Dans un climat de tensions croissantes entre l’Église et l’armée à Lubumbashi dans le Haut-Katanga, les déclarations du président de l’épiscopat, Mgr Fulgence Muteba Mugalu, résonnent comme un appel à la résistance et à la défense des droits fondamentaux, notamment la liberté religieuse.
Mgr Fulgence Muteba, l’archevêque de Lubumbashi dans le Haut-Katanga @Photo Droits tiers.
La récente interdiction, émise par l’armée congolaise, l’empêchant de célébrer une messe dans le camp militaire Vangu, a suscité une vive réaction de sa part, qu’il qualifie d’« abus d’autorité » et de tentatives d’intimidation. Dans une interview accordée à la chaîne KTO, Mgr Muteba a affirmé avec force : « Je ne reçois pas d’ordres d’un maréchal ou d’un colonel ».
Cette prise de position audacieuse met en lumière une dynamique inquiétante, où l’autorité militaire semble empiéter sur les droits et les prérogatives de l’Église. L’archevêque de Lubumbashi a révélé que cette interdiction était non seulement injuste, mais qu’elle visait également à dissuader l’Église de revendiquer une concession foncière occupée par des militaires.
L’archidiocèse de Lubumbashi a réagi en qualifiant cette interdiction de « confusion lamentable ». Le communiqué rappelle que la liberté religieuse est inscrite dans la Constitution congolaise, soulignant que « la parole de Dieu ne peut être enchaînée ». Ces mots retentissent comme un cri de ralliement pour ceux qui défendent la séparation entre l’Église et l’État.
Une séparation qui semble de plus en plus menacée dans un contexte où l’insécurité règne dans le Haut-Katanga. Mgr Fulgence Muteba a également décrié la « faiblesse de l’autorité de l’État », exacerbée par le chômage massif des jeunes dans la région. Cette réalité socio-économique, couplée à l’insécurité, crée un terreau fertile pour le mécontentement et la contestation.
Les préoccupations de l’archevêque vont au-delà de sa situation personnelle. Elles touchent à la stabilité et à l’avenir de toute une nation. En outre, ses mises en garde contre une réforme constitutionnelle initiée par le gouvernement ajoutent une couche supplémentaire à cette controverse. Dans un contexte déjà tendu, une telle réforme pourrait être perçue comme une provocation, aggravant davantage les tensions sociales et politiques.
Mgr Muteba appelle à la prudence, soulignant que des changements constitutionnels malavisés pourraient précipiter le pays vers le chaos. Cet incident, loin d’être un simple affrontement entre l’Église et l’armée, révèle des fractures profondes au sein de la société congolaise. La résistance de Mgr Muteba est emblématique d’un désir croissant pour la réforme et la justice, un appel à l’autorité de l’État à respecter les droits et libertés fondamentaux des citoyens.
Les mots de Mgr Fulgence Muteba transcendent une simple dénonciation d’abus d’autorité. Ils incarnent une lutte pour la dignité humaine et le respect des institutions. Dans un Congo à la croisée des chemins, son message est clair : la voix de l’Église ne sera pas étouffée, et la quête de justice et de vérité continuera, envers et contre tout.
Teddy Mfitu