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Eln Black : “Être musicien en RDC, c’est déjà un acte d’engagement”

Parti du rap de rue en 2012 avec le groupe Les Bourgeois Aigson, Eln Black s’est imposé comme l’une des voix singulières de la scène musicale à Bukavu. Cette réussite, il la doit en grande partie à l’ethnomusicologue Thomas Lusango, qui lui a enseigné le chant, la guitare et les clés du professionnalisme artistique.

Par Mugisho Bashomba

Eln Black porte l’ambition de faire rayonner la musique congolaise au-delà de frontières nationales @Photo Droits tiers.

publié le 10 janvier 2025 à 05:59:00

Forte de cette formation, Eln a créé le TTMD (Top tradi-moderne), un style unique mêlant rap, chants traditionnels et sonorités urbaines. Soutenu par des institutions comme le centre culturel Ndaro et l’Institut français de Bukavu, il transforme les défis en opportunités. Entre autoproduction, engagement et collaborations internationales, Eln Black porte l’ambition de faire rayonner la musique congolaise bien au-delà de ses frontières.

Ouragan : Quels ont été vos premiers pas dans la musique et comment votre style a-t-il évolué au fil des années ?

Eln Black : Mes débuts dans la musique remontent à 2012, alors que je m’intéressais principalement au rap. À cette époque, j’étais encore élève et j’ai rejoint un groupe nommé Les Bourgeois Aigson, composé de jeunes rappeurs. Nous faisions du rap de rue, mais nous avons aussi décidé d’apprendre la musique de manière formelle. La majorité du groupe n’a pas suivi cette voie, ce qui m’a poussé à intégrer un centre culturel. Là, j’ai été formé par maître Thomas Lusango, ethnomusicologue, qui m’a enseigné le chant et la guitare. Cette formation a forgé mon identité artistique.

Quel rôle le groupe Les Bourgeois Aigson a-t-il joué dans votre parcours artistique, et comment la transition vers Black d’élites a-t-elle marqué un tournant ?

Ce groupe m’a permis d’entrer dans le monde de la musique, même si ce n’était pas encore à un niveau professionnel. J’avais plusieurs pseudonymes à l’époque, comme Black D’élite, mais j’ai fini par adopter le nom Eln Black, un mélange de mes initiales (Eli Nyembo) et de mon identité. Avec le temps, j’ai suivi des formations en musique, notamment avec maître Thomas, qui m’a appris comment me comporter sur scène et surtout comment interagir avec le public. Plus tard, avec un ami, Stina Guast, nous avons créé Black d’élites, un groupe visant à sensibiliser les jeunes à travers la musique. Après le départ de Stina pour l’étranger, j’ai poursuivi ma carrière en solo.

Comment avez-vous réussi à vous imposer en solo après son départ, et quels défis avez-vous rencontrés ?

Passer en solo a été un défi, car j’étais habitué au travail en groupe. J’ai dû apprendre à gérer seul toute la chaîne de production musicale. Cela m’a conduit à me former en management et en production musicale pour m’autoproduire. Grâce à ces efforts et au soutien d’institutions comme le centre culturel Ndaro et l’Institut français de Bukavu, j’ai réussi à m’imposer comme une figure montante de la musique dans l’est du Congo.

Quel est l’impact de la maison culturelle Ndaro et de l’Institut français de Bukavu sur votre carrière artistique ?

Le centre culturel Ndaro a joué un rôle crucial dans ma formation en tant qu’artiste, me permettant de me produire lors d’événements comme Isulu Live. Ces expériences m’ont aidé à établir un lien avec mon public et mes premiers fans. L’Institut français de Bukavu m’a également soutenu financièrement et artistiquement, notamment dans des projets de résidence. Ces collaborations m’ont donné une meilleure visibilité et des opportunités de développement.

Comment le style musical TTMD que vous avez créé, reflète-t-il votre identité artistique et vos aspirations ?

Le style TTMD (Top Tradi-Moderne) regroupe plusieurs genres musicaux : rap, chant, musique traditionnelle et sonorités urbaines. Il reflète ma capacité à fusionner ces différents éléments pour créer une musique unique. Ce style permet à mon public de s’identifier à mes chansons, qu’elles soient en lingala, swahili ou français, et distingue mon identité artistique.

Est-il facile de vivre de la musique à Bukavu ?

Vivre de la musique en RDC est difficile, mais c’est aussi possible. La musique est un métier comme un autre, et si l’on travaille dur, on peut en tirer des revenus. Personnellement, j’ai financé mes études grâce à la musique, prouvant ainsi à mon entourage que cette voie est viable. Toutefois, l’absence d’investisseurs rend l’autoproduction compliquée.

Quand vous vous êtes lancé dans la musique, comment votre entourage avait-il réagi ?

Mes débuts ont été marqués par l’incompréhension de mes parents, qui associaient la musique à une vie de déviance. Pour les convaincre, j’ai décidé de les prouver que l’on peut réussir dans ce domaine, tout en étant sérieux et en gagnant sa vie. Cela a finalement changé leur perception.

Un artiste en RDC doit-il nécessairement être engagé ?

Être artiste en RDC, c’est déjà un acte d’engagement. Dans un contexte où les garanties de succès sont rares, nous sommes la voix des sans voix. Nous offrons de la joie et de l’espoir à travers notre art, même lorsque nous-mêmes sommes confrontés à des défis.

Comment comptez-vous pérenniser votre héritage artistique à Bukavu et au-delà ?

Je mise sur les collaborations internationales. Récemment, j’ai participé à un festival au Gabon et à une conférence panafricaine à Kigali. Ces expériences m’ont permis de nouer des contacts avec des artistes et des producteurs. Mon objectif est de créer des ponts entre artistes et festivals, afin de promouvoir la musique congolaise à travers le monde.

Avez-vous des projets artistiques à venir ?

Oui, je prépare un EP qui sortira bientôt, ainsi qu’une chanson intitulée Ndoto (Rêve). Cette chanson évoque les conditions de vie difficiles en RDC, où notre réalité semble parfois être un rêve comparé à celle d’autres pays. Ces projets reflètent ma volonté de raconter notre histoire à travers ma musique.

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