Patrick Muyaya rassure qu’il existe déjà une communauté des café- agriculteurs. “Maintenant, il faut, comme gouvernement, dit-il, voir dans quelle mesure, nous pouvons mettre des structures et des mesures d’accompagnement pour que notre café puisse être bien positionné et je pense qu’au regard de l’engouement dans la salle et de différentes interventions, nous allons plutôt vers la convergence et le reste sera une question décisive au niveau des ministères dédiés”. Le porte-parole du gouvernement indique que le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, le marketeur en chef des produits congolais, est en train de renforcer des stratégies avec l’accompagnement du ministère de la Communication & médias. “C’est-à-dire la stratégie de vente de nos produits auprès des pays partenaires. Maintenant, il faut des pistes. Nous avons par exemple, la Chine qui a ouvert son marché pour des produits congolais. Qu’est-ce que nous y apporterons ? Il y a évidemment des exigences en termes de qualité des normes de production. C’est le ministre du Commerce extérieur qui va regarder et donc, pour le reste nous avons mis une stratégie claire, car les problématiques sont connues, les solutions aussi. Pour le reste, c’est juste le temps de maturation de la mise en œuvre de ces différentes solutions”.

Il y a dix ans, la RDC avait perçu quelque 400 millions $US de pétroliers producteurs. Les exportations du café avaient, par contre, rapporté plus de 500 millions $US. Mais ces recettes sont tombées dans les caisses de l’Ouganda. La RDC ne s’est contentée que du menu fretin : 17 millions $US. Le café représentait pour le pays plus de 60% des recettes d’exportation de produits agricoles jusque dans les années 60. Il rapportait encore près de 15% des revenus d’exportations de l’Etat dans les années 1990, du temps de la période présumée de grande prédation sous Mobutu. Ça vaut quoi le café aujourd’hui ?

En RDC, le café est essentiellement produit en Ituri et dans le Grand Nord-Kivu, zones frontalières de l’Ouganda. Ce pays n’est pas, toutefois, un producteur de taille de l’or vert. Le café autant que le thé et le cacao sont placés sous la supervision de l’ex-ONC, Office national de café, anciennement OZACAF, mué actuellement en Office national des produits agricoles du Congo, un établissement public dont l’apport au budget de l’État pour 2025, est nul, comme d’ailleurs en 2024 courant.

Depuis des lustres, les faits générateurs de recettes dans la caféiculture ont connu une inflation créée de bric et de broc. La douane, les services de sécurité, l’administration fiscale provinciale, etc., s’en sont mêlés chacun avec ses taxes et redevances. Voilà qui a occasionné des filières d’exportations frauduleuses des cultures pérennes par l’Ouganda. Où règne l’ordre…administratif. Dépourvu de tout document attestant de leur provenance congolaise, des milliers de sacs de café qui traversent frauduleusement la frontière sont comptabilisés dans la production ougandaise. Du café du Kivu en Suisse sous le label “made in Rwanda”, les exportations génèrent en moyenne 60 millions USD pour ce pays qui s’est bâti la renommée de flibustier de l’est congolais.

En RDC, rien n’a, en pratique, changé six ans après le forum sur le café et le cacao organisé, mi-juin 2018, par la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Des réseaux de contrebande et de négoces vers les pays étrangers se portent aussi bien qu’auparavant. Aucune recommandation phare du forum n’a connu un début d’exécution, même pas celle consistant à répertorier les producteurs, les acheteurs et les exportateurs du café et du cacao congolais. Du café brut du Kivu et de l’Ituri se retrouve toujours comptabilisé dans la production rwandaise et ougandaise.

Le ministère du Commerce extérieur, avait, dans l’optique de diversifier l’économie nationale, décidé de promouvoir en 2019, une économie basée sur le cacao et le café du fait que ces cultures représentent d’importantes ressources d’emplois, un vecteur de création et de distribution des richesses pour le pays. Cinq ans après, rien n’a commencé. À présent que Patrick Muyaya, désigné attaquant de pointe de la team Suminwa, est entré dans l’aire du café-cacao, fort probable, que les lignes pourraient bouger.