Le gouverneur du Kasaï central, Joseph-Moïse Kambulu, est sommé de se rendre à Kinshasa la semaine prochaine. Il doit répondre à une convocation de consultation du ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani. La décision intervient quelques jours après ses propos outranciers sur l’abandon de sa province par le gouvernement central.
Moïse Kambulu, gouverneur de la province du Kasaï central @Photo Droits tiers..
Lors d’un briefing à Kananga, aux côtés du ministre Patrick Muyaya, l’autorité provinciale avait dénoncé les conditions de vie dans sa région. « Rien n’est fait ici, la province est abandonnée », avait-il lancé. Des déclarations ont enflammé certains cadres de l’UDPS, le parti présidentiel. Des voix ont même réclamé sa démission.
Face à ces tensions, le secrétariat exécutif de l’Union sacrée, basé à Kananga, a appelé au calme. Pour sa part, Mme Mado Kambeta, secrétaire exécutive, a défendu l’action de Moïse Kambulu. « Il a simplement relayé les attentes de la population du Kasaï central. Nous mettons en garde ceux qui propagent des messages hostiles à son égard », a-t-elle affirmé. Même son de cloche du côté de la société civile locale. Les activistes plaident pour que le gouv. reste à son poste afin de poursuivre son travail en faveur d’une province marginalisée depuis trop longtemps.
– Kambulu risque gros –
Dans ses déclarations ambiguës, l’autorité provinciale avait reconnu fin novembre les avancées des travaux dans sa région. « Moi-même, j’ai fait une tournée avec le DG du BCECO et nous sommes satisfaits des chantiers en cours, en attendant de voir les prochains travaux continuer sur le même élan. comme on venait de le faire avec les résidences. Il n’y a pas que la résidence du gouverneur dans ce qui avait été demandé à l’entreprise Safrimex. Il y a aussi le Capitole, la Mairie et le Bâtiment administratif. Les travaux sont en cours et on est déjà à 90% d’exécution pour les autres. Mais nous demandons sincèrement, avec droiture, que l’entreprise Safrimex continue sur le même élan pour nous rendre les autres ouvrages dans les délais convenus », avait-t-il concédé dans une vidéo largement partagée.
Mais la récente volte-face du numéro 1 du Kasaï central a laissé un goût amer, soulignant son incapacité à gérer efficacement les projets pourtant dans sa juridiction. Une reconnaissance qui le cloue aujourd’hui.
Face à ce climat délétère, les appels à une motion de censure se multiplient. L’évêque de Kananga, monseigneur Félicien Tambwe, a également pris position. Tout en saluant les efforts du gouvernement central, il a appelé à une meilleure gestion locale. « Nous voulons ici vous exprimer notre reconnaissance sincère pour les réalisations qui, sous votre impulsion, soulage la misère de la population kasaïenne ». Selon plusieurs observateurs, le gouverneur a atteint ses limites.
Ses errements politiques et son incapacité à répondre aux besoins des populations pourraient signer la fin de son mandat. « Le Kasaï central mérite mieux. Ce leadership de pacotille est une honte nationale », martèlent certains élus. Un député provincial issu des rangs de l’Udps lui a exigé sur RFI sa démission pure et simple. L’autorité provinciale, désormais dos au mur, pourrait bientôt faire face à une destitution inévitable. La population, exaspérée, attend des réponses concrètes.