Vulgarité assumée, mélodie entêtante, platitude des propos, mise en scène digne d’un carnaval de la décadence… Voilà ce que nous offre Zik Seigne, nouveau venu sur la scène musicale, avec son récent morceau clippé, au titre aussi insipide qu’interminable : “Misu ka likolo na cadre ya sentiment” (difficile à traduire). Une entrée fracassante, mais répugnante, qui a provoqué une levée de boucliers. Et dire que le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) de la RDC a eu raison de censurer cette chanson.
Avec Misu ka likolo na cadre ya sentiment, Zik Seigne signe une chanson insipide @Photo Droits tiers.
Dans un monde dominé par le numérique, où la viralité prime sur la qualité, la sanction du CSAC n’a pourtant pas suffi à éteindre l’incendie. Malgré l’interdiction de diffusion, le morceau poursuit sa propagation via les réseaux sociaux : les challenges affluent et les défenseurs de l’artiste plaident en faveur de la liberté artistique.
Sur ces plateformes, au rythme de la chanson, des internautes – majoritairement des jeunes femmes – s’abandonnent à des gesticulations aussi suggestives que embarrassantes, rappelant des scènes d’intimité déplacées dans cet espace public virtuel. Pourquoi un tel succès ? La réponse est simple : Zik Seigne a su frapper là où il fallait, ciblant une jeunesse désorientée, éprise d’obscénités et en quête d’attention sur les réseaux sociaux.
– Une chanson à dormir debout –
Au-delà de l’indignation morale, cette chanson mérite-t-elle vraiment son succès ? La réponse, aussi brutale soit-elle, est un non catégorique. Avec une mélodie simpliste, répétée jusqu’à l’écœurement, des paroles réduites à des phrases creuses comme “Yo, tia ye awa”, et un refrain d’une platitude criante, Zik Seigne livre un morceau insipide. Ce produit calibré vise uniquement à plaire une génération déboussolée, dans un monde où tout se résume à des vues et des likes.
Il est regrettable de voir des jeunes artistes privilégier des chansons conçues pour l’éphémère au détriment de créations capables de résister à l’épreuve du temps. Ils nous servent du “fast-food musical”, là où l’on attend une “cuisine gastronomique”, pour reprendre l’image d’Alain Mabanckou. Que deviendront-ils dans deux ou trois décennies ? Des coquilles vides. Mais laissons une chance à Zik Seigne. Peut-être que cette censure par le CSAC sera le déclic d’une évolution artistique plus prometteuse.