Les poursuites judiciaires à l’encontre du politologue et journaliste d’investigation Charles Onana suscitent l’indignation et la colère. Pour le docteur Denis Mukwege, ce procès fait la honte de la France, pourtant présentée comme un pays qui défend les droits de l’homme.
Dénis Mukwege traite de honte le procès contre l’essayiste franco-camerounais @Photo Droits tiers.
Quel que soit son verdict, c’est un procès qui pourrait être marqué du sceau de la honte dans les archives judiciaires françaises. Alors que l’écrivain franco-camerounais a comparu lundi 7 octobre au tribunal judiciaire de Paris pour négationnisme du génocide rwandais, le prix Nobel congolais fustige les poursuites contre un homme qui a documenté et dénoncé les crimes commis en RDC et répertoriés dans le rapport Mapping publié par l’ONU.
Le médecin directeur général de l’hôpital de Panzi trouve inconcevable que Charles Onana soit poursuivi alors que les commanditaires des crimes odieux soient en liberté et marchent sur tapis rouge à chacun de leurs passages à Paris.
« Poursuivre un homme qui documente et dénonce les crimes commis en RDC en totale impunité durant le conflit le plus meurtrier depuis la deuxième guerre mondiale, répertoriés en partie par le rapport Mapping publié par l’ONU il y a 14 ans, alors que les commanditaires de ces crimes ont droit à un tapis rouge lors de leur passage à Paris, fait la honte de la France, souvent présentée comme le pays des droits de l’homme », s’offusque Mukwege.
Le candidat à la présidentielle de 2023 craint par ailleurs que ce procès politisé ne rallonge la liste des injustices que subissent les Congolais. Denis Mukwege exprime tout de même son indéfectible soutien à Charles Onana. « Nous exprimons notre soutien à Charles Onana. La vérité finit toujours par triompher. Le peuple congolais qui résiste et survit à la barbarie de la région des Grands lacs est avec vous », réaffirme t-il.
A la première audience lundi 7 octobre 2024 au tribunal judiciaire de Paris, l’écrivain franco-camerounais, Charles Onana a rappelé qu’il n’a jamais nié le génocide rwandais mais a reconnu que des Hutu et Twa, en dehors des Tutsi, avaient été aussi victimes. Il a rejeté la thèse négationniste lui imputée, arguant que ses enquêtes ont été basées sur des recherches très fouillées. L’auteur du livre « Rwanda : la vérité sur l’opération turquoise » (Editions l’Artilleur, 2019) a démontré que sa démarche est purement scientifique, relevant n’avoir aucun penchant pour aucun pays ou communauté.
Onana, auteur d’un «ouvrage scientifique»,fruit de 10 ans d’une thèse soutenue à l’université Lyon III, obtenue en 2017 «avec félicitations du jury», s’appuie sur des documents militaires et des archives issues de la CIA, de l’armée belge et du renseignement militaire français pour contrer cette thèse du régime de Kigali.