Behind the glasses, une quête identitaire à travers l’art vidéographique
L’exposition “Kitambi : histoires, empreintes et fragments de l’art congolais”, inaugurée le 26 novembre à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, a marqué les esprits. Parmi les œuvres phares, la vidéo d’Azgard Itambo, intitulée “Behind the glasses (Derrière les vitres)“, a retenu l’attention du public par sa profondeur et sa portée universelle. Cette création, condensée en quatre minutes, interroge le monde muséal européen tout en explorant des questionnements identitaires profonds.
Par Mugisho Bashomba
Derrière les vitres explore des questionnements identitaires profonds. @Photo Droits tiers.
publié le 1 janvier 2025 à 04:05:51
La genèse de cette œuvre remonte à 2018, lors d’une résidence artistique organisée par le musée ethnologique Grassi de Leipzig, en Allemagne. En effet, le Grassi Museum für Völkerkunde avait invité des conservateurs et des artistes de Kinshasa à participer à l’exposition “Megalopolis I – Voices from Kinshasa”. Ces derniers y ont présenté leurs propres œuvres et dialogué avec la collection du musée, qui comprend notamment des objets offerts par le roi Léopold II au musée de Leipzig en 1894. C’est dans ce contexte qu’Azgard Itambo a conçu son court-métrage, interrogeant la place de ces artefacts dans les musées européens et leur impact sur les mémoires collectives. “J’ai réfléchi sur cette vidéo qui pose des questions autour de ce musée, autour de cette collection muséale”, a fait savoir Itambo.
À travers des scènes mêlant poésie visuelle et engagement critique, Itambo s’interroge sur la manière dont les artefacts africains, notamment congolais, se retrouvent derrière des vitrines européennes. “Pour réaliser cette vidéo, je me suis posé beaucoup de questions. Comment ces amulettes, ces objets, ces collections étaient arrivées au musée ? Est-ce qu’il y a un lien avec la population de Leipzig ?… C’est-à-dire, c’est une situation de questionnement autour de cette collection et en même temps sur la notion muséale européenne”, explique l’artiste. Il explore également les dynamiques économiques et sociales entourant ces collections, soulignant au passage l’absence des liens directs entre les objets exposés et les populations locales.
– “Se voir comme un objet muséal” –
Inspiré par ses “rencontres chocs” avec ces artefacts, l’artiste se met lui-même “derrière les vitres”, adoptant la posture d’un objet muséal. Ce geste symbolique lui permet de ressentir, selon ses mots, “la même chose que ces ‘fétiches’, pour peut-être être transporté vers le passé et mieux comprendre l’histoire”. La vidéo exprime ainsi une quête de réconciliation avec un passé effacé, tout en rêvant d’une renaissance culturelle.
– Une œuvre au parcours international –
Depuis sa première présentation à Kinshasa en 2019, dans le cadre de la résidence “Créer et Éveiller” organisée par Saadi Culture Contemporaine, la vidéo a parcouru le monde. Elle a été exposée en Afrique du Sud, au Sénégal, en Suisse et au musée Guggenheim à New York, où elle a dialogué avec les œuvres de Christian Nyapeta dans le cadre d’échanges au festival panafricain de vidéo d’art Boda Boda Lounge qui avait pour thème “Now buy the hands that feed you”(maintenant mange la main qui te nourrit).
En 2022, elle a été présentée au festival “Timeline : BH7” au Brésil, avant de revenir en Allemagne pour des discussions sur la restitution des artefacts africains. Avec “Derrière les vitres”, Azgard Itambo s’affirme comme une figure majeure de la nouvelle génération d’artistes congolais, conjuguant héritage et innovation pour porter un regard neuf sur des enjeux universels.
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