Avant les élections de décembre 2023, le pouvoir de Félix Tshisekedi se défendait de la « rumeur » qui courait faisant entendre que si Tshisekedi décrochait un second mandat, il sera tenté de modifier la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. Les souvenirs de Mobutu et Joseph Kabila sont encore trop vifs dans sa mémoire pour accepter de lâcher au bout de deux mandats de 5 ans.
Professeur Roger Buangi Puati, president de l’alliance des Congolais pour la refondation de la nation @Photo Droits tiers.
La rumeur n’en était finalement pas une ! L’obsession d’un pouvoir sans fin est telle qu’aujourd’hui Tshisekedi est sorti du bois lors de sa visite à Kisangani. Oui, il y aura bel et bien révision constitutionnelle parce que, disait-il, notre Constitution serait un produit des étrangers, faite à l’étranger. Ce qui est faux, parce que toute la structure de l’actuelle Constitution a été élaborée par des universitaires congolais sur le sol congolais. L’un des constitutionnalistes congolais a même qualifié l’actuelle Constitution non seulement comme étant la meilleure de toute l’histoire de notre pays mais la meilleure du monde ! Les vidéos existent.
Aujourd’hui, tous les subterfuges sont convoqués pour asseoir le caractère impérieux de la révision constitutionnelle de confort que voudrait s’octroyer Félix Tshisekedi. Parmi les arguments avancés, il y a l’instrumentalisation massive de l’Article 217 qui devient l’épouvantail absolu du pouvoir pour caresser abusivement le nationalisme de beaucoup de Congolais. Que dit cet article ? « La République peut conclure avec tout État africain des accords d’association ou de communauté comprenant abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine ». Pour les soutiens du pouvoir, cet article serait le doigt pourri pour lequel il faudrait brûler le corps entier jusqu’à modifier les articles verrouillés touchant au nombre et à la durée du mandat présidentiel.
Il se trouve que le pouvoir de Tshisekedi est passé maître dans le mensonge. Qui a oublié le mensonge électoral sorti de la bouche du président Tshisekedi selon lequel le terme « genre » serait l’encouragement et la promotion de l’homosexualité ? L’homme ne s’est pas gêné de mentir au peuple, alors qu’il a déjà lui-même prononcé un discours sur le thème du genre à la tribune des Nations unies, et que dans son gouvernement, il y a un ministère de la Famille et du genre. Selon le même procédé, plutôt que d’instruire et d’éclairer le peuple, ce qui est le devoir de tout pouvoir responsable et aimant, Tshisekedi exploite l’ignorance d’une grande partie du peuple congolais pour l’enfoncer davantage dans l’obscurantisme.
Comme vous pouvez le constater dans ces quelques exemples, notre Constitution n’est pas la seule à prévoir un abandon partiel de souveraineté dans la perspective de réaliser l’unité africaine comme l’Europe l’a fait. La monnaie et la veille aux frontières sont des éléments importants de souveraineté, et pourtant les États européens ayant adopté les Accords de Schengen ont abandonné leur souveraineté en matière monétaire et de circulation des personnes et des biens entre contractants pour avoir une monnaie unique et la libre circulation des personnes et des biens évitant ainsi les tracasseries policières aux frontières. Qu’on ne vous trompe pas en vous faisant peur. Nous devons un jour parvenir aux États-Unis d’Afrique pour être plus forts face aux autres puissances mondiales. Donc l’article 217 que ce pouvoir utilise pour dire que notre Constitution serait mauvaise, parce qu’elle prévoirait de céder nos terres aux pays voisins, est un grand mensonge. En réalité, Tshisekedi voudrait non seulement déverrouiller les articles de la Constitution qui limitent le nombre et la durée des mandats présidentiels, mais aussi déposséder le peuple congolais du droit d’élire son président au suffrage universel direct. Son seul souci aujourd’hui est de rester au pouvoir le plus longtemps possible en corrompant le Parlement qui deviendrait l’institution qui l’élirait. Nous ne devons pas l’accepter. Cette démarche irresponsable et dangereuse du régime Tshisekedi, et dont la RDC n’a pas besoin en ce moment, ouvre la voie pour chaque Congolaise et chaque Congolais d’user de l’Article 220 de notre Constitution pour faire barrage à ce pouvoir illégitime en vue d’empêcher que notre pays ne sombre dans l’anarchie et le chaos au moment où il est très fragilisé. Pour une fois, empêchons ce pouvoir de penser qu’il peut tout se permettre. Organisons-nous et barrons la route à l’imposture.
Voici comment plusieurs pays prévoient l’intégration panafricaine et régionale dans leurs constitutions. Ne nous laissons pas manipuler.
Sénégal
Article 96 : « La République du Sénégal peut conclure avec les États africains des accords d’association ou de communauté comportant abandon partiel de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine. »
Burkina Faso :
Article 145 : « Le Burkina Faso peut conclure des accords de communauté ou d’association comportant abandon partiel de souveraineté en vue de l’unité africaine. »
Gabon :
Article 116 : « La République Gabonaise peut conclure avec les États africains des accords d’association ou de communauté comportant abandon partiel de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine. »
Togo :
Article 144 : « La République Togolaise peut conclure des accords d’association ou de communauté comportant abandon partiel de souveraineté en vue de l’unité africaine. »
Niger :
Article 169 : « La République du Niger peut conclure des accords d’association ou de communauté comportant abandon partiel de souveraineté en vue de l’unité africaine. »
Ghana :
Article 73 : « Le Ghana est déterminé à promouvoir l’intégration africaine et coopérera dans le cadre de la politique étrangère pour atteindre cet objectif. »
Mali :
Article 116 : « La République du Mali peut conclure des accords avec tout État africain, en vue de réaliser l’unité africaine, impliquant l’abandon partiel de souveraineté. »
Bénin :
Article 145 : « La République du Bénin peut conclure des accords d’association ou de communauté comportant abandon partiel de souveraineté en vue de l’unité africaine. »
Côte d’Ivoire :
Article 155 : « La République de Côte d’Ivoire peut conclure avec les États africains des accords d’association ou de communauté comportant abandon partiel de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine. »
Tchad :
Article 222 : « La République du Tchad peut conclure avec les États africains des accords d’association ou de communauté comportant abandon partiel de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine. »
République démocratique du Congo :
Article 217 : « La République peut conclure avec tout État africain des accords d’association ou de communauté comprenant abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine. »
République Centrafricaine :
Article 92 : « La République Centrafricaine peut conclure tout accord d’intégration sous-régionale ou régionale, comprenant abandon total ou partiel de souveraineté, pour réaliser l’unité africaine. »
Vive la République démocratique du Congo.
Honneurs aux martyrs de l’indépendance.
Professeur Roger Buangi Puati
Président de l’Alliance des Congolais pour la Refondation de la Nation