Le plus grand distributeur d’eau du Royaume-Uni, Thames Water, dont l’avenir est suspendu à l’approbation par la justice d’un plan de financement, est visé par une enquête du régulateur du secteur pour manquements à ses obligations environnementales.
Le régulateur de l’eau (Ofwat) a annoncé mercredi « une procédure contre Thames Water pour déterminer » si la compagnie des eaux de la région de Londres, en retard dans la mise en œuvre de nombreux programmes environnementaux, a manqué à ses obligations, selon un communiqué.
« Nous prenons note de la décision de l’Ofwat (…) et nous coopérons pleinement », a réagi l’entreprise auprès de l’AFP, se disant « déterminée à respecter tous ses engagements » dans le cadre de ces programmes prévus notamment à améliorer des infrastructures datées.
Les entreprises britanniques de ce secteur privatisé en 1989 sont pointées du doigt depuis plusieurs années pour le déversement d’importantes quantités d’eaux usées dans les cours d’eau et en mer, en raison de sous-investissements dans un système d’égouts qui date largement de l’époque victorienne.
Thames Water croule en outre sous une montagne de dettes de près de 16 milliards de livres (19 milliards d’euros) et a prévenu que faute de financements suffisants, elle serait à court de liquidités dès le mois de mars – faisant planer le spectre d’un sauvetage public potentiellement ruineux.
La justice britannique doit se prononcer dans les prochains jours sur un endettement supplémentaire, proposé par l’entreprise et certains de ses déficits, de 3 milliards de livres (3,6 milliards d’euros), qui donnerait un peu d’air à l’entreprise mais alourdirait encore son ardoise.
Ce ne serait qu’une solution de transition : l’entreprise, aujourd’hui détenue par un consortium d’actionnaires, au premier rang dont un fonds de pension canadien et un autre britannique, cherche de nouveaux investisseurs, ce qui pourrait se traduire par des offres de rachat dans les mois qui viennent.
L’Ofwat a douché en décembre les attentes de Thames Water en autorisant des hausses de prix plus modestes qu’espéré, de 35% d’ici 2030, très loin des 59% réclamés par l’entreprise pour moderniser ses vieilles infrastructures.
Thames Water a jusqu’au 18 février pour faire appel de cette décision.
L’Ofwat lui avait en outre infligé, par la même occasion, une amende de 18 millions de livres (22 millions d’euros) pour avoir versé « des dividendes injustifiés » en dépit de piètres performances, une pratique dont l’entreprise est régulièrement accusée.