Trente-trois ans après la sanglante marche du 16 février 1992, la RDC demeure empêtrée dans une crise structurelle où la démocratie et la bonne gouvernance restent des idéaux lointains. À l’occasion de cet anniversaire, le Bureau d’action et d’éveil culturels à l’éducation (BAC) a organisé une messe d’action de grâces à la paroisse Saint Augustin de Lemba pour honorer la mémoire de ceux qui ont payé le prix fort dans cette quête de liberté et de justice.
L’abbé Matthieu Muswa, figure emblématique du clergé kinois en 1992, a appelé à une transformation profonde des mentalités. « Le mot Métanoïa nous invite à une conversion véritable. La situation de notre pays ne changera que si nous rompons avec la culture du mensonge et adoptons la vérité comme socle de notre engagement », a-t-il proclamé.

L’exhortation s’adresse autant aux dirigeants qu’aux citoyens ordinaires car, a-t-il expliqué, le changement ne viendra pas uniquement d’en haut, mais d’un effort collectif et sincère. Le prélat catholique rappelle que si Dieu peut guider un peuple, c’est-à ce dernier de se lever et d’agir.
– Leçons oubliées de la CNS –
Le président du BAC, Jean-Marie Tantu Mey, a déploré que 33 ans après cette marche historique, les recommandations de la Conférence nationale souveraine (CNS) ne soient toujours pas appliquées. « Si ces actes avaient été mis en œuvre, la RDC ne connaîtrait pas les tragédies d’aujourd’hui. Il est temps que nous exigions leur application », a-t-il martelé.
La CNS qui avait été dirigée par le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, portait l’espoir d’un renouveau démocratique et d’une gestion équitable des ressources. Mais cet espoir semble s’être dissipé face aux intérêts partisans et à l’inaction des élites politiques.
– Construire l’avenir –
Le journaliste Noël Kalonda, animateur de l’émission Forum des médias sur la RTNC, a insisté sur la nécessité de tirer des enseignements de cette sombre période. « Le 16 février ne concerne pas que les catholiques. C’est un héritage national. Comme les Français avec leur révolution ou les Américains avec leur indépendance, nous devons faire de cette date un moment de réflexion pour changer le destin de notre pays », a-t-il souligné.
Les Congolais ne doivent plus se contenter de commémorer les martyrs. Ils doivent transformer leur mémoire en un levier d’action, une source d’engagement pour une RDC réconciliée avec elle-même.
– Devoir de mémoire –
La marche du 16 février 1992 reste un symbole puissant de lutte et de sacrifice. Ce jour-là, des milliers de Congolais, emmenés par le clergé catholique, étaient descendus dans la rue pour exiger l’instauration d’un régime démocratique et la mise en application des résolutions de la CNS. Face à cette détermination, le régime Mobutu avait répondu par une répression brutale, coûtant la vie à plusieurs manifestants et laissant des séquelles indélébiles.
Aujourd’hui, alors que les échos de cette marche résonnent encore, la situation en RDC demeure inquiétante. Dans l’est du pays, les violences persistent sous l’action des groupes armés, notamment le M23 et l’AFC, soutenus par le Rwanda. Les Congolais continuent de souffrir, victimes d’un cycle infernal d’instabilité et de mauvaise gouvernance.