À 19h45, le centre culturel Mikanda se plonge dans le noir. Une obscurité totale, interrompue par une mélodie envoûtante. Une flûte à pan chantait doucement. Elle portait l’empreinte d’une âme urbaine et des récits de Kinshasa. À la fois musicien et comédien, Adlaï Kiamu, jouait cet air qui a happé le public dans l’univers de “Terre Voilée”.

Soudain, une lumière rouge, teintée de blancheur, a illuminé la scène. Ce n’était pas un décor ordinaire. Un tas de déchets s’étalait au milieu du plateau : sachets en plastique, canettes usées, vieux vêtements et chaussures abîmées. Les poubelles de Kinshasa s’étaient invitées sur la scène du CCM. Assis parmi ces rebuts, Adlaï jouait, créant un contraste saisissant.

Puis, une apparition. Eibi Armel émergea lentement d’un sac en plastique. Un moment empreint de symbolisme. Avec une gestuelle précise et une énergie captivante, il débuta une danse qui mêlait rage et espoir. Le public, surpris et ému, ne put s’empêcher d’applaudir.

Le spectacle Terre Voilée se veut un miroir de notre société, de Kinshasa et ses ruelles sales particulièrement. Une performance où l’art devient un cri, mieux un appel. Une dénonciation du chaos urbain et des problématiques environnementales de Kinshasa.

Ecrit par Winnart N’sangu, le texte qui a accompagné la chorégraphe du danseur transcende la simple performance pour atteindre l’essence même de la condition humaine.

Le public du CCM, composé de plus jeunes, a réservé une ovation sans précédent aux deux artistes. Les enfants du quartier 13, présents pour l’occasion, ont eu la chance d’échanger quelques mots avec les artistes à la fin du spectacle.

Ce n’était pas la première fois qu’Eibi Armel foulait la scène du centre culturel Mikanda. En 2024, il avait présenté “À Quel Prix” aux côtés du danseur contemporain Malik Mamousta de Goma. Cette fois, il est revenu avec un spectacle d’une intensité rare, déjà présenté à la Maison culturelle des Mwindeurs.