Comme disait Frantz Fanon : “chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir”. David Shongo a accompli la sienne en plaçant l’art au service de l’amour et de la mémoire samedi 23 novembre à l’Académie des Beaux-Arts.
David Shongo sur la scène de l’ABA samedi 23 novembre 2024 @Photo Droits tiers.
L’art comme langage universel. C’est le message que David Shongo a offert à l’Académie des Beaux-Arts samedi soir. Le pianiste et directeur artistique du Festival Pianos de Kinshasa a réuni poésie et musique dans une performance inoubliable.
La soirée a débuté avec une prestation par une lecture-performance d’Etcétèra, accompagné de Nathalie Fodderie. Leurs mots ont plongé le public dans une atmosphère contemplative, tissant un lien direct avec les compositions de Shongo. Une introduction parfaite à ce qui allait suivre.
Au cœur du concert, Kasala de vie a laissé une empreinte puissante. Shongo, fidèle à son art collaboratif, a invité le public à poser des mots sur leur généalogie. Ce moment d’échange s’est terminé par une poésie qu’il a lui-même récitée. Une performance saisissante où il a dénoncé la violence et exalté l’amour.
« On a aimé détesté la femme pour aimer le Diable », a-t-il déclaré. Une phrase qui a électrisé l’ABA et donné tout son sens à Kasala de vie. À travers ce texte, Shongo a montré que sa musique ne se contente pas de séduire les oreilles. Elle interpelle, réveille et guérit.
Sur scène, il n’était pas seul. Steroy Drums Groove à la batterie et Andy Bank’s à la basse ont enveloppé ses compositions d’une profondeur rythmique envoûtante. Chaque note était pensée, chaque vibration calculée pour atteindre l’âme de son public.
La soirée s’est clôturée sur les mots d’Henri Kalama, le directeur général de cette école supérieure de l’art à Kinshasa. Il a salué le talent de Shongo, qualifiant sa musique de « langage universel ». Une musique qui, selon lui, « nous parle à tous grâce à ses vibrations ».
Bien plus qu’un pianiste, Shongo Mwafunga mêle musique expérimentale et traditions orales africaines. Ses créations explorent les limites du son et de l’espace, offrant des expériences uniques. En tant que directeur du Festival Pianos de Kinshasa, il met également en avant l’instrument dans toute sa richesse culturelle.
De 21h à 23h, il a transporté son public. Entre poésie et expérimentation sonore, l’artiste a transformé un simple concert en un voyage introspectif. Chaque moment était une célébration de la vie, de l’amour et de l’art.