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Exclusif : Les performances budgétaires englouties par l’enrichissement illicite (ODEP)

Alors qu’il était reproché jusqu’ici au seul cabinet de Félix Tshisekedi d’immenses dépassements budgétaires dans sa gestion des finances publiques, l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) constate que le cancer a gagné quasiment tous les secteurs, y compris celui de l’Enseignement supérieur et universitaire. Tenez, l’Institut pédagogique national (UPN) à lui seul, a atteint jusqu’à 3.000% de dépassements budgétaires. C’est le cas également de l’Université de Kinshasa (Unikin) qui est allée au-delà de 5.000%. Des dépassements chroniques qui s’observent, par effet, de contagion dans la plupart des ministères du gouvernement Sama Lukonde Kyenge. L’ODEP qui tire, une fois de plus, la sonnette d’alarme, conclut qu’il s’agit d’un problème de culture de gestion chez les politiciens congolais et autres gestionnaires. La plupart d’entre eux, au lieu de servir le peuple, préfèrent s’enrichir au détriment des plus démunis.

publié le 4 novembre 2022 à 08:07:51

Alors qu’il était reproché jusqu’ici au seul cabinet de Félix Tshisekedi d’immenses dépassements budgétaires dans sa gestion des finances publiques, l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) constate que le cancer a gagné quasiment tous les secteurs, y compris celui de l’enseignement supérieur et universitaire. Tenez, rien que l’Institut pédagogique national (UPN) à elle seule, a atteint jusqu’à 3.000% de dépassements budgétaires. C’est le cas également de l’Université de Kinshasa (Unikin) qui est allée au-delà de 5.000%. Des dépassements chroniques qui s’observent, par effet, de contagion dans la plupart des ministères du gouvernement Sama Lukonde Kyenge. L’ODEP qui tire une fois de plus la sonnette d’alarme, conclut qu’il s’agit d’un problème de culture de gestion chez les politiciens congolais et autres gestionnaires. La plupart d’entre eux, au lieu de servir le peuple, préfèrent s’enrichir au détriment des plus démunis. D’autre part, l’ODEP trouve scandaleux que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) navigue à vue, dans une indiscipline budgétaire insoutenable. Si l’administration de Corneille Nangaa n’a subi aucun audit sur sa gestion, celle de Denis Kadima se soustrait également de toute possibilité de contrôle de ses finances. Ce que dénonce le président du Conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), Florimond Muteba dans une interview exclusive accordée à Ouragan.cd.

Mr Florimond Muteba, vous êtes le président du Conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP). Vous avez sans doute suivi le débat à l’Assemblée nationale, sur la reddition des comptes de l’exercice budgétaire 2021 avec son lot de projets financés mais sans réalisation, notamment la route Nzolana dans la périphérie de la capitale. N’est-ce pas des pratiques du régime d’antan qui ont fait des émules ?

Fl Muteba : Nous l’avons dénoncé à plusieurs reprises. Rappelez-vous qu’en janvier de cette année, nous avons publié notre rapport. Puisque le présent rapport est officiel, celui que la Cour des comptes rend public. Mais l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) avait publié un rapport en janvier sur la gestion et l’exécution de la loi des finances 2021, de janvier à septembre. Et notre conclusion était malheureusement que le changement de régime ne change pas grand-chose à la mauvaise gestion des finances publiques. Vraiment, pas grand-chose. Vous savez qu’il n’y a pas que le projet dont vous parlez, il y en a beaucoup comme ça où vous voyez par exemple pour des projets de différents ministères, vous êtes au-delà de plus de deux mille et quelques dépassements budgétaires. Effectivement, comme le disait le député Nsingi, des projets non réalisés, des projets qui ont été financés deux ou trois fois, c’est malheureusement cela que nous vivons. Pour arriver par exemple à l’indiscipline budgétaire, la contagion dans les dépassements budgétaires est devenue une culture. La contagion est totale. Nous avons recommandé hier aux plus hauts responsables de l’État de faire un effort pour mettre fin à ce fléau. Puisqu’il s’agit bel et bien d’un fléau. Pourquoi ? Parce que vous verrez que lorsqu’on constate que pratiquement toutes les institutions sont en dépassement budgétaire, on peut en même temps aussi constater que quelques ministères, d’ailleurs peut être pas plus de six, sont en dépassement budgétaire. Ce n’est pas le lieu ici de citer chacun, mais pendant ce temps là, la sous-consommation des crédits est généralisée par rapport aux secteurs pro pauvres comme l’agriculture avec pratiquement 28% de ses consommations des crédits, comme la santé, l’éducation, les affaires sociales etc. Tous ces secteurs là sont en sous consommation de crédit, tout simplement parce que ceux qui ont plus d’influence politique ont tout pris, y compris même ce qui devait aller au secteur pro-pauvres. C’est dommage. Il faudra que ça change. Mais comment? C’est ça le problème. Parce que bien sûr les contrôles sont là, mais je crois que c’est fondamentalement dans l’homme, dans le dirigeant, la classe politique où il y a peu de patriotisme, beaucoup de cupidité, beaucoup d’égoïsme. Et donc, probablement, il faut tout simplement changer la classe politique, tout simplement.

Vos collègues de REGED, a-t-on appris, soutiennent pourtant que le gouvernement a sensiblement amélioré sa cotation par rapport à l’Indice OBI, sur la transparence budgétaire ?

Fl Muteba : Mais oui, c’est[1]à-dire que ces résultats là ne sont pas des résultats dus à cette année. C’est toute une histoire de combat, un combat qui a été mené par le REGED, par l’ODEP et par toutes ces organisations. Nous avons lutté pour ça depuis très longtemps pour influencer, par exemple, que nous ayons un site internet au ministère du Budget. Ce site est un signe déjà de transparence, n’est[1]ce pas ? Que les documents budgétaires soient publiés dans le délai, le processus budgétaire s’améliore, n’est-ce pas ? Et tout cela ne peut qu’aider à améliorer aussi notre indice et donc, obéir à la transparence budgétaire. Que faut-il dire ? On est content, parce qu’il ne s’agit pas seulement d’une réussite du gouvernement, c’est aussi le résultat d’un combat, d’une pression menée par la société civile durant des années qui a abouti à cela. Donc, nous ne pouvons que nous féliciter nous tous : société civile et gouvernement de la République d’avoir obtenu ce résultat ensemble.

CENI business, encore une métaphore très acerbe signée ODEP. Il y a peu, vous souteniez que plus de 67 millions de dollars destinés à la centrale électorale auraient pris des méandres, alors qu’aux Finances, l’on soutient que la CENI aurait déjà perçu près d’un demi-milliard de dollars pour les opérations électorales. D’après vous, la gestion de Denis Kadima doit être auditée ?

Fl Muteba : On parle de la « CENI business ». Oui, que donc, lorsque nous avions sorti cette métaphore, il y avait effectivement ce problème de 67 millions de dollars destinés à la centrale électorale et dont on ne retrouvait pas la traçabilité. Aujourd’hui, comme vous dites, ils sont presque à la moitié des prévisions, donc presque à un demi-milliard de dollars. Mais encore une fois, notre inquiétude demeure. Est-ce que les besoins exprimés lorsqu’on atteint 1/2 milliard de dollars, ont été tracés. Ça veut dire qu’on est déjà dans un grand dépassement budgétaire, parce que ce qui était prévu dans le budget 2022, c’est 250 millions de dollars. Aujourd’hui si l’on est déjà à ce niveau-là, c’est qu’on est dans un dépassement. Le problème de la CENI commence d’abord par l’évaluation des besoins réels de l’institution. Nous avions demandé lors de notre sortie qui a parlé d’élections business, à ce moment-là, nous avions souhaité que déjà, au niveau de l’évaluation des besoins de la CENI, que le contrôle s’y mêle déjà pour les aider à évaluer. Parce que la manière dont ils évaluent leurs besoins et quand nous regardons aujourd’hui l’état des lieux de la CENI qui n’a pas été fait pour savoir qu’est-ce qu’il y a encore comme équipements qu’on peut récupérer etc. Nous constatons qu’on continue à dresser des états de besoin. Et il y a beaucoup de chance qu’à la fin de l’année 2023, on arrive à un milliard et au[1]delà. Vous comprenez qu’un milliard et au-delà, ça veut dire qu’on va toujours ignorer les véritables besoins de la population, les fondamentaux de la population. Et donc nous avions dit qu’ils devraient être aidés dans l’évaluation des besoins, pour qu’ils évaluent de manière réaliste et raisonnable les besoins de la centrale électorale. Et qu’ensuite, qu’ils soient accompagnés dans l’exécution de ces moyens-là. Y compris d’abord pour la sortie de ces fonds-là, qu’on observe la procédure en passant par la chaîne de la dépense pour qu’on puisse en ce moment-là, si vraiment il faut aller au-delà de 250 millions ou qu’on arrive à 1/2 milliard ou plus, qu’il y ait un collectif budgétaire. Donc encore une fois, 250 millions de plus sont des dépenses en dehors de la loi de finances. Et c’est une faute de procéder comme ça. Donc la CENI reste une grande préoccupation pour nous. Et on va aller vers beaucoup de moyens. Or, encore une fois, le contrôle concomitant devait être fait. La Cour des comptes devrait accompagner la CENI dans le contrôle comme aussi l’Inspection générale des finances (IGF). Les deux ensemble devraient accompagner la CENI, même au niveau déjà de la préparation des besoins, l’évaluation des besoins, l’entrée dans la chaîne de la dépense jusqu’à ce que les moyens soient disponibles et accompagnés aussi dans l’exécution du plan de passation des marchés pour que les procédures de passation des marchés soient nettement respectées, exécutées et accompagner la CENI jusqu’à la fin du cycle dans les dépenses et contrôler toutes les étapes. Ça, ça doit être fait. Si on ne le fait pas, on retombe dans les erreurs du passé. On retombe dans une CENI à la Nangaa qui n’a jamais été contrôlée, qui n’a jamais été auditée et donc c’est encore une fois des milliards qui vont être dépensés dans un désordre, un dysfonctionnement total. Auditer veut dire, auditer le processus de financement de la CENI. Oui, absolument, il faut le faire, il faut les accompagner absolument avec un contrôle strict pour éviter le gaspillage des fonds de l’État lesquels nous sacrifions pour les élections mais qui, s’ils ne sont pas encadrés, sont une perte pour le peuple qui a besoin de la nourriture, des hôpitaux, des écoles et ainsi de suite.

Selon le rapport 2021 de la DGDP ex-OGEDEP, la dette de l’État pour les marchés publics a explosé. La dette des travaux publics et génie civil passe de 143,44 millions USD à 187, 45 millions, celle des marchés des fournitures de 286,22 millions USD à 363,73 millions USD. Les dettes des marchés des services et loyers ont également augmenté de 184,27 millions USD en 2020 à 232,37 millions USD. C’est le pire que l’on connaisse tout de même ?

Fl Muteba : Oui, je pense que le « dossier dette » doit être également contrôlé de près ou audité par l’IGF ou la Cour des comptes. Vous vous rappelez déjà que quand nous avions parlé de la dette commerciale, elle avait déjà explosé au mois de juin de 50 millions, on avait déjà payé plus de 100 millions de dollars et en ce moment-là, nous avions interpellé le ministère des Finances par rapport à ça pour qu’on arrête. Mais aujourd’hui comme vous dites, les dettes des travaux publics, de génie civil, des marchés des fournitures, des marchés de services et loyers ont explosé. Maintenant, il faudra savoir si ce sont des dettes réelles. D’où, l’importance de l’audit. Il faut auditer ces dettes pour savoir quel est le soubassement de chacune d’elles. Et s’interroger pourquoi ces dettes ne sont pas payées lorsque nous voyons l’explosion des dépassements budgétaires à gauche et à droite. Pourquoi ces dettes ne sont pas payées ? Est-ce qu’elles n’ont pas été programmées pour être payées en 2021, est-ce que leur paiement est programmé. Il faut donc examiner le budget. Mais avant leur paiement, chacune d’elles doit être examinée. D’où, la nécessité d’un audit de cette dette, de la dette de l’État pour les marchés publics. Il faut que ça soit audité pour savoir si ce sont des dettes réelles. Et si elles le sont, qu’on voie si la fourniture des services des travaux est réelle. En ce moment là, on confirme que ces dettes là sont des dettes authentiques, réelles et on plaide pour leur paiement. Mais avant cela, il y a un travail de contrôle à effectuer. Chacune de ces dettes avec son soubassement, son dossier, son contrat et la manière dont il a été exécuté, la réception des travaux. Il faut examiner cela dans les moindres détails. Quel a été le processus déjà de la passation des marchés ? Comment a-t-il été exécuté… Je pense qu’on peut même y associer l’Autorité de régulation des marchés publics qui a cette mission d’audit en aval des contrats qui ont suivi la voie normale par l’obtention de l’avis de non objection de la Direction générale du contrôle des marchés publics. Donc, je dis encore une fois contrôle, contrôle et contrôle. Audit, audit, audit ! C’est clair. Pour qu’on y voit clair. Parce que c’est l’argent du peuple, c’est l’argent de l’État, donc l’argent du contribuable congolais qui ne peut pas être gaspillé comme ça. Toujours dans les marchés de gré à gré, dans le clientélisme, dans la gabegie, le vol, la corruption.

Et comment parler de bonne gouvernance quand l’État se fait pratiquement condamner à chaque procès. La DGDP rapporte que des condamnations judiciaires et indemnisations diverses au détriment de l’État sont passées de 536,2 millions USD en 2020 à 817, 49millions USD en 2021. D’aucuns soupçonnent des opérations-retour. Qu’en dites vous ?

Fl Muteba : Il y a une très grande légèreté dans la manière dont les tractations, les conventions et les contrats sont passés entre l’État et des structures privées nationales ou internationales. Il y beaucoup de légèreté. Il y a trop de cupidité. La culture de l’homme public congolais, c’est qu’il vient en politique, il entre dans la gestion de l’État avec une seule intention, c’est de s’enrichir. Comprenez que dès le départ, il vient pour faire des affaires, il ne vient pas pour qu’avec le peu de moyens qu’on met à sa disposition, qu’il réussisse un projet politique. Il y a tellement de scandales, tellement que je ne les citerai pas ici dans cette interview. Regardez par exemple le cas du programme des 100 jours. Le programme des 100 jours a été fait pourquoi ? Est-ce vraiment pour développer le Congo? Si c’est le cas, où sont les maisons des militaires ? Quand vous voyez les sauts de-mouton, comparez cela à ce qui a été construit au Sénégal par exemple ou ailleurs, la qualité des sauts-de-mouton pose problème. Voyez les petites constructions minables que l’on nous a faites ici et pour lesquelles on a dépensé pas mal d’argent. Et l’affaire des 100 jours avec Monsieur Jammal de Samibo et Monsieur Kamerhe. Comment a-t-on perdu 51 millions de dollars jusqu’aujourd’hui, on ne voit pas les maisons des militaires, on ne voit rien de proportionnel au budget alloué. C’est dans cette légèreté-là aussi qu’on conclut d’autres contrats qui finalement se terminent par des litiges et ces litiges, vrais ou faux, profitent aux hommes publics, aux hauts fonctionnaires qui sont à la base de la signature de ces contrats[1]là. Donc, on ne peut pas parler de bonne gouvernance dans ces conditions. Quand c’est comme ça, les indemnisations diverses au détriment de l’État grimpent. De cette manière, il n’y a pas de bonne gouvernance. Parce qu’on doit éviter les gaspillages. Vous voyez que même lorsqu’on nous dit qu’il y aura douze milliards et demi de recettes qui vont rentrer dans les caisses du trésor. C’est très appréciable. Mais si c’est douze milliards doivent entrer et que ci et là, l’on observe des dépassements budgétaires enregistrés à hauteur de 300% et 500%, ça sera toujours déplorable. Quand vous regardez par exemple les dépassements budgétaires dans les institutions d’enseignement supérieur, une institution comme l’UPN, c’est 8 mille et quelques pour cent. La plupart sont dans les 3.000% (l’UNIKIN etc) pour ne parler que des budgets annexes. Mais le budget lui-même, le nombre de dépassements qu’il y a, c’est une contagion, c’est vraiment la Covid-19 au sein de l’administration de l’État. C’est une gestion Covid-19 où la contagion dans la gabegie financière, bref, l’indiscipline budgétaire est totale. Hier on déplorait seulement à la présidence, et à l’époque on demandait au président de la République d’être le modèle pour ne pas être suivi par les autres. Aujourd’hui, la contagion, je vous dis lisez, je peux vous envoyer les documents de la Cour des comptes, la contagion est totale. Donc, c’est dans la même légèreté, la même indiscipline que sont conclus certains contrats, conventions et autres. Du coup, les opérateurs économiques plus malins préfèrent des conflits pareils et finalement, c’est l’État qui perd. Quant aux soupçons de rétrocommissions mais vous-même, vous savez que la rétrocommission a été banalisée au Congo. Cette forme de corruption grave a été banalisée et donc les gens continuent à courir derrière l’argent de rétrocommissions. Que voulez-vous que je vous dise ?. Parce que la rétrocommission, par exemple dans le remboursement de la dette commerciale intérieure est claire. Nous savons tous que lorsque les gens arrivent pour être payés six et dix millions, on vous donne trois millions parce que la dette a trop duré. C’est un décompte qu’on fait, on sort dix millions, on vous donne trois millions, le reste, suivez mon regard.

Avez-vous aussi cette impression qu’il y a des institutions publiques, sinon des ministres et mandataires exemptés du contrôle à priori de l’IGF ?

Fl Muteba : Bon, vous savez, la société civile a signé un accord de partenariat avec l’IGF. Et je peux vous assurer que nous avons vraiment la latitude d’échanger avec l’Inspecteur général, de poser des questions et de voir même des documents de travail. C’est vraiment ouvert avec avec lui. Est-ce qu’il y a des institutions qui sont exemptées ? A mon avis, non. On peut dire que l’IGF est débordée. Si on pouvait dire que c’est parce qu’il y a des institutions qui sont proches du président de la République ou du parti au pouvoir, vous n’avez qu’à observer les rapports entre l’IGF et le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique. Leurs rapports n’ont jamais été bons. Pourtant, ce ministre-là est un ministre Udps. Donc, on ne peut pas dire qu’il n’a pas voulu le contrôler. On peut revenir à l’ancien ministre Eteni Longondo de la Santé publique. Il a bel et bien été contrôlé. Il est même allé en prison. Donc dire qu’il y a des institutions qui sont exemptées, ma réponse est non. Je pense qu’ils sont débordés, l’IGF est débordée. Je ne dis pas que l’IGF n’a pas quelques limites. Peut-être étant donné que c’est un contrôle administratif, il dépend du président de la République et que donc, il peut y avoir des limites, dûes à la tutelle du fait qu’ils sont sous la tutelle de la présidence de la République, il peut y avoir des limites. Mais quant à la volonté de Jules Alingete et de ses équipes de faire leur travail consciencieusement par rapport à ce que moi je vois, par rapport à ce que moi je connais, je dirais non. Au contraire, essayons de les appuyer. Essayons de les aider parce que jusqu’ici, même si on a réhabilité la Cour des comptes, c’est encore le seul contrôle qui fonctionne. Bientôt, il y aura la Cour des comptes aussi, nous avons vu avec le rapport sur l’exécution du budget 2021. Donc la Cour des comptes arrive aussi mais soutenons déjà l’IGF qui est là. Et l’IGF fait son travail. C’est un travail humain, il y a toujours des faiblesses à cause des influences des politiciens. Mais la volonté de l’IGF de faire le travail est bien-là. Je dis que c’est une œuvre humaine qui peut avoir aussi des faiblesses. Mais pour l’instant, c’est quand même un grand travail qui est en train d’être fait. Dans ses relations, par exemple avec la société civile, avec tous ceux qui peuvent aider à sensibiliser contre la corruption, ce travail est fait par l’IGF.

Le budget 2023 titille les 15 milliards de dollars, et à deux moins de la fin 2022, les réserves en devises se rapprochent de 4 milliards de dollars. Tous les indicateurs macro-économiques sont au vert, mais pourquoi la paupérisation même à Kinshasa bat son plein dans les foyers congolais ?

Fl Muteba : La croissance de type que nous vivons aujourd’hui est celle qu’on a connue avec Matata Ponyo. Et c’est la même qu’on a connue avec le Maréchal Mobutu. Avec le Maréchal, c’était la croissance industrielle, la croissance globale etc. Mais quel est le défaut fondamental de cette croissance ? C’est qu’elle est non inclusive, c’est la croissance du secteur minier, c’est la croissance des grandes fermes et structures qui sont des structures macro au niveau de la production, par exemple agricole. Mais ce n’est pas la croissance qui est basée sur l’implication de la population congolaise comme base de cette croissance, comme moteur, acteur et bénéficiaire. Ce n’est pas ça. Regardez un peu combien de ménages agricoles en campagne sont hors du circuit économique de production et de consommation ? Ils ne produisent pas grand chose parce qu’ils ne sont pas encadrés et n’ont pas de moyens de produire. Ils n’achètent presque rien parce qu’ils n’ont pas de moyens d’acheter. Leurs enfants ne vont pas à l’école. L’analphabétisme a gagné nos campagnes. Pourquoi ? Parce que la vision du développement fondé sur l’appel aux capitaux des multinationales, tout ça oui, c’est notre secteur minier. Mais il profite à qui ? Allez par exemple dans les zones artisanales de production minière, mais c’est l’enfer. Or, ça devrait être des lieux où l’on pouvait très bien aménager l’environnement, en faisant des routes, des écoles, des structures de santé et en appuyant ces artisans pour qu’ils deviennent des petites industries minières. En ce moment-là, on peut parler d’une croissance qui sera inclusive. Mais regardez d’ailleurs, prenons le cas de la guerre de l’Est, c’est une guerre de la pauvreté. Il y a tous ces jeunes qu’on prend à gauche et à droite qui auraient pu effectivement travailler dans les zones minières comme des petites et moyennes entreprises soutenues par l’État, appuyés, subventionnés par l’État. Là, on parlerait de la croissance inclusive. Mais lorsqu’il s’agit de fermes des Chinois, des Indiens ou alors des Suisses Glencore ect… là, bien sûr, ils produisent mais vous savez qu’aujourd’hui, on produit des millions de tonnes. Mais à l’époque de Mobutu, on n’était même pas un million de tonnes mais la Gécamines à l’époque permettait à l’État de vivre largement bien, très bien même. On avait l’impression quand même que les social fonctionnait. Et puis la Gécamines a été mal gérée et puis tout ça s’est écroulé. Mais aujourd’hui, la croissance pour qui ? Pour les riches? C’est pas la croissance pour les pauvres. Donc, il s’agit ici de réfléchir « comment faire en sorte que notre croissance devienne une croissance pro pauvre ». Comment faire en sorte que notre économie soit animée par la population dans la construction d’une chaîne de valeur qui va de l’amont à l’aval, où les Congolais sont impliqués à 80%. Je ne dis pas que les étrangers ne seront pas là, mais où les Congolais sont impliqués à quatre-vingts pour cent. Mais qui a le temps de s’asseoir pour réfléchir à un type d’économie qui soit construite dans l’intérêt de la population congolaise ?. Qui ? Ils sont là, pour le lucre. Vous voyez tous les jours, il y a des scandales. Scandale de vol d’argent, de détournement, de corruption. Vous avez vu le cas de Monsieur Tshimanga. Lui, on l’a attrapé mais beaucoup d’autres sont comme ça et leur passe-temps, c’est celui-là de chercher par tous les moyens l’argent. Mais de s’asseoir et de réfléchir en disant quand nous disons le «Peuple d’abord» ça veut dire quoi sur le plan économique, on ne voit pas encore. Comment faire en sorte que le peuple se retrouve d’abord. Quel type d’économie, on va construire. Quel type d’échange intérieur, on va construire pour faire en sorte que le peuple soit le moteur, l’acteur et le bénéficiaire du développement. C’est malheureusement cela. On aura quatorze milliards, les quatorze milliards vont aller pour rembourser et indemniser les gens qui ont mis le temps à bosser. Ça va aller pour faire des dépassements budgétaires etc.. On pourrait arriver à vingt milliards mais ça ne servira pas le peuple congolais, ça sera pour aller dans des investissements qui ne se réalisent pas mais qui servent à des dépassements impossibles qu’ils mettent dans leurs poches. C’est ça le problème.

Plus d’une décennie après, l’ODEP marque son temps, un sentiment du devoir accompli ?

Fl Muteba : L’observatoire de la dépense publique (ODEP) va très bien. Je dois rappeler à l’opinion que l’ODEP est une plateforme qui a été créée en 2011 grâce à l’appui du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et par après, qui a été appuyée par plusieurs bailleurs de fonds à cause de son travail excellent. Mais l’ODEP n’est pas une ONG, l’ODEP est une plateforme de douze organisations dont nous avons parlé, par exemple du REGED dans cette interview, le REGED est membre fondateur de l’ODEP, la LICOCO est membre fondateur. Il y en a plein, le RODESIC est membre fondateur de l’ODEP. Donc, il y a plusieurs organisations importantes qui ont créé l’ODEP. Il y en a qui sont devenues un peu paresseuses à participer à son travail, mais avec d’autres, nous travaillons toujours ensemble. Donc les douze organisations membres sont toujours restées fidèles à l’ODEP, à leur enfant ODEP qu’ils ont créé. Nous sommes en contact tous les jours. La dernière réunion du Conseil d’administration, nous l’avons faite le vendredi 28 octobre 2022, pour essayer de continuer les réformes que nous avons engagées tout au début de cette année. Vous savez, on est créé en juillet 2011, comptez le nombre d’années. Donc au fil des années, les textes, dans leur application, exigent une relecture. Les organes sont à réétoffer. On y travaille dans la sérénité. La preuve, nous sommes toujours en train d’intervenir et nous sommes toujours en train de faire des études etc.. Et on n’est pas encore fatigué. Et donc, nous allons continuer ce travail avec votre appui, les médias qui nous ont beaucoup soutenus depuis longtemps. C’est un travail fait par des nationalistes. Nous nous revendiquons du vrai nationalisme, nous sommes des patriotes. Nous sommes sur le chemin de Patrice Lumumba, de Pierre Mulélé et de Mzee Laurent Désiré Kabila qui sont les plus grands nationalistes que ce pays a connus. Nous sommes sur leur chemin, nous nous réclamons de leur héritage et c’est la raison pour laquelle tout ce qui touche aux finances publiques du Congo nous rend malades quand ça ne va pas. ça nous rend malade. Je vous remercie.

Propos recueillis par Jeanric Umande

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