Des accusations sans preuve que le camp Kabila rejette, le défiant d’éventrer le boa comme il se targue d’en avoir. Un cadre de l’ex-parti présidentiel le somme d’ailleurs d’en apporter même une. Pour lui, la démesure dans les propos de Bemba est guidée par la haine qu’il voue contre l’ancien président. Il ne maîtrise pas ses nerfs comme si son passage à la CPI ne lui a pas servi de leçon, l’a-t-il mis en garde, pointant son discours séparatiste.

Lors de ses rassemblements à Bandundu ville, puis à Kikwit, le leader du Mlc a crucifié Kabila, son ex-allié pendant la transition 1+4, avant que les deux se brouillent lorsqu’ils s’agissaient de briguer le fauteuil présidentiel en 2006. A l’époque, il avait d’ailleurs menacé les militants de l’Udps, leur promettant l’enfer s’ils osaient s’attaquer à leur pouvoir. 18 ans après, on assiste à un retournement de situation. Le même « chairman » devient le prosélyte de Tshisekedi, le fils du leader maximo qu’il vilipendait quotidiennement. « Aucune constance dans son combat, si ce ne sont que ses intérêts individuels qui le guident », tranche un cardinal du PPRD qui assimile le comportement « insulteur » de Bemba à un quémandeur de postes.

En décembre dernier, son ancien dircab, Delly Sesanga l’avait sérieusement tancé, après avoir été apostrophé par le VPM des Transports « ce garçon » dans une de ses sorties médiatiques. « Lui et moi sommes de la même génération. Comment peut-il se permettre de m’appeler ce garçon ? Est-ce normal ? ». Sesanga avait interrogé la foule à ce sujet lors d’un meeting à Kinshasa. Selon le président de l’Envol, Jean-Pierre Bemba semble égaré. Il consacre son temps à insulter ses adversaires politiques alors que le secteur des transports qu’il dirige est en pleine déliquescence. « Je comprends qu’il a appris à insulter auprès de ses nouveaux partenaires au lieu de se concentrer sur le travail qui lui incombe. Son rôle devrait être de mettre fin aux embouteillages et d’organiser le secteur des transports en général, plutôt que de nous montrer des photos d’embouteillages dans d’autres villes qui disposent déjà de métros et d’autres moyens de transport », avait-il décrié, poursuivant qu : « Ici, les embouteillages sont causés par la corruption et le vol. Au lieu de travailler, ils gaspillent l’argent dans des projets inutiles ».

– Bemba, l’homme qui veut impressionner –

Le fait pour Tshisekedi de le féliciter lors de la récente rencontre avec les élus de la famille politique au pouvoir pour ses descentes sur le terrain dans le cadre de la mobilisation de la population contre l’agression rwandaise, le pousse désormais à l’extrême. L’homme se croit tout permis, s’indigne un leader de l’opposition.

Mais pour Joseph Kabila, c’est la haine visible, reste convaincu le politologue Alain Kalambay. Le conflit entre les deux remonte en 2006. Après avoir perdu la présidentielle qu’il clamait sur le toit l’avoir gagnée, il est élu en janvier 2007 sénateur MLC par un vote indirect des députés provinciaux de Kinshasa. En mars de la même année, de violents affrontements éclatent à Kinshasa entre ses hommes et les troupes gouvernementales. Les choses tournent mal pour lui. Bemba est obligé de trouver refuge à l’ambassade d’Afrique du Sud et négocie finalement son exil au Portugal en avril. Un an plus tard, 2008, il est arrêté en Belgique à la suite d’un mandat d’arrêt émis par la CPI. Pour avoir vécu ce chemin de la croix, celui qui se voit déjà arborer le costume de « dauphin » de Tshisekedi en veut à Kabila qu’il n’a d’ailleurs jamais pardonné. Partout où il passe, c’est la même rengaine. Il s’acharne ouvertement contre l’ancien président. « Joseph Kabila finance l’AFC/M23. J’ai été ministre de la Défense, j’ai des preuves. D’ailleurs, Joseph Kabila est venu du Rwanda« , le chargeait-il.

La nouvelle direction du PPRD n’accorde aucune importance aux outrances de Bemba. Un membre du sérail de Kabila affirme sur X que le chef du Mlc joue le rôle de guignol lui donné par ses maîtres à penser. Le contraire, selon lui, ne l’étonnerait pas. Personne ne va le suivre dans ses égarements, a-t-il conclu.

A Bemba de briser le mutisme et de démontrer muni des preuves tangibles que Kabila qu’il accuse d’être le chef de la milice Mobondo et patron de l’AFC-M23, est réellement venu du Rwanda.