Théâtre : Parallèles, la scène comme mémoire vivante
Julie Grimoud s’est lancée dans un exercice audacieux : adapter son livre en pièce de théâtre, une manière de résister à l’oubli sur scène. Comment ? En explorant les souvenirs familiaux et en revisitant des mémoires collectives entre la France et la RDC. Samedi 5 octobre à l’espace Ntongo Elamu, la comédienne déploie tout un éventail d’émotions dans une mise en scène mystique, méditative et dramatique, nous emportant dans un voyage introspectif.
Par Mugisho Bashomba
Julie Grimoud s’est lancée dans un exercice audacieux en adaptant son livre Parallèles en pièce de théâtre @Photo Droits tiers.
publié le 8 octobre 2024 à 05:30:00
Dès l’ouverture, une voix s’élève d’une enceinte dissimulée dans un coin de la salle rectangulaire, face à la scène. Cette voix, forte et indignée, incarne la mère de Julie, opposée à la décision de sa fille de se rendre au Congo. Un moment intime et bouleversant. Les spectateurs, plongés dans la pénombre, installés en deux rangées formant un corridor central, se questionnent du regard : Où est la comédienne ? Que va-t-il se passer ? Le mystère ne dure pas.
Julie Grimoud fait alors son entrée, vêtue d’une robe blanche, en passant par une porte. Elle se positionne derrière un pupitre en bois, éclairée par deux petites lampes qui composent un clair-obscur subtil. Une lumière jaune réchauffe la scène grâce à une lampe posée sur une petite table recouverte d’un tissu aux motifs africains. Une autre, rougeâtre et plus douce, éclaire le pupitre, créant une atmosphère feutrée, où l’intime se marie au méditatif. C’est dans ce cadre presque sacré que Julie nous invite à suivre son cheminement.
– Voix et Voie –
Son récit de voyage, qu’elle a transformé en pièce, est ponctué par des voix surgissant comme des flash-back. Tout débute par une proposition de son ami D., qui l’invite à le suivre dans sa recherche à Feshi, dans la province du Kwango. L’écriture du texte, « un parcours tortueux et sinueux » selon l’autrice, trouve son écho dans la complexité de la représentation scénique. Sur scène, la voix de Julie, chargée d’émotions de la colère à la joie retrace ces routes inconnues, difficiles à parcourir, de Kikwit à Feshi. La colère ? Elle est omniprésente. Notamment lorsqu’elle interpelle son père, qui n’a pas su être le géniteur attendu. La projection de sa photo, où on le voit jouer du piano, permet au public de se figurer cet « absent » amoureux des mathématiques.
– Déconstruire les clichés –
Le dispositif scénique, avec les spectateurs disposés en vis-à-vis, permet à la comédienne de circuler dans le corridor central, créant une proximité presque charnelle entre elle et le public. L’éclairage tamisé, minimaliste, orchestré par Junior, baigne la scène d’une lumière douce, empreinte de mystère et de recueillement. Les souvenirs familiaux accompagnent son trajet, mais ce sont aussi les paysages observés et les personnes rencontrées qui lui offrent l’occasion d’aborder des thèmes majeurs comme l’absence, l’écriture ou encore la colonisation. Lorsqu’elle se déplace vers l’autre partie de la scène, où se trouve Taluyobisa, le musicien, Julie, avec une présence scénique saisissante, s’empare du micro. Elle y déploie une révolte sourde, déconstruisant les clichés sur la RDC, ce « pays pauvre, sous-développé » tel que certains aiment à le décrire.
– “On ne fait pas comme ça” –
Les rythmes ancestraux joués par Taluyobisa (flûte, madimba) maintiennent le public captivé par ce voyage qui, bien que long, n’est jamais ennuyeux. Dans une chanson en kikongo, à la fois électrique et mélancolique, spécialement composée pour la pièce, le musicien Taluyobisa s’en prend au motard qui avait affirmé à D. et à Julie qu’il connaissait chaque tournant menant à Feshi. Pourtant, au fil des kilomètres, ils se perdent à plusieurs reprises, et la réalité vient faire éclater le mensonge de sa prétendue confiance. Dans la chanson, Taluyobisa lui reproche avec force : « On ne fait pas comme ça ! » Il rappelle au motard qu’on ne peut pas s’engager sur une voie incertaine sans prendre de précautions. La musique résonne tel un cri de vérité, appelant à la responsabilité et à la prudence.
La pièce se clôt comme elle a commencé : avec la voix de la mère, qui, en perdant la mémoire, notait tout pour lutter contre l’oubli. Bien que cette mère refuse de laisser sa fille partir en Afrique, justifiant que les Africains sont « sauvages » et ignorent tout des philosophes des Lumières, la comédienne persiste : « Je vais aller au Congo. » Une scène poignante, car Julie s’adresse à une chaise vide, symbole de l’absence. N’écrivons-nous que sur l’absence ? À travers cette superbe adaptation scénique de Parallèles, Julie nous répond par l’affirmative.
Mandela Day a été célébrée de manière singulière à Kinshasa, samedi, à l’initiative du réseau YALI RDC, en partenariat avec l’ambassade des États-Unis. À l’occasion, Lucy Tamlin, la cheffe de la mission diplomatique américaine à Kinshasa, a exhorté la jeunesse kinoise à s’engager activement dans la protection de l’environnement. Cette Journée, instituée par les Nations unies en hommage à Nelson Mandela, est officiellement célébrée chaque 18 juillet.
Le silence suspend l’air. Puis un murmure, un cri, une clameur : le pape est là. Après 39 jours d’hospitalisation, François s’est montré enfin au public. Son visage était faible, ses mains tremblaient légèrement, mais il était là, sur une chaise roulante, face aux 3 000 fidèles rassemblés en bas du balcon de l’hôpital Gemelli à Rome.