Dans la province du Kasaï central, une exploitation massive des palmiers à huile met en péril une ressource environnementale et économique vitale. Ce phénomène découle de la prolifération des unités artisanales de fabrication de savon à base d’huile palmiste, une huile extraite des amandes de noix de palme, désormais très prisée.
Les palmiers sont l’un des facteurs de l’économie du Kasaï central @Photo Droits tiers.
Pour produire l’huile palmiste, les noix de palme sont récoltées et concassées, avec leurs amandes comme matière première. Les populations locales voient dans cette activité un moyen rapide de générer des revenus. Cependant, cette chasse intensive à la noix de palme présente un sérieux problème : les fruits, bouillis ou ramassés au bas des palmiers, qui servent habituellement à la régénération de la plante, sont systématiquement récupérés. Résultat : le cycle de reproduction naturel des palmiers à huile est gravement perturbé, compromettant leur pérennité.
– Une exploitation non contrôlée des palmes –
L’utilisation des palmes aggrave davantage la situation. Celles-ci sont coupées en quantité importante et servent de matériaux de construction pour des clôtures de fortune. Selon l’ingénieur agronome, Désiré Kwete, chaque palme coupée fragilise le palmier : « Couper une palme revient à priver le palmier de ses racines, ce qui réduit sa vitalité et, par conséquent, sa capacité à produire des fruits de qualité », a-t-il expliqué.
– Vers une disparition progressive des palmeraies –
Face à cette menace, Génie Kande, le président de la Force du génie kongolais pour l’avenir (FOGEKA), lance un cri d’alarme. « Si rien n’est fait pour encadrer la production de l’huile palmiste et protéger la semence des palmiers, le Kasaï central pourrait se retrouver sans cette ressource stratégique, ce qui forcerait la province à importer l’huile de palme », a-t-il alerté.
L’absence des jeunes plants, qui devraient assurer l’avenir des palmeraies, est particulièrement préoccupante. Sans intervention rapide des autorités locales, le Kasaï central risque une pénurie de palmiers à huile, mettant ainsi en péril son économie et son patrimoine naturel.
Le FOGEKA recommande une réglementation stricte de l’exploitation des palmiers et encourage la conservation de la semence des noix de palme. La mise en place des mesures concrètes, telles que la sensibilisation des communautés et l’introduction d’alternatives durables, est essentielle pour préserver cet arbre aux multiples utilités, vital pour la province.