Jemima Mavuidi est présidente des étudiantes de l’Institut supérieur pédagogique de la Gombe (ISP Gombe). Dans son travail de fin d’études, défendu cette année, elle a exploré la problématique de la mobilité dans la ville de Kinshasa. Selon elle, pour désengorger “Kin Kiese”, il est impératif de “diversifier les moyens de transport”. En effet, des villes africaines comme Casablanca ou Lagos, qui ont adopté cette approche, affichent de meilleures performances en matière de mobilité.
La présidente de l’ISP Gombe affirme que pour désengorger “Kin Kiese”, il faut “diversifier les moyens de transports” @Photo Droit tiers.
Dans une ville où le transport urbain “est dominé par des acteurs privés” imposant leurs propres règles, l’environnementaliste plaide pour une politique publique de transports en commun efficace. Ces acteurs privés, souligne-t-elle, “ne respectent pas toujours les normes de sécurité ni les itinéraires fixes”. Pour Jemima, une telle réforme profiterait directement aux habitants de Kinshasa, leur permettant de réduire les dépenses liées aux déplacements.
Votre travail de fin d’études était basé sur la mobilité et les transports en commun à Kinshasa. Quels sont les principaux défis auxquels les habitants de la capitale sont confrontés ?
Jemima Mavuidi : Les défis sont multiples. Nous avons d’abord l’insuffisance des routes, leur mauvais état et leur inadaptation à une circulation croissante. Les axes principaux comme le boulevard Lumumba ou l’avenue Kasa-Vubu sont souvent saturés, sans oublier l’absence de solutions alternatives comme les voies ferroviaires ou navigables, qui restent sous-exploitées.
Comment trouvez-vous les solutions proposées par l’État pour régler le problème de mobilité à Kinshasa ?
Ce n’est pas une critique. On a essayé un peu avec les sauts-de-mouton pour régler le problème des embouteillages dans les carrefours. Mais, nous-mêmes, voyons la réalité. Cette solution est non importante. Parce que, on sent même que le transport devient de plus en plus difficile. Cela vaut aussi pour le sens unique qu’on vient d’instaurer. Les Kinois disent que ce n’est pas une solution, mais un autre problème.
Quelles solutions concrètes proposeriez-vous pour améliorer la mobilité urbaine ?
Nous devons diversifier les moyens de transports. Par exemple, la réhabilitation des infrastructures ferroviaires et la mise en place des trains urbains permettraient de désengorger les routes. Nous pourrions également exploiter les voies navigables, comme le fleuve Congo, pour créer des bateaux-taxis reliant des quartiers périphériques à la ville. Par ailleurs, la création des parkings périphériques limiterait l’accès au centre-ville aux véhicules individuels, favorisant ainsi les transports en commun.
Vous évoquez l’importance du rôle que doit jouer l’État dans la gestion des transports. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Actuellement, le transport urbain est dominé par des acteurs privés qui ne respectent pas toujours les normes de sécurité ou les itinéraires fixés. Si l’État prenait en charge une partie de transports publics avec une politique viable, on pourrait introduire des bus de grande capacité et des trains qui respectent des horaires et des trajets fixés. Cela réduirait les coûts pour les citoyens et générerait des revenus supplémentaires pour les caisses publiques.
Quels seraient l’impact économique d’une telle réforme sur les habitants de Kinshasa ?
Une politique de transports en commun efficace réduirait les dépenses quotidiennes des habitants. Par exemple, au lieu de payer 5 000 à 6 000 francs par jour pour des trajets multiples, un système de trains urbains ou de bus bien organisé permettrait de réduire ces coûts à 1 500 ou 2 000 francs par jour. Cela libérerait le pouvoir d’achat pour d’autres besoins essentiels, tout en stimulant l’économie locale grâce aux investissements dans les infrastructures.
Comment concilier le développement des transports avec la préservation de l’environnement ?
La durabilité est essentielle. Nous devons privilégier des modes de transports écologiques, comme les trains électriques ou les bateaux à faible émission de gaz à effet de serre. Pour cela, il faut résoudre des problèmes structurels, comme l’accès à une électricité fiable, et promouvoir des solutions qui respectent l’environnement tout en répondant aux besoins des générations futures.
Avez-vous des exemples inspirants d’autres villes africaines ?
Oui, des villes comme Addis-Abeba, Lagos ou Casablanca nous montrent qu’il est possible de combiner plusieurs types de transports, ferroviaire, routier, et même maritime pour désengorger les villes. Le Maroc, par exemple, a su développer un système intégré qui permet de répondre aux besoins de toutes les classes sociales, tout en stimulant l’économie nationale.