Un pavé dans la mare. Faustin Luanga assume dans une tribune de pointer le « capharnaüm » qui règne au sein de la famille politique au pouvoir. Le professeur des universités ne croit pas au raccourci pour solutionner un problème majeur qui touche au leadership du groupe.
Faustin Mukela Luanga, sénateur Union sacrée du Maniema @Photo Droits tiers.
Sénateur du Maniema, Faustin Luanga n’adhère pas au schéma d’un « Présidium à 40 têtes ». Il prend ainsi le risque de réprouver la pagaille actuelle, même s’il reste convaincu, que sa prise de parole ne plaira pas à certains caciques. A ses yeux, la situation actuelle à l’Union sacrée reflète tout simplement un refus ordonné de structuration, du respect de la hiérarchie, gage de toute bonne organisation. « Comment peut-on envisager, lâche-t-il, qu’une entité dirigée par quarante présidents puisse fonctionner de manière optimale ? ». La guerre d’égo risque de gripper la machine, éclaire Luanga qui fait comprendre dans son texte que « tout comme le présidium à six membres a rencontré des difficultés et n’a pas bien fonctionné, celui à quarante têtes est susceptible de rencontrer des blocages et de s’effondrer ».
De quoi le pousser logiquement à s’interroger : « Comment alors espérer avoir des résultats différents quand on prend les mêmes et on recommence ? Comment espérer des résultats différents en répétant les mêmes erreurs ? ». Le sénateur conseille que « les expériences passées servent de leçon. Fort malheureusement, il constate que l’histoire se répète inlassablement ». Un organisme qui se compose de tant de leaders, chacun avec sa propre vision et ses propres objectifs, est voué à la confusion. Dans une telle configuration, le technocrate ne doute pas un seul instant que « les décisions seront lentement prises, si elles le sont. D’ailleurs, la direction générale sera en constante remise en question ».
A l’inverse, Ie cadre USN reconnaît que la diversité des opinions et des compétences est un atout, si seulement elle est canalisée de manière constructive. Une multitude de voix, sans un leadership clair, aboutit souvent à une cacophonie plutôt qu’à une harmonie, fait voir le parlementaire, conscient de la délicatesse de la tâche dans un contexte difficile. « Qui va prendre les rênes dans les moments critiques ? Qui va trancher lorsqu’il faudra choisir entre plusieurs routes à suivre ? ».
Au lieu de résoudre le problème, la gestion des ambitions et des conflits deviendra un défi monumental. Loin d’unir les forces, « une telle structure risque de créer des factions, où chaque groupe tentera d’imposer sa vision au détriment des autres ». Luanga craint que cette option nuise à la cohésion et à l’efficacité du groupe.
Il est temps de repenser d’approche, lance l’ex-haut fonctionnaire international. Le professeur estime qu’une hiérarchie bien définie, avec des rôles clairs et une responsabilité partagée, pourrait permettre une meilleure synergie. Il refuse cependant de réduire les voix, s’assurant toujours qu’elles soient entendues dans un cadre qui favorise la collaboration plutôt que la compétition. En fin de compte, il raille les contestataires prompts à la surenchère pour intégrer à tout prix le cercle décisionnel. « Ce n’est pas le nombre de têtes qui compte, mais la capacité à travailler ensemble vers un but commun ». Dans un contexte où les défis socio-économiques et sécuritaires s’accumulent et menacent l’intégrité du pays, Luanga qui a tracé son sillon dans de grandes organisations internationales, insiste sur l’impératif de rompre avec les schémas répétitifs qui n’ont conduit qu’à la stagnation. A force de tergiverser, la plateforme ne saura pas répondre aux attentes des électeurs à la base de l’élection du chef de l’État.
Il rappelle ainsi à ses partenaires politiques que les citoyens congolais aspirent à un changement tangible, à des réformes qui répondent à leurs besoins essentiels : sécurité, paix, éducation, santé, justice, équité, emploi, pouvoir d’achat, accès à l’eau, l’électricité, la nourriture, et développement durable, etc.
En concluant sa tribune, Faustin Luanga, même s’il soupèse ses mots, défend clairement la refonte de la classe dirigeante. Il s’agit pour lui d’encourager l’émergence de nouvelles idées et de nouveaux leaders, capables de redynamiser le paysage politique. Il plaide pour un sursaut, reprenant son credo : « l’innovation et la créativité doivent primer sur les anciennes pratiques, souvent synonymes de corruption et d’inefficacité ».