Y-a-t-il réellement une autorité municipale à Limete ? Il y a de quoi s’interroger. Car juste en face de la maison communale, entre les 12e et 13e rues, mais de l’autre côté du boulevard, dans le quartier industriel, au milieu d’un parking de circonstances bondé des camions-citernes, des inflammables, se tient, voilà des mois, des boîtes de nuit à ciel ouvert où des actes plus obscènes que la perversité de Sodome et Gomorrhe sont offerts, plutôt imposés, aux passants.
La commune de Limete ne brille plus comme avant à cause de l’incivisme. Elle a tout simplement perdu de sa superbe @Photo Droits tiers.
“Limete industriel du sexe!”, “Limete Pakadjuma”, “Limete porno”, ces quolibets sont repris en chœur par des passants à bord des motos et mini-bus des transports en commun, dès le crépuscule. Et en réaction, des filles de joie, en tenues légères, font monter d’un cran leur impudicité en exhibant des parties intimes de leurs corps. “Même à Kimbuta ou à Kapela, on ne voit pas ça !”, a craché, tout vexé, un notable venu prendre un petit verre. Il était assis près d’un camion. Et juste, sous la carrosserie, un couple, sans doute de circonstance, se livrait à des ébats simiesques.
Pour les habitations bordières du petit boulevard, le parfum du soir, au quotidien, c’est la senteur du chanvre. “Ça nous suffoque. On s’est plaint à la commune. Mais ce parking de fortune qui couvre des activités criminelles n’a été délogé que pendant deux ou trois jours. Et Sodome a repris ses droits !”, confie ce tenancier d’un petit commerce. Le vendeur a parlé des activités criminelles. Deux bandits de grand chemin, évadés de Makala, habitant Masina ont été reconnus, un samedi soir, par un revendeur des pneus d’occasion. Puis ces hors-la-loi notoires du quartier coupe-gorge de Mombele les ont rejoints, puis, tous ont pris la moto. Près de trente minutes plus tard, selon des témoignages, l’on apprendra que quatre hommes sur deux motos ont braqué une dame à bord d’un 4×4, sur 14e rue , non loin de la route des Poids-Lourds.
Les portraits-robots des malfrats rappelaient, en effet, les quatre desperados des lupanars de la 13e rue. Fin novembre 2024, un samedi soir, un groupe musical improvise un concert public sur le parking pirate qui se mue en boîte de nuit à ciel ouvert. Survient un grabuge entre deux groupes de garnements à cause d’un partage d’argent. Et l’on apprendra qu’un homme aurait stipendié, payé des marginaux shegués pour se fondre dans le public comme des “faux vrais Forces du progrès”, la jeunesse de l’Udps, pour se livrer, ensuite, à des voies de fait. Le gouverneur de la ville de Kinshasa, l’UDPS Daniel Bumba, devrait, sans délai, rappeler la bourgmestre de Limete à plus d’efficacité. La municipalité qui est profondément liée à l’histoire de l’Udps compte parmi les rares sereines de la capitale. Un acquis que Daniel Bumba ne peut pas perdre.
Pourtant, la bourgmestre de Limete, Nathalie Alamba Feza, avait dirigé, le 8 octobre 2024, une réunion de sécurité avec les chefs de quartiers, les responsables de la police de trois commissariats de la commune, les délégués de l’Agence nationale de renseignements (ANR) ainsi que ceux de la Direction générale de migration (DGM). A l’occasion, elle a fait part de l’instruction du gouverneur de lui présenter dans un délai de 72 heures, un plan communal de sécurité, d’assainissement et de lutte contre les nuisances sonores.
Deux mois après, tout ce que déteste et combat Daniel Bumba, se déroule en face de la maison communale. Chaque matin, de petits écoliers s’emploient à enjamber des préservatifs usagés abandonnés ça et là. Avec les festivités de fin d’année qui arrivent, le pire est à venir… à moins que les boîtes de nuit à ciel ouvert entre les grand et petit boulevards, soient démolies. “Nous espérons vivement que l’opération Ndobo lancée par le VPM de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, va nous débarrasser la commune de ces night-clubs repaires des criminels”, espère cet agent de sécurité privée.