Pour l’exercice 2025, le ministre des Hydrocarbures, Guy-Aimé Sakombi Molendo, tient à réaliser au minimum 689 024 315 952 FC, soit 233 219 711,60$US des recettes au taux budgétaire de 2954,4FC/$, auprès des pétroliers producteurs. Son propre ministère doit réaliser, au bas mot, 116 553 064,85$US dans le domaine de l’exploitation du brut, outre les assignations de 35 795 549,26$US à travers différentes taxes, en tant que service d’assiette.
Le ministre congolais des Hydrocarbures, Aimé Molendo Sakombi et le CEO de Trafigura, Richard Holtum, lors de la signature du mémorandum d’entente à Genève en Suisse @Photo Droits tiers.
Pour y parvenir, Sakombi Molendo qui a pris le pari de faire du secteur des hydrocarbures, un secteur porteur de croissance et créateur d’emplois, s’est allié la firme Trafigura, l’un des leaders mondiaux du négoce des matières premières. Genève, capitale helvète, a vu, le 5 février 2025, Sakombi Molendo et le CEO de Trafigura, Richard Holtum, signer un mémorandum d’entente visant à renforcer la collaboration dans plusieurs domaines stratégiques. Il s’agit notamment du développement du secteur pétrolier amont en RDC, afin de dynamiser le secteur de l’exploitation des ressources en hydrocarbures. Le mémorandum porte aussi sur la mise en place d’infrastructures stratégiques pour la distribution du carburant, garantissant un approvisionnement fiable et efficace pour le pays.
Le patron des hydrocarbures a prévu, dans son canevas des stratégies pour l’exercice 2025, d’associer la DGI, la DGRAD et le Conseil permanent de la comptabilité au Congo (CPCC) dans dans des missions de contrôle auprès des pétroliers producteurs, question de faire la lumière sur la production pétrolière et les charges d’exploitation des entreprises pétrolières, Perenco Rep et consorts. Les recettes des pétroliers producteurs sont, en effet, calculées sur base des déclarations des opérateurs et prennent en compte une production journalière de 22 072 barils pour les deux groupes (on-shore et off-shore), un prix moyen du baril de 85,8 USD après décote et des frais du terminal de 2,5 USD le baril.
Depuis 1970, la production de l’or noir de la RDC stagne dans les 20 000 barils/ jour on-shore et offshore confondus. Une année avant soit en 1969, l’État a renouvelé à neuf reprises la convention d’exploitation pétrolière avec des producteurs sous couverts de Perenco., mais le flux des recettes escomptées n’est jamais au rendez-vous. Juillet 2015, l’alors Premier ministre, Augustin Matata Ponyo Mapon a dit vouloir recruter trois cabinets de consulting pour auditer les entreprises pétrolières. 9 ans après, l’État n’a rien rendu public quant à ce. Et régulièrement, les régies financières, qui s’estiment désabusées par les pétroliers producteurs sur le principe convenu de sincérité des chiffres, annoncent des missions de contrôle dans des pays où le brut congolais est exporté et/ou vendu. Mais, jamais un rapport n’a été publié sur ce.
Le ministère congolais des Hydrocarbures et la firme Trafigura vont également s’employer pour une collaboration étendue avec l’Angola pour l’ouverture de nouveaux corridors d’importation, renforçant ainsi les échanges régionaux. Il sied de rappeler que Sakombi Molendo a déjà été à Luanda pour asseoir le contrat d’exploitation du brut dans la zone d’intérêts communs (ZIC) sur des bases d’une collaboration win-win. 12 ans après la signature du contrat ZIC, dans son rapport inhérent à la loi de finances 2018, la commission ECOFIN et de contrôle budgétaire de l’Assemblée nationale déplore que Kinshasa et Luanda n’aient jamais conclu un quelconque traité ou convention en ce sens, sinon que la Société nationale des hydrocarbures (SONAHYDROC), ex-COHYDRO, pour la partie congolaise, et la Sonangol, pour la partie angolaise, n’ont convenu que d’un liminaire d’un accord de partenariat en 2006. Comment pouvait-il en être autrement, quand le ministre en charge du Pétrole et gaz de l’époque, négociateur du ZIC, Lambert Mende Omalanga a nié toutes les garanties et des avantages au profit de la RDC qu’il vantait antérieurement…devant l’Assemblée nationale. « Ai-je dit ça moi! », s’emportait., le président Kamerhe en est resté ébahi. Juin 2023, Didier Bidimbu, prédécesseur de Sakombi, était à Luanda pour négocier les conditions d’exploitation de l’or noir du ZIC. Plus aucune suite. Sinon que près d’une année plus tôt, en août 2022, la Banque mondiale a démontré dans un rapport aux autorités congolaises combien, entre 2009 et 2021, la RDC a manqué d’encaisser 78,8 milliards $US suite à l’exploitation par l’Angola des blocs pétroliers situés dans les zones maritimes auxquelles la RDC a pourtant droit en toute souveraineté! Prenant en compte la production du pétrole et du gaz, la Banque mondiale soutient que ses estimations pourraient être en-deçà de ce que pompe et gagne l’Angola. Le rapport de la Banque mondiale a déjà été remis au Conseil présidentiel de veille stratégique CPVS, dirigé par François Muamba Tshishimbi.
Le document met en exergue les blocs 15, 15/06 et 31 situés au Kongo central. Produisant jusqu’à 500 000 barils par jour, le bloc 15 à lui seul, est en même de faire basculer les revenus jusqu’à une exponentiation plus que prévue. Pourtant c’est dès la fin des années 1990, même sous Mobutu que l’Angola tire profit de cette manne. Son exploitation s’est poursuivie par ENI, TotalEnergies, et Galp avant de passer à Somoil, ExxonMobil ou encore à Chevron.
Le mémo convenu entre le ministère des Hydrocarbures et Trafigura s’inscrit dans une vision commune visant à accroître l’indépendance énergétique de la RDC et à renforcer le contrôle des flux pétroliers pour lutter contre la fraude. « Cette collaboration marque une étape importante dans notre engagement à soutenir le développement économique et énergétique de la RDC. Nous sommes fiers de contribuer à des initiatives qui renforcent la résilience et l’autonomie du pays », a déclaré un membre du staff managérial de Trafigura. « Ces projets structurants permettront non seulement de sécuriser l’approvisionnement en énergie, mais aussi de créer des opportunités économiques pour les populations locales », s’est félicité Sakombi Molendo..