terrain, l’ambassadeur de “l’Empire du Milieu” a appelé à la levée du régime de notification pour permettre à la RDC de se procurer des armes pour se défendre.

Même argument relayé par la Russie qui a aussi recommandé la fin du régime de la notification. “Nous sommes également favorables à rectifier rapidement le régime des sanctions visant le gouvernement congolais dans l’objectif de permettre à son secteur de sécurité de se renforcer”, a déclaré le représentant russe au Conseil de sécurité, après s’être alarmé de la dégradation de la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Mais face au refus américain, la résolution n’est pas passée. Conséquence, la notification reste. Tout achat d’armes par la RDC doit être approuvé préalablement par le Comité des sanctions de l’ONU. Entre-temps, le Rwanda, l’Ouganda comme beaucoup d’autres pays de la région ne sont soumis à aucune conditionnalité en matière d’achat d’armes. La délégation congolaise a quitté la salle la mort dans l’âme. Le temps est venu pour examiner la sincérité des pays appelés “amis”, a maugrée un expert congolais rompu des questions internationales. Un vrai allié ne peut pas adopter une position qui met en difficulté son partenaire. Les leçons doivent être tirées, dit-il. Et d’ajouter que le pouvoir de Kinshasa doit bien regarder désormais où placer son pied avant de s’engager dans un quelconque deal.

La semaine dernière, un député européen de nationalité belge, Marc Botenga, avait appelé l’Union européenne à cesser son hypocrisie face au drame congolais et à sanctionner sévèrement le Rwanda qui entretient le chaos dans cette région.

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