Le montant sus-évoqué prend aussi en compte de nouvelles structures dont le point focal genre et l’organisation du forum pour la paix, la réconciliation et le développement en provinces. Mais la confusion atteint son paroxysme avec le secteur des loisirs. Ce que l’on a cru être une dérive de l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji, devient réalité. Une enveloppe de de 75 milliards de francs soit 25 385 865, 15 $US a notamment été prévue pour l’Unité de gestion des projets de la réforme des jeux de hasard et pratiques assimilées, UGRJH.

Pourtant, le ministre des Sports & Loisirs, Didier Budimbu, a sollicité, lors du Conseil des ministres du 23 août 2024, “l’accompagnement du gouvernement pour l’organisation des états généraux des Loisirs en vue de combler les déficits relevés dans ce secteur”. Et le gouvernement Suminwa en a pris acte. Que comprendre alors ? Il sied de rappeler que, sans associer le ministère des Sports & Loisirs, l’ancien argentier national, Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji, avait entrepris la réforme du secteur des jeux de hasard et pratiques assimilées, qui selon une note signée Nicolas Kazadi, “impose aujourd’hui au ministère des Finances de penser à édicter des critères de conformité administrative et technique pour un meilleur contrôle du secteur”. Pour lui, le secteur des jeux de hasard et des pratiques assimilées est caractérisé par l’absence d’un cadre réglementaire clair et unifié, l’existence d’une multitude de sociétés de jeux illégales, l’absence de contrôle du secteur de jeux de hasard et pratiques assimilées, lequel favorise le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Et Nicolas Kazadi de déplorer “le manque à gagner exponentiel pour l’État généré par l’absence de collecte des recettes fiscales et parafiscales et cela malgré le potentiel avéré du secteur des jeux de hasard ». L’ex-ministre des Finances a même fait un lien entre le secteur des jeux et les engagements avec le FMI dans le cadre de l’exigence de l’accroissement de la mobilisation des recettes. Et réglementer ce secteur, selon Kazadi, répond aux actions à poser pour la sortie de la République démocratique du Congo de la liste du GAFI (Groupe d’action financière), l’organisme mondial de surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme.

Ni Serge Konde ni Kabulo Mwana Kabulo n’ont été associés à l’enquête sinon l’audit mené par Nicolas Kazadi sur le volet Loisirs du ministère des Sports. Les contrôleurs économiques de ce ministère seront alors surpris d’apprendre que tel ou tel assujetti a été convié à honorer ses obligations parafiscales auprès des agents des Finances.

Le plus troublant est que Nicolas Kazadi, bien qu’ayant déjà établi tous les couacs du secteur des Loisirs, a accordé, le 7 juin 2024, soit six jours avant sa remise et reprise avec Doudou Fwamba, de gré à gré, au cabinet malien Brysla Audit & Finances le marché de mission d’assistance à l’Unité de gestion du processus de la réforme du secteur de jeux de hasard et pratiques assimilées. Brysla est également chargé de réaliser un audit financier des paiements des taxes et redevances sur la période de 2021 à 2023 par les sociétés de jeux de hasard en RDC. Coût du marché, 229 899 dollars.

Il est rappelé que Nicolas Kazadi aurait déjà presté au Mali dans le cadre des institutions internationales. L’on peut facilement s’imaginer qu’il ait tissé des relations dans ce pays. Kazadi Kadima-Nzuji a monté tout son deal comme si le ministère des Sports n’était réduit qu’en une direction du ministère des Finances. Même l’ancien Premier ministre Sama Lukonde n’osait rappeler son ministre des Finances à l’ordre. À se demander comment ce marché public si ténébreux a-t-il pu échapper aux services de contrôle ?

Fort probable, puisque, osons le croire, le nouveau ministre des Finances, Doudou Fwamba, n’aurait pas encore accordé définitivement le marché dont question au Malien Brysla, comme l’exige la loi congolaise sur les marchés publics. Pour autant la DGRAD a fait part et ceci est repris dans le budget 2024, du « conflit dans la perception de l’acte relatif à l’autorisation d’exploitation d’une entreprise des jeux de hasard ou loterie entre le ministère des Finances et celui des Sports et Loisirs amenuisant ainsi l’assiette » de ce dernier. Où va donc l’argent perçu au moins depuis janvier 2023 par les Finances ?

Les entreprises des jeux du hasard Winner, Banco Foot, Parifoot, PMU, etc., brassent des centaines de milliers de dollars. Les jeux du hasard montent en puissance non seulement dans la capitale, mais aussi dans les grandes villes de l’arrière-pays. Le Conseil des ministres a pris acte de la sollicitation de Didier Budimbu. Mais “ce Nicolas Kazadi que vous voulez jeter en pâture !”, la phrase du chef de l’État, magistrat suprême, sonne dans la mémoire de chacun des ministres comme une ligne rouge à ne pas franchir.