Le ralliement des provinces au projet du changement de la Constitution que porte le président Tshisekedi, est un succès pour le pouvoir dans sa stratégie de mobilisation de la population. Les signaux ne trompent pas. On tend irrémédiablement vers le référendum pour départager la classe politique. A Kalemie, chef-lieu du Tanganyika, le président Tshisekedi a averti. Le dernier mot reviendra au peuple. Un peuple qu’il juge d’ailleurs mature et capable d’assumer son destin.
La Constitution de la République démocratique du Congo @Photo Droits tiers.
Ils ont tous dit “Oui”. Les gouverneurs de province réunis à Kalemie dans le Tanganyika du 27 au 29 novembre 2024 dans le cadre de la 11e Conférence des gouverneurs, ont annoncé leur soutien à l’unanimité, au projet de changement de la Constitution que porte le président Félix Tshisekedi.
« S’agissant de la question des changements de la Constitution, le collectif de gouverneurs de provinces soutient à l’unanimité cette démarche, car cette Constitution comporte beaucoup de faiblesses et invite la population à soutenir ces changements légitimes et salvateurs », a précisé Fifi Masuka, la gouverneure du Lualaba, qui lisait la motion de soutien au président de la République, Félix Tshisekedi.
A haute voix, les gouverneurs estiment que le changement du texte fondamental sera bénéfique pour les provinces. Les responsables de la territoriale se plaignent fréquemment du blocage de la rétrocession par le pouvoir central. Ainsi, ils demandent à la population d’adhérer massivement à cette démarche du chef de l’État. Bientôt, les gouverneurs ont promis de descendre dans l’arène pour sensibiliser toutes les couches de la population pour que la volonté du chef de l’État se réalise.
Nous soutenons, en outre, la consolidation de l’effort de cohésion nationale et de l’élan de développement, proposé par votre très haute autorité, qui définissent la vision de la refondation, de la renaissance et de la reconstruction, ainsi que de l’émergence du pays, et de manière particulière, nous voudrions saluer votre courage de dénoncer à la face de la communauté internationale l’injuste agression rwandaise et vos efforts pour la pacification de la partie est de notre territoire, peut-on lire encore dans la motion.
Les opposants accusent le président Félix Tshisekedi, 61 ans, au pouvoir depuis 2019, de vouloir « s’éterniser au pouvoir » sur fond de « dérive dictatoriale ». La Constitution congolaise ne prévoit qu’un quinquennat renouvelable une seule fois. Le président Tshisekedi avait déploré, lors d’un meeting le 23 octobre dernier, le fait que l’actuelle Constitution, promulguée en 2006 sous le régime de Joseph Kabila, ait été rédigée « par les étrangers ». Le texte « n’est pas adapté aux réalités de la gouvernance actuelle », ne cesse-t-il pas de décrier.
“Peuple congolais, l’heure est grave, réveillons-nous”, a vociféré, de son côté, Devos Kitoko, secrétaire général de l’Ecidé, le parti de l’opposant et candidat à la dernière présidentielle Martin Fayulu, lors d’une conférence de presse conjointe de plusieurs mouvements d’opposition.
Dans une déclaration commune, les opposants ont accusé M. Tshisekedi de vouloir “briguer un 3e mandat” en menant ce qu’ils qualifient de “coup d’Etat constitutionnel” et dénonçant une “dérive dictatoriale”. Des représentants du parti de l’ex-président Joseph Kabila et du leader Ensemble, Moïse Katumbi, étaient présents. “Des manifestations citoyennes à travers tout le pays et dans la diaspora seront organisées dans les jours à venir pour défendre notre Constitution et barrer la route à Monsieur Félix Tshisekedi”, ont-ils promis. Sans attendre, le secrétaire général du parti présidentiel, Augustin Kabuya a répliqué. Il a annoncé aussi une grande mobilisation populaire. Pour lui, l’opinion se rendra compte “quel camp jouit réellement de la confiance du peuple”.
En RDC, toute modification de la Constitution doit être approuvée “par référendum sur convocation du président de la République” sauf si le projet est accepté à la majorité des 3/5e du Parlement. La Constitution congolaise, promulguée en 2006 par l’ex-président Kabila, avait fait l’objet d’une révision en 2011, portant notamment le scrutin universel à un tour au lieu de deux auparavant.