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Télécoms, la phonie résiste encore dans le Congo profond

Au Pt&NTIC, l’on envisage d’opérer la révision du cadre légal et réglementaire du secteur ou l’identification des besoins des communautés rurales et démunies courant 2025.

Par Kokolo Jean

Le bâtiment de l’OCPT à Kinshasa sur le boulevard du 30 juin @Photo Droits tiers.

publié le 10 décembre 2024 à 05:59:00

Lors de la Conférence des plénipotentiaires de l’Union internationale des télécommunications de 2018 à Dubaï, le programme Connect 2030 a démontré que l’accès aux télécommunications/technologies de l’information et de la communication était capital dans l’atteinte de 17 objectifs de développement durable ainsi que les 169 cibles qui y sont associées. Le deadline est fixé en 2030. Encore 5 ans, mais la RDC peine à élaborer une politique claire et efficiente pour la mise sur pied d’un service universel pour la télécommunication.

La loi n°20/017 du 25 novembre 2020 sur les télécoms et les NTIC, promulguée par Félix Tshisekedi, n’a presque jamais été mise en application. Elle prévoit notamment la création d’un établissement public censé relancer les télécoms dans des zones isolées. Cet établissement devrait alors être financé par un fonds dit “service universel du secteur des télécommunications et des technologies de l’information et de la communication constitué notamment du prélèvement de 3% du chiffre d’affaires des opérateurs du secteur des télécommunications et des technologies de l’information et de la communication”.

Et l’établissement public sus-évoqué, et donc le fonds constitué de 3% du chiffre d’affaires de Vodacom, Airtel, Orange, Africell, etc., il est placé sous l’autorité directe du ministre des PT &NTIC. Hélas, RAS, rien à signaler par contre, concernant le fonds pour le service universel exercice 2025. Qu’il est, en effet, étonnant que ce soit le gouvernement qui va devoir décaisser 1 629 685 583 FC, soit plus d’un demi-million de dollars au titre d’“appui au Fonds de développement du service universel (FDSU)”.

Pis, le domaine le plus stratégique des PT&NTIC où le gouvernement Suminwa aurait dû mettre un gros paquet, est bizarrement abandonné aux partenaires extérieurs qui multiplient pourtant des chinoiseries administratives avant un premier décaissement: il s’agit du Projet CAB 5, cinquième phase télécommunication haut débit. La fibre optique, puisque c’est de cela qu’il s’agit , marque plus les pas qu’elle n’avance, à peine 9.600 km installés sur les 50.000 km prévus, soit un taux de déploiement de 19%. Et de quelle qualité ? L’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications au Congo (ARPTC)- un service qui demeure rattaché à la présidence alors qu’il devrait être chapeauté par le ministère de tutelle -, reconnaît que l’internet fixe n’est proposé qu’en volume mensuel illimité, par paliers de vitesse de connexion. Concernant la couverture, celle des réseaux à large bande mobiles est estimée à 45% de la population pour le réseau 4G et à 55% pour le réseau 3G.

Les services internet à large bande sont ceux où la connexion entre le fournisseur et son client est établie via la fibre optique. Il s’agit de la Fibre jusqu’à domicile (Fiber To The Home), la fibre part, en effet, du fournisseur jusqu’au domicile du client. Et de Fibre jusqu’au point X (Fiber To The X)., mais on en est qu’aux balbutiements. Lorsque la fibre optique part du fournisseur jusqu’à un point X non loin du client final. La connexion de la RDC à la fibre optique visait pourtant un accès ultra-rapide à Internet, une télévision en HD/3D et un bien meilleur débit (100 fois plus puissant que l’ADSL). Hélas, onze ans après que Kin Kiey Mulumba, alors ministre des PT&NTIC annonçait à Muanda, que le Congolais deviendrait “homo smartphocus”, beaucoup d’anciens Zaïrois sont redevenus nostalgiques des années ” homo OPTZecus”.

– L’irremplaçable Phonie –

Si à Kinshasa, la très célèbre phonie Tshimlay, dans le quartier coupe-gorge de Matonge, a fermé, tout comme ses concurrents, la phonie, réglée irrémédiablement en mode «main libre», en fait, point de secret, la communication crèvent le décibel, se propageant dans tous les sens en écho, est encore et toujours à la mode dans nombre d’agglomérations rurbaines de la RDC et même dans des bourgades classées dans le rang des villes, comme Mbandaka ou Lodja. La phonie a vécu et survécu à la téléphonie cellulaire, l’Internet et ses appendices des réseaux sociaux.

Sur papier, la DGRAD et le ministère des PT&NTIC ont désactivé, depuis quelques années, la taxe sur l’autorisation d’exploitation des chaînes de radiodiffusion sonore commerciale appelée communément phonie à usage public. Plus de prévision des recettes donc, la phonie étant devenue une technologie éculée, tombée en désuétude et évincée par le GSM et l’internet. Le Trésor a, en effet, encaissé près de 45 millions de CDF soit environ 25.000 US$ en 2019, et plus de 121 millions de nos francs, un peu plus de 60.000 US$, à fin juin 2020, sur l’usage de la phonie publique. Il n’est plus que la redevance annuelle d’exploitation de concession des cabines publiques qui rapporte des revenus, l’on dirait saisonniers, quand les activités agro-pastorales ou des mines artisanales sont en mode flux. Fin 2023, les cabines publiques ont payé 1.268.500 FC de redevance soit 12,5% des assignations. Mais au premier semestre 2024, la DGRAD annonçait des recettes de 3.585.462.300 FC soit un taux de réalisation de 248.770,2%. Mais pour 2025, la DGRAD et le ministère des Ptntic ne visent que 3.114.200 FC. Dans l’arrière-pays, de lourdes présomptions de détournement pèsent sur des agents de l’Etat commis à la parafiscalité (DGRAD) qui savent pertinemment qu’il existe encore des poches de résistance face aux NTIC et qu’il y a lieu de supplanter le Trésor public en récupérant les recettes de la taxe d’exploitation de la phonie. D’ailleurs, il arrive que la DGRAD expédie au Trésor même les recettes non prévues.

L’on peut s’en féliciter mais le revers de la médaille est que cet argent prouve à suffisance que la RDC demeure encore dans le bidonville de la cité numérique mondiale, près de 25 ans après son ouverture publique aux NTIC. Il y a encore des pans entiers du pays qui sont restés à l’époque d’avant-phonie. Début 2017, à la faveur des pourparlers entre le gouvernement et les leaders du mouvement subversif Kamwina Nsapu dans le pays kasaïen, une délégation des chefs coutumiers, accompagnée des journalistes venus notamment de la capitale, partie en croisade de pacification, arrive dans une contrée perdue du Kasaï central profond. Le chef du village ameute ses sujets après avoir appris que le Maréchal Mobutu a été chassé du pouvoir, il y a vingt ans, et qu’il était déjà mort.

Ce journaliste de la RTNC conclut que la contrée ignore donc tout de la CENI, enrôlement, bureau de vote… et d’ajouter «nous sommes peut-être plus nombreux que les Chinois. Qui sait!». Autre anecdote, rapportée par la radio onusienne Okapi. A quelques encablures de Kalima, au cœur de la province du Maniema, un autre village s’est retrouvé totalement isolé parce que l’unique source d’informations, le poste radio du chef coutumier lui a été ravi par un Nsoko Muntu, gorille en patois local. En 2021, en pleine crise sanitaire de COVID-19, un élu de Bulungu a laissé entendre que la contrée ne compte qu’une seule antenne – elle serait de Vodacom – qui ne peut aller au-delà de 10 km.

Il y a des mois, un groupe armé dénommé “Union des patriotes pour la libération et le développement” (UPLD), a pris d’assaut la petite cité de Mabuo, dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu), à environ 250 Km au sud-ouest de Butembo, à cheval entre le territoire de Mambasa en Ituri, la Tshopo et le territoire de Lubero. Selon le chef du secteur, M. Kombi Nepanepa, ces Maï-Maï ne se sont guère intéressés aux carrières minières mais à la phonie, qui est l’unique moyen de communication de la cité avec l’extérieur. La fracture numérique compte parmi les principaux blocages à la résilience socio-économique de la RDC.

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