L’Église Baruti Tabernacle est au bord du chaos, sept mois après la disparition de l’évêque Baruti Kasongo. Dans un acte lourd de symboles, le révérend Paul Ndembo Mafutala, pasteur associé depuis 2017, a rendu, le 3 janvier 2025, le tablier. La lettre, froide et incisive, interpelle : une institution jadis phare semble vaciller, égarée entre contradictions et ambitions dévoyées.
Le révérend Paul Ndembo Mafutala, pasteur associé depuis 2017 à l’Église Baruti Tabernacle, a démissionné @Photo Droits tiers.
Le ton est donné dès les premières lignes de sa missive. Paul Ndembo ne mâche pas ses mots : “L’actuelle gestion spirituelle de l’Église ne me convainc plus”. Le diagnostic est implacable : l’institution s’éloigne des idéaux du regretté Baruti Kasongo. Le Révérend décrit une gestion spirituelle dévoyée, où les priorités semblent avoir basculé, laissant les fidèles dans le désarroi.
Plus cinglant encore, Paul Ndembo dénonce l’infiltration de la politique dans les affaires sacrées : “Je vois que tout ce que les politiciens de ce monde font, est copié par l’Église B”, fait-il savoir. Réunions nocturnes, intrigues, stratégies d’influence… autant de pratiques qu’il juge incompatibles avec le message évangélique. Ces paroles lèvent le voile sur un phénomène inquiétant : “l’Église devient le théâtre de luttes de pouvoir, à mille lieues de sa vocation spirituelle”.
– Quand le doute remplace la foi –
Le climat interne est également marqué par une méfiance rampante. “Ma présence n’est plus souhaitée dans des réunions qui se passent à l’église”, mentionne-t-il, dénonçant une atmosphère où la suspicion prime sur la collaboration. Ce manque de confiance, insidieux, fissure les piliers mêmes de la communauté.
La critique la plus acerbe vise directement le révérend Carlos Baruti, le successeur désigné par son père. Paul Ndembo évoque, sans ambages, un comportement libertin de la part du leader principal. “Faites attention à la façon dont vous conduisez votre vie. […] Dieu ne bénit pas le libertinage”, martèle-t-il en s’appuyant sur un extrait de William Branham. Ces accusations, graves et personnelles, remettent en question la légitimité morale de celui qui est censé guider les fidèles.
– Un appel à la résistance solitaire –
Malgré ce tableau sombre, l’homme de Dieu n’appelle pas à l’abandon, mais plutôt à la fidélité aux valeurs fondamentales. “Même si vous devez faire cavalier seul, gardez votre position”, exhorte Ndembo. Un message de défiance autant qu’un appel au retour à l’essentiel, adressé à ceux qui croient encore au pouvoir rédempteur de la foi.
Ce départ fracassant laisse l’Église Baruti Tabernacle à un tournant décisif. Désormais, deux choix s’offrent à elle : sombrer dans le chaos des ambitions personnelles ou retrouver la lumière de ses origines spirituelles. Mais, comme le soulignent les mots amers de Paul Ndembo, cela passe par un examen de conscience que beaucoup semblent redouter.