Faut-il ajouter la clause du passage d’un examen psychiatrique dans l’article 99 de la Constitution qui fait obligation aux membres de l’exécutif de déclarer leurs patrimoines à leur départ des affaires ? Matata Ponyo aurait-il donc vite oublié que c’est au lendemain de son one-man-show en pleine plénière du Sénat, où il s’est prévalu d’être le meilleur Premier ministre que le Congo n’ait jamais connu, que l’alors chef du gouvernement, Sylvestre Ilunga Ilunkamba avait fait le déplacement de Bukanga-Lonzo pour étaler sur la place publique prouesses et hauts faits du devin Premier ministre à la cravate rouge !
Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre sous Kabila accusé de détournements dans le dossier du parc agro-infustriel de Bukanga-Lonzo @Photo Droits tiers.
Si le procès Bukanga-Lonzo piétine à la Cour constitutionnelle… pour diverses raisons notamment la composition du jury, Augustin Matata Ponyo Mapon pourrait bien se retrouver devant la Cour de cassation. De lourdes présomptions de malversations financières pèsent sur l’ancien ministre des Finances d‘Adolphe Muzito, sur le dossier Katanga Post Border. Henri Yav Mulang pourrait bien se présenter comme témoin à charge…lourde, en cas de procès. Il suffit à l’IGF de déterrer un dossier lui soumis fin juin 2023. Refermons cette parenthèse pour revenir à la guerre des immeubles lancée par Matata contre Alingete, son collègue de promotion à l’université de Kinshasa, faculté de l’économie. L’un et l’autre avaient passé un test à l’École nationale des finances. Fortunes diverses, Matata écope d’une note rouge, l’on dirait comme la couleur de ses cravates, donc recalé, et Alingete, tout vert, en fait, excellent.
Mais sous le régime de Kabila marqué par des scandales financiers (cfr Congo Hold up), Matata Ponyo connaît une ascension fulgurante. Propulsé DG du BCECO, une pire escroquerie pour reprendre mot à mot, l’expression de Gilbert Kiakwama Kia Kiziki, le recalé de l’ENF reçoit des philippiques du principal patronat national, la FEC. Albert Yuma, patron des patrons, accuse le BCECO de complaisance marquée par des rétro-commissions dans les attributions des marchés, jusqu’à 30% du marché!
Au ministère des Finances, l’homme à la cravate rouge se complaît à geler nombre de dossiers lui expédiés au Budget. À la Primature, Matata se brouille à la queue leu leu avec ses ministres, Mukoko Samba, Kapandji Kalala, Kin Kiey, etc., Il se vante, par ailleurs, d’avoir doté l’État d’un immeuble intelligent devant servir de l’hôtel du gouvernement. Lequel sera inauguré le 20 juillet 2015 par le président Joseph Kabila, le même qui, quelque temps plus tard, aura horreur de serrer la main de son Premier ministre. Serait-ce à cause du coût pompeusement élevé de l’immeuble qui, à en croire, le très sérieux Al Kitenge, n’a rien d’intelligent et lui colle 3/10, de quoi rappeler la note de Matata lors de son examen de l’École nationale des finances.
Selon une enquête d’Entreprendre, propriété du précité,
«l’intelligence faisant appel à l’innovation technologique du bâtiment est quasi-inexistante. (…) Aucune donnée n’est automatiquement collectée. Tout ou presque est manuel (…), éclairage, identification, circulation au parking, etc.». Trente, quarante, quarante-un millions de dollars, même celui qui se pavane et bombe le petit torse à propos de l’immeuble balbutie sur son coût. Et l’opinion se rappellera que le cabinet Matata se félicitait d’avoir importé d’Italie les mobiliers pour équiper les immeubles du gouvernement Place Royale comme si, au niveau local, l’artisanat congolais ne pouvait pas fournir des meubles de qualité. Et à se demander si ce marché s’est effectué selon les prescrits du code des marchés publics. “Vous ne pouvez pas comparer un immeuble dans lequel se trouvent plusieurs ministères, dans lequel se trouve le bureau du président de la République, bureau du Premier ministre à un petit immeuble dans la périphérie conçu pour la recherche plutôt de la gloire”, a lancé Matata, à la faveur d’une conférence de presse, style one-man-show, contre le chef de service de l’IGF. Et pourtant, Jules Alingete n’a jamais comparé le nouvel immeuble de l’IGF à quoi que ce soit. Matata Ponyo a rappelé à l’opinion le montant de 8.647.580,32 $US qu’a coûté le nouvel édifice de l’IGF meublé de 8 niveaux plus rez-de-chaussée et qui dispose de 250 bureaux, de 5 salles de réunion de 50 places chacune, d’une salle de conférence de 300 places, de 60 toilettes, de 5 cafétérias de 30 places chacun, d’un restaurant de 80 places, de 4 ascenseurs, de 50 caméras de surveillance et d’un équipement d’anti-incendie et détecteur des feux, baptisé « Etienne Tshisekedi ».
Par contre, si l’IGF lançait des investigations sur toutes ces ONG, ces sociétés créées à la va-vite qui ont gagné des marchés d’entretien des locaux des immeubles Place Royale, les ramifications à la primature à une certaine période, remonteraient à la surface. Matata sait à quoi s’en tenir. Il est de nostalgie d’une gloriole passée qui crée de l’antipathie, de la jalousie. Il ne faut pas être Sigmund Freud pour le constater dans la classe politique congolaise.