« Tout porte à croire que la jeunesse congolaise en général et kinoise en particulier est sacrifiée ». Ces mots lourds de sens du cardinal Ambongo ont résonné avec force au terrain du collège Saint Raphaël à Kinshasa, le dimanche 24 novembre. Devant des milliers de jeunes réunis pour célébrer la solennité du Christ-Roi, le prince de l’Église a dressé un réquisitoire implacable contre le projet de révision ou du changement de la Constitution.
Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque métropolitain de Kinshasa face aux jeunes dimanche 24 novembre 2024 à Kinshasa, à la messe du Christ-Roi @Photo Ouragan.
Le prélat catholique trouve incompréhensible que le pouvoir en place dépense temps, énergie et argent sur des débats de réformes constitutionnelles. Et pourtant, conçoit-il mal, des millions de jeunes sombrent dans le désespoir. L’archevêque métropolitain de Kinshasa a fustigé l’irresponsabilité des autorités congolaises face à une jeunesse qu’il considère abandonnée. « L’intérêt de la jeunesse est devenu le cadet de ceux qui sont censés assurer sa promotion et son avenir », a-t-il lancé, sous le regard attentif de l’assemblée.
– De multiples interrogations –
L’évêque s’est adressé à la foule en posant directement des questions. « Est-ce que c’est le changement constitutionnel qui va vous donner un avenir après la fin de vos études ? Est-ce que c’est le changement constitutionnel qui va nous donner du travail, qui va nous permettre de quitter Masina et d’arriver à Gombe sans embouteillages ? ». Ces interrogations ont suscité une réponse unanime des participants : un “Non” massif et spontané.
En levant des pancartes et des messages criants de vérité, les jeunes fidèles catholiques ont exprimé leur ras-le-bol face à la précarité ambiante et à l’agression qui frappe le pays. Certains ont brandi les effigies de Rossy Mukendi et Thérèse Kapangala, tombés lors des manifestations contre le troisième mandat de l’ancien président, Joseph Kabila. Leur mémoire, témoigne un jeune activiste à Ouragan, doit rappeler l’importance de lutter pour des causes justes, loin des distractions politiques.
La messe, qui coïncidait avec la Journée diocésaine des jeunes (JDJ), s’est transformée en un moment de vérité où foi et réalités sociales se sont entremêlées. « Quelle est donc la qualité de la formation que nous assurons à notre jeunesse ? Que faisons-nous pour que cette jeunesse de plus en plus abandonnée à son triste sort puisse encore espérer ? ». Des questions du pasteur posées avec gravité, qui ont trouvé écho dans le silence solennel des jeunes présents. Pour lui, l’urgence devrait être d’offrir des perspectives concrètes et de bâtir un avenir solide pour cette jeunesse délaissée.
– Une leçon de foi et de vérité –
Le message du chef religieux ne s’est pas limité à des critiques. Il a été aussi une invitation à s’ancrer dans la foi et la vérité. « Célébrer la solennité du Christ-Roi, c’est accepter que c’est lui l’unique et véritable roi. C’est lui seul que nous devons suivre et écouter, pas de bavardages inutiles des faux rois », a-t-il interpellé. L’homme de Dieu a ainsi exhorté les jeunes congolais à ne pas céder aux illusions, aux promesses vides et aux manipulations.
Les paroles de Fridolin Ambongo, chargées d’espoir, ont galvanisé une jeunesse avide de changement véritable, celui de triompher des mensonges pour embrasser un avenir lumineux. « Que personne ne vous vole votre avenir. Votre avenir dépend de vous. Ne laissez personne détruire et anéantir votre espérance d’un monde meilleur », a-t-il ajouté.
– Appel à l’action collective –
Le conseiller du pape François a clôturé son homélie en rappelant à ses fidèles leur responsabilité envers la nation. Ambongo les a encouragés à ne pas baisser les bras face aux défis actuels. Pensée tirée du livre d’Ésaïe chapitre 40, verset 31. « Le Congo, c’est votre pays. Si vous vous découragez, personne d’autre n’en prendra soin mieux que vous. Tout pouvoir terrestre a un début et une fin. Mais le règne de Dieu est éternel. Vous ne marchez pas seul », a-t-il conclu. Son appel, à la fois spirituel et citoyen, a laissé une marque indélébile dans le cœur des jeunes présents. Par cet engagement, le père s’érige non seulement en guide religieux, mais aussi en voix puissante pour une jeunesse en quête de justice et d’espoir.