La RDC a officiellement demandé à la Formule 1 de suspendre les discussions avec le Rwanda pour l’organisation d’un Grand Prix à Kigali. Cette requête intervient alors que des troupes rwandaises occupent une partie de l’est congolais, entraînant une crise humanitaire de grande ampleur.
Thérèse Wagner a, dans une missive, demandé à la Formule 1 de suspendre les discussions avec le Rwanda pour l’organisation d’un Grand Prix à Kigali. @ Photo Droits tiers.
Dans une lettre adressée à Stefano Domenicali, président directeur général de la F1, la ministre d’État en charge des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a dénoncé les hérésies « du régime autocratique et expansionniste de Kigali ». Elle l’accuse d’être responsable du déplacement de plus de 700 000 personnes depuis le début de l’année 2025.
– Un contexte de crise et de tensions régionales –
Les relations entre Kinshasa et Kigali sont marquées par une hostilité croissante, exacerbée par la présence de milliers de soldats rwandais dans le Nord et Sud-Kivu. Selon l’ONU, environ 4 000 soldats rwandais opèrent illégalement en RDC, violant la souveraineté nationale. Kayikwamba a ainsi rappelé que « la culpabilité du Rwanda dans le conflit et dans l’exploitation économique » ne faisait l’ombre d’aucun doute.
Dans sa correspondance, elle interpelle directement les instances dirigeantes de la F1. « La Formule 1 désire-t-elle vraiment que sa marque soit salie par une association entachée de sang avec le Rwanda ? Est-ce vraiment le meilleur pays pour représenter l’Afrique dans le sport automobile mondial ? », a-t-elle fait savoir
– Le financement du Grand prix en question –
Au-delà des accusations politiques et militaires, la cheffe de la diplomatie congolaise soulève la question des financements mobilisés par Kigali pour organiser un tel événement. Elle rappelle que l’ONU a mis en évidence un pillage massif des ressources minières congolaises par le Rwanda, ce qui rapporterait à Kigali un milliard de dollars chaque année. En dénonçant ces « minerais de sang » servant potentiellement à financer le Grand Prix, la RDC cherche à alerter l’opinion internationale sur les conséquences de l’instabilité dans l’est congolais.
– Un appel à privilégier un autre pays africain –
Si la ministre d’État salue l’initiative d’un Grand Prix sur le continent africain, elle regrette que la F1 envisage de collaborer avec le Rwanda. Elle propose ainsi en alternative l’Afrique du Sud, qui dispose déjà d’infrastructures adaptées pour accueillir une telle compétition. « Il ne s’agit pas de choisir le Rwanda seulement pour satisfaire à la mode d’un régime avec lequel vous cherchez à faire des affaires », a-t-elle soutenu.
Dans cette interpellation, la membre du gouvernement Suminwa a invité Stefano Domenicali à une rencontre pour discuter des réalités du terrain et fournir des informations actualisées sur la situation au Nord-Kivu. Alors que la Formule 1 n’a pas encore officiellement répondu à cette requête, la pression politique et médiatique autour du projet du Grand Prix de Kigali ne cesse de s’intensifier.