Il y a péril jaune à Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu. Des observateurs redoutent que la mafia chinoise ne mette à prix la tête du gouverneur Jean-Jacques Purusi Sadiki. Sa patrouille minière a étalé sur la place publique 540 entreprises opérant en toute illégalité, toutes ou presque tenues par des Chinois.
Par Pold Levi Maweja
Des Chinois arrêtés avec des lingots d’or en toute irrégularité @Photo Droits tiers.
publié le 7 janvier 2025 à 06:08:00
“Ce sont des millions de dollars qui échappent au Trésor public”, déplore le Gouv qui annonce la mise en place d’une commission Mines qui comprendra également les délégués de la société civile. Mais Kinshasa ne ferait-il pas à nouveau obstacle à l’initiative de Purusi, redoute-t-on à Bukavu.
Sur les réseaux sociaux, il se rapporte qu’un aéronef venu de la capitale aurait ramené les trois chinois arrêtés, le 4 janvier 2025, par le service de Purusi, avec les 10 lingots d’or et une somme de 800 000 $US. “Je vous en conjure au nom de l’intérêt de ma province, oubliez mes intérêts propres, et ne songez qu’à celui de notre pays et son peuple. Pour moi, si la destinée de ma province est telle que j’y doive éprouver toute sorte d’humiliations et de souffrances, non seulement je le supporterais avec fermeté, mais encore avec joie, pourvu que la gloire du Sud-Kivu, et le salut de sa population soient le prix de ma gouvernance”. Ces propos attribués au gouverneur Purusi sur X sont largement partagés suscitant des critiques très acerbes contre le pouvoir de Kinshasa.
– Soutien à Purusi, colère contre Kinshasa –
Le gouvernement central n’a ni démenti ni confirmé l’évacuation des trois sujets chinois vers la capitale alors que l’exfiltration de treize autres exploitants illégaux chinois arrêtés par Purusi fait toujours grand bruit. Même les organisations de la société civile de l’Ituri, de la Tshopo, etc., du Lualaba ont joint leur voix à l’appel de la Coordination des actions de plaidoyer de la société civile pour la gouvernance minière qui dit “suivre avec préoccupation inquiétante la gestion de l’affaire de l’exploitation illicite de l’or dans le village de Karhembo, territoire de Walungu”, dans la province du Sud-Kivu par des sujets chinois depuis quatre années.
Les organisations de la société civile ont appris avec consternation la libération des Chinois et leur autorisation à quitter le territoire congolais dans l’impunité totale. “Elles tiennent à saluer le sens élevé du patriotisme du gouverneur de la province du Sud-Kivu et de son ministre des Finances qui ont pris la décision de mettre fin à cette exploitation minière illégale et de résister à la corruption et au trafic d’influence”. Et la coordination de poursuivre, “les organisations de la société civile constatent avec amertume l’inaction du gouvernement national face à un cas de flagrance du pillage des ressources minières par des sujets étrangers, protégés par les éléments des forces de défense et de sécurité”. La libération des sujets chinois sans que les enquêtes ne soient entreprises et sans être entendus par les instances judiciaires compétentes, est une grave dérive.
“Pour la société civile, la volonté des autorités publiques de ne pas enquêter sur ce cas de violation de la législation minière frise ainsi une complicité parmi les personnalités haut-placées dans les institutions publiques”. Tout porte à croire que les Chinois arrachés de l’administration provinciale par les services d’intelligence au Sud-Kivu se la coulent plutôt douce à Kinshasa avant de repartir à l’aventure sous d’autres identités, soutient un notable local.
Le 11 avril 2023, seize Chinois ont été appréhendés à Basoko dans la Tshopo, fief électoral de Mme la Minétat de l’Environnement et développement durable, Ève Bazaiba où ils ont, en parfaite illégalité, monté une unité minière dénommée lXiang Jiang Mining. Ils ont simplement été priés de quitter le territoire de Basoko. “Libres à eux d’aller continuer leur aventure ailleurs, comme si la RDC était un bien sans maître”, a vociféré un activiste de la Lucha, un mouvement citoyen congolais. Une enquête de l’Asadho, une ONG de droits humains, a déjà montré combien les Chinois ont acheté la collaboration des structures étatiques si bien que l’on peut redouter que la tête du gouverneur Purusi soit plutôt mise à prix par des intérêts mafieux chinois.
Voilà que la RDC se retrouve dans le scénario tant redouté par Colette Braeckman dans son ouvrage “Vers la deuxième indépendance du Congo”: une guerre ouverte d’intérêts entre la Chine et les USA. Particulièrement en Ituri, écrit Mme Braeckman. Alors les Chinois auront déjà tenu des bases- arrière solides au Maniema et au Sud-Kivu où ils sont prêts à tout pour obtenir ceux qu’ils veulent : tuer par forces de l’ordre interposées ou verser dans des champs et cours d’eau des produits toxiques. Le silence de Kinshasa étant acquis. Le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi Sadiki, doit être sur ses gardes.
Un élu Sud-Kivutien ne s’est pas empêché de s’interroger si les Chinois n’iront-ils pas jusqu’à influencer les résultats de la présidentielle en RDC (?). La mémoire collective s’en souviendrait encore. “Libanais, ce n’est pas votre affaire!”, s’est écrié à la télé, l’influenceur Zacharie Bababaswe, au soir du 9 décembre 2011, alors qu’à la suite de la proclamation de la réélection de Joseph Kabila, tout Kinshasa se cloîtrait, les églises refoulant des fidèles, il n’y avait que la puissante diaspora libanaise et quelques indiens et pakistanais pour jubiler, carillonnant sur les artères désertes de la capitale et arrosant des Kinois apeurés à coup des valses de klaxons.(…)
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