Du concentré du germanium traité en RDC expédié en Belgique ! Même les médias belges traitent l’information en mode sceptique. Lalibre.be, se fonde plutôt sur la presse de Kinshasa. “La Société générale des carrières et des mines (Gécamines) en République démocratique du Congo (RDC) a exporté, il y a quelques jours, du concentré de germanium vers la Belgique, relatent plusieurs médias congolais”. L’agence d’État Belga se pose des questions de référence et use de l’impersonnel, quand ? où ? Point de précisions élémentaires et fondamentales dans la rédaction d’un article de presse. “Il y a quelques jours”, note Lalibre.be, “fin octobre”, poursuit Le vif.be. Le Soir pourtant toujours au parfum de tout ce qui bouge en RDC ne fait nul écho du germanium.
La très haute cheminée de Lubumbashi capitale cuprifère du Sud-est de la République démocratique du Congo, véritable symbole de l’exploitation minière, est sur le point de s’incliner. Elle mesure 154 mètres, ne fume plus depuis deux décennies, et semble vouloir prendre sa retraite @Photo Droits tiers.
Dans son récent papier sur le Congo, Colette Braeckman s’intéresse plutôt au naufrage d’un bateau sur le lac Kivu et fait le lien avec les pillages des ressources minières de la RDC. Toutefois, pour lalibre.be, “cette livraison, destinée à l’usine Umicore de Hoboken (Anvers), revêt une importance particulière car c’est la première fois que ce métal précieux quitte la RDC sous cette forme”.
Au Congo-Kinshasa, l’exportation du germanium traité fait polémique au sein même de la mouvance de la société civile spécialisée dans les industries extractives. L’Ong OEARSE dit regretter que le contrat du 8 mai 2024 entre Umicore Group et STL, filiale de la Gécamines pour le recyclage du germanium issu des rejets miniers du terril reste dans les tiroirs au mépris de la loi ITIE-RDC… Pour la Ligue congolaise contre la corruption (Licoco), “derrière Umicore, il y a des Américains. Les gens qui ont mis leur argent, accepteraient des mensonges de STL ? Ils auraient déjà fait un communiqué pour démentir l’envoi du germanium chez eux”. Mais Jean-Pierre Muteba croit ferme à une farce publique, non sans preuves. Le rapport de l’audit interne, daté de mi-octobre 2024, mené par les experts de la Gécamines étale de profondes insuffisances de STL pour prétendre à une production. Les auditeurs font remarquer que le DG de STL a escamoté des questions essentielles comme les résultats d’analyses des métaux avant l’implantation de l’usine et pendant son fonctionnement, les rendements de récupérations mensuelles réalisées pour chaque type de métal, les données mensuelles de la production réalisée pour tout type des métaux, etc., Et pour ceux qui, dans la mouvance de la société civile, doutent de l’exportation du germanium, le journaliste Alain Foka auteur de la vidéo sur STL aurait donc leurré l’opinion publique. Sans en apporter des preuves irréfragables, ils prétendent que Foka a obtenu un juteux “marché”.
Selon la société civile, plusieurs contrevérités sont racontées dans cette vidéo par un journaliste professionnel… Cette vidéo commanditée par le président du Conseil d’administration de la Gécamines, Guy Robert Lukama, le directeur général de Gécamines Placide Nkala, foncent les détracteurs, n’est qu’un gros mensonge pour cacher leur échec.
Dans certains milieux des affaires à Lubumbashi, il se dit que le camion chargé en mouvement sur le site de STL ne l’a été que pour les besoins de la cause. Ce camion aurait été chargé uniquement dans le but d’être filmé par Alain Foka, et depuis lors il n’a jamais bougé d’un seul centimètre.
L’usine de STL qui a été inaugurée par le chef de l’Etat en novembre 2023 a été conçue et construite par des firmes non expérimentées choisies par Guy Robert Lukama et Placide Nkala, et ils l’ont montée à la va-vite, de manière que depuis le pompeux événement, cette dernière n’a jamais fonctionné. Ce que réfutent d’aucuns, soutenant plutôt que l’usine a été montée par des ingénieurs finlandais. Pour mémoire, STL était, au départ, une joint-venture entre la Gécamines et le groupe Forrest, le cuivre extrait était importé en Finlande à Kokola. Mais Forrest n’a jamais déclaré qu’il exportait aussi le germanium. Il s’en est suivi un chapelet de scandales qui poussa l’alors puissant PCA de la Gécamines, Albert Yuma Mulimbi a écarté Forrest de la compagnie parapublique qui revint à 100% à la Générale des carrières et des mines.
Plus de 100 millions de dollars auraient été engloutis dans ces opérations sujettes à caution autour de STL, selon certains activistes de la société civile qui réclament des comptes au staff dirigeants “detourneurs habiles n’ont plus de place au sommet de la Gécamines”, soutient l’un d’eux. “Nos agents progressent rapidement et gagnent un temps précieux dans l’appropriation de différentes techniques liées à la production de germanium”, se félicite par contre Grant Dempsey, directeur général de STL.
Selon les médias bruxellois, la transformation locale du germanium a pour effet de multiplier par cinq son prix de vente. Pour passer du brut au concentré livré aujourd’hui, il a fallu investir plus de 70 millions de dollars dont 50% en fonds propres de la Gécamines, le reste étant complété par quelques banques locales.
La valorisation du potentiel en germanium de la RDC devrait contribuer à accroître les recettes minières du pays, attendues à près de 5 milliards de dollars en 2025. Le secteur minier devrait ainsi représenter environ 30% des revenus publics congolais. Pour lalibre.be, le recyclage local de ce minerai entre dans la stratégie du président congolais Félix Tshisekedi de réforme du secteur minier. Une réforme qui requiert des investissements mais dont le gouvernement congolais espère surtout pouvoir tirer des bénéfices. Le germanium est un minerai rare utilisé notamment dans la fabrication des téléphones, fusées, drones, armes ou panneaux solaires.