Le dossier judiciaire de Mike Mukebayi, opposant affilié au parti de Moïse Katumbi, continue de susciter controverse et indignation. Vendredi 10 janvier, la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe a renvoyé de deux semaines, l’audience qui devait se tenir pour l’instruction, les plaidoiries et en principe, le jugement final.
L’opposant Mike Mukebayi, cadre du parti Ensemble pour la République en détention depuis mai 2023 @Photo Droits tiers.
Le report de la session a été motivé par la nécessité de notifier officiellement la République, partie civile dans l’affaire, afin qu’elle comparaisse, renseignent des sources judiciaires. Conséquence, la décision du tribunal prolonge ainsi la détention préventive de l’accusé écroué à la prison centrale de Makala depuis vingt mois. Une situation qui, selon les défenseurs de l’opposant, pose une sérieuse question sur le respect des droits fondamentaux en RDC, notamment celui d’être jugé dans un délai raisonnable.
– La défense reste vigilante –
Les avocats de l’ex-député provincial de Kinshasa ne baissent pas les bras. Ils ont sollicité à la première présidente de la même juridiction, un rabattement de délai afin d’accélérer la procédure. Cette requête, selon eux, constitue un test sur la sincérité des engagements pris par le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba. Le garde des Sceaux avait récemment affiché sa volonté d’œuvrer pour une administration équitable de la justice.
Pour Maître Kabamba, l’un des conseils du prévenu, faire une année et demie sans jugement, c’est une négation totale de la justice. « Le ministre Mutamba a promis de rétablir la confiance des citoyens en nos juridictions. Nous attendons des actes à la hauteur de cette profession de foi », lâche-t-il.
– Un dossier hautement politique ? –
Tout porte à croire que le dossier Mukebayi est politique compte tenu du profil de l’incriminé, connu pour ses positions critiques envers le régime Tshisekedi. Ses proches estiment que cette interminable détention est motivée par une volonté d’intimidation. « Ils veulent faire taire un opposant encombrant. C’est une manœuvre politique déguisée en procédure judiciaire », dénonce un cadre du parti Ensemble pour la République.
– La voix des ONG –
Plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent une atteinte aux libertés fondamentales. Elles exigent une accélération des procédures ou une remise en liberté provisoire de l’opposant. « Cette détention préventive prolongée sans justification légale flagrante de Mike Mukebayi est une violation du droit international ratifié par la RDC », rappelle un militant pro-démocrate.
En cette période de tension politique, la suite du dossier Mukebayi jaugera la volonté des autorités judiciaires et politiques d’instaurer un État de droit en RDC. Arrêté en mai 2023 devant son domicile, le cadre Ensemble Mike Mukebayi avait d’abord été détenu au parquet, avant d’être transféré à la prison de Makala où il croupit jusqu’à ce jour.
L’ancien journaliste est poursuivi pour outrage au chef de l’Etat, propagation de faux bruits, incitation à la haine tribale et imputations dommageables. Les faits mis à charge de l’ex-élu de Lingwala remontent en 2023 lors de son passage à la télévision CM13, à l’issue d’une marche de l’opposition réprimée dans le sang par la police.