Le rapport est accablant. Chaque unité du mouvement terroriste qui sème la désolation dans l’est du pays, fonctionne sous les ordres de RDF. « Sans leur appui stratégique et logistique, l’expansion du M23 aurait été impossible », précise l’enquête. En octobre 2024, l’avancée rapide de cette force négative vers Walikale a marqué un tournant décisif dans les affrontements. Cette progression aurait été facilitée par des armes de pointe, fournies par l’armée rwandaise.

Bien que le M23 et l’Alliance fleuve Congo (AFC) soient deux entités distinctes, leurs opérations sont étroitement coordonnées. Rien ne se fait sans l’approbation de Sultani Makenga, patron de ce réseau complexe. Des campagnes intensives de recrutement se déroulent dans les territoires conquis. Dans des provinces comme l’Ituri, le Nord-Kivu ou encore le Sud-Kivu, des réunions sont organisées pour consolider le contrôle des rebelles sur leurs nouvelles zones d’influence.

– L’alliance AFC-M23 renforcée par des personnalités sous sanctions –

Les experts onusiens ont également révélé le rôle central de figures sanctionnées dans la montée en puissance de la coalition AFC-M23. Thomas Lubanga Dyilo, Yves Khawa Panga Mandro et Innocent Kaina, alias “India Queen”, sont accusés de soutenir activement cette alliance par des recrutements, des formations et de la logistique.

Agissant en tant qu’“autorités morales” pour le groupe Zaïre/ADCVI, Lubanga et Khawa ont orchestré l’envoi de combattants pour des entraînements à Tchanzu. Aussi, le second acteur a mis à disposition sa ferme ougandaise à Hoima comme centre logistique pour les opérations du groupe Zaïre en Ituri. En juillet 2024, M. Lubanga lui s’était installé à Kampala, où il a rencontré au moins une fois Corneille Nangaa, le leader de l’AFC. Pendant ce temps, des transferts d’armes et des formations militaires se sont poursuivis, consolidant l’alliance entre les factions armées.

En dépit des interrogations des Nations unies, les autorités ougandaises nient avoir connaissance de la présence de ces chefs miliciens sur leur territoire. Ces révélations montrent une collaboration étroite entre les groupes armés pour renforcer leur contrôle dans les zones stratégiques de l’Est de la RDC.

– Tensions au sommet –

Les négociations entre Kinshasa et Kigali sont au point mort. Le pouvoir de Paul Kagame exige une action contre les FDLR avant tout désengagement de ses troupes. Une condition inacceptable pour l’administration Tshisekedi, qui rejette toute coopération basée sur ces exigences.

Alors, les nouvelles révélations jettent de l’huile sur un feu déjà ardent. La chaîne de commandement RDF-M23 dévoilée par ce rapport complexifie davantage les efforts de stabilisation. Pendant ce temps, des milliers de civils continuent de subir les affres de la guerre. Kinshasa reste dans l’attente d’un soutien international pour contrer ces dynamiques qui déstabilisent l’est de la RDC.