Le Conseil des ministres a pris acte, le 13 octobre dernier, de l’option levée par le ministre des Hydrocarbures, Guy-Aimé Sakombi Molendo de clôturer la procédure d’appels d’offres lancée fin août 2022 sur les 27 blocs pétroliers et 3 gaziers et de relancer une nouvelle procédure.
L’évaluation du processus en cours, lancé du temps de son prédécesseur Didier Budimbu, voilà plus de 26 mois a été caractérisée par plusieurs reports des dates de dépôt et des dépouillements des candidatures pour une procédure qui ne peut dépasser dix-huit mois, a déploré Sakombi. Pour le patron de l’or noir congolais, il est impératif de lancer une nouvelle offre qui aura l’avantage de permettre au gouvernement de rebondir en évitant les difficultés majeures relevées au regard des préalables à la procédure, du déroulement de la procédure et de l’évaluation des candidatures en phase de présélection.
Sakombi Molendo estime que le succès de la nouvelle procédure d’offre sera garanti notamment par la signature d’un décret établissant les étapes de la procédure d’appels d’offres restreints pour l’attribution des droits d’hydrocarbures et les délais y relatifs. Et pour taire les critiques des lobbies environnementalistes en tête desquels l’Unesco et Greenpeace, le ministre UNC des Hydrocarbures a convaincu le conseil des ministres de procéder à un redimensionnement des blocs arpentant les aires protégées, en fait, des parcs nationaux, afin de tenir compte des contraintes écologiques.
Au lieu de faire cavalier solitaire, le ministre des Hydrocarbures a, pour ce faire, convié Mme Ève Bazaiba Masudi, ministre de l’Environnement et développement durable à ces opérations de recadrage des blocs pétroliers concernés. Sakombi sollicite, enfin du gouvernement, l’acquisition de nouvelles données techniques pétrolières par des levés géophysiques, notamment la sismique 3D, d’abord sur des blocs à forte potentialité, en vue de construire une banque hautement sécurisée des données pétrolières nationales. Pour le ministre des Hydrocarbures, il s’agit là des conditions sine qua none pour assurer la promotion des blocs pétroliers.
Dans ses précédentes livraisons, Ouragan avait déjà alerté sur la volonté de l’État congolais de reprendre le leadership dans les dossiers des appels d’offres relatifs aux 27 blocs pétroliers et 3 gaziers.
– De lourds DI, conséquence de complaisance –
Un budget de 600 100 500 FC soit un peu moins de 220 000 $US a, en effet, été prévu à ce sujet, rapportent des sources généralement bien renseignées au secrétariat général des Hydrocarbures vu que les dossiers n’avaient point connu d’avancée notable près de deux ans après les appels d’offres. Et selon l’Ong Congo n’est pas à vendre (CNPAV), la RDC courait, en effet, des risques de dettes supplémentaires qui pourraient résulter du processus des appels d’offres biaisés. D’après le CNPAV, pour avoir mal négocié et octroyé plusieurs blocs, l’Etat congolais a été condamné à payer 617 millions $US à Dig Oil et 240 millions € à la société Caprikat et Foxwhelp de Dan Gertler. Ces risques et craintes ne sont rien d’autres que l’approbation lacunaire par le conseil des ministres avec des chiffres variants sur le nombre exact des blocs, tantôt 16 tantôt 27, la fourniture de garantie de rentabilité coûteuse à long terme, l’octroi des blocs à des “preneurs spéculateurs”, des conflits avec des anciens détenteurs, des informations insuffisantes sur le potentiel géologique, le non respect de critères de sélection…
Deux ans après le lancement des appels d’offres, l’État devrait brosser un état des lieux de ce processus et agir en conséquence. Sakombi Molendo s’en est rendu compte. Aux grands maux, de grands remèdes. Compteur à zéro. Les appels d’offres seront désormais restreints, limités à des firmes capables d’assurer l’utile et l’agréable : la technologie et les moyens financiers.
– Gaz du lac Kivu, firmes américaines et canadiennes décalées ? –
Mais qu’adviendra-t-il donc de trois blocs gaziers du lac Kivu déjà attribués? Il y a tout juste une année, le 12 octobre 2023, le prédécesseur de Guy-Aimé Sakombi, et actuel ministre des Sports, Didier Budimbu annonçait les noms des sociétés qu’il a sélectionnées, à l’issue d’un appel d’offres, pour exploiter trois blocs gaziers du lac Kivu, dans l’est du pays. Il s’agit, en effet, de Symbion Power & Red , pour le bloc dit “Makelele” , Winds Exploration and Production LLC (bloc Idjwi) et Alfajiri Energy Corporation (bloc Lwandjofu). Les deux premières sociétés ont leur siège aux Etats-Unis, la 3e au Canada. « C’est une première étape de poids pour la RDC et mon ministère », a commenté M. Budimbu sur Twitter. « Je tiens à féliciter les sociétés pour leur détermination commune à apporter expertises et solutions durables pour la région et sa population », a-t-il ajouté. Sans doute qu’aux Hydrocarbures, toutes les précautions ont été prises pour épargner à l’État de lourdes condamnations des dommages et intérêts.
Pour mémoire, les 27 blocs pétroliers sont situés respectivement dans le bassin côtier (3 Blocs), Bloc Yema II, dans le territoire de Muanda, district du Bas-fleuve, province du Kongo central. Le Bloc Nganzi s’étend dans les territoires de Lukula et de Tshela, district de Bas-fleuve, au Kongo central et le Bloc Matamba-Makanzi est situé dans le territoire de Muanda, district du Bas fleuve, au Kongo central.
– Kingakati, l’énigme du bloc 25 –
Neuf blocs ont été identifiés dans la cuvette centrale. Il s’agit du bloc 4, se trouvant dans les territoires de Bolomba et Basankusu dans la province de l’Equateur et dans les territoires de Boende et Befale dans la province de la Tshuapa. Le bloc 4B s’étend dans les territoires de Befale, Boende, Djolu dans la Tshuapa et à Bongandanga, Bokungu, Ikela dans la province de la Mongala puis Yahuma dans la Tshopo. Le bloc 6 passe par les territoires de Banalia, Bafwasende, Isangi, Ubundu à Opala dans la Tshopo. Alors que le bloc 18 s’étend dans les territoires de Kole, Lodja, Lusambo, Lomela (province de Sankuru); Mweka, Dekese (province du Kasaï) Demba et Dimbelenge (province du Kasaï-central).
Le bloc 21 part des territoires de Kasongo, Kibombo, Kabambare (province du Maniema), Katako-Kombe et Lubefu (province du Sankuru). Le bloc 22 s’établit dans les territoires de Lukolela (province de l’Equateur), Yumbi, Bolobo et Mushie (province de Mai-Ndombe). Le bloc 25 est situé dans la ville de Kinshasa. Le ministère des Hydrocarbures sinon le gouvernement n’a jamais été plus explicite sur ce gisement pétrolier dans la capitale, laissant ainsi place à des spéculations. D’aucuns soutiennent que l’or noir coulerait à profusion sous Kingakati, bourgade adjacent la banlieue ouest de la capitale où Joseph Kabila Kabange alias raïs s’est construit “un sultanat”, en splendide isolement. Le partenaire de l’alternance, comme on le désignait lors de la coalition FCC-CACH a été nommément accusé de soutenir la rébellion de Corneille Naanga par Félix Tshisekedi. Son retour à Kinshasa serait devenu hypothétique, selon des analystes. Autres blocs, le Moero s’étend sur les territoires de Kasenga, Pweto (province de Haut Katanga), Moba et Manono (province de Tanganyika). Et enfin le Bloc Upemba, situé à cheval entre les provinces de Haut-Lomami, Haut-Katanga, Lualaba et Tanganyika. Et s’agissant de la région du Graben Tanganyika, il a été marqué par 11 blocs à savoir, le bloc Kibanga Kisoshi dans le Fizi, au Sud-Kivu, le bloc Kalemie dans le Tanganyika, le bloc Kituku Moliro à Moba, province du Tanganyika, le bloc Mulula Lubanga dans la périphérie de Kalemie, le bloc Uvira entre Uvira et Fizi, au Sud-Kivu. Le bloc Baraka dans le territoire de Fizi, et le bloc Kakelwa-Kabobo est situé entre les territoires de Fizi et de Kalemie. Les quatre blocs du Graben restants sont Kabimba, Kibi-Fatuma, Moba et Mpala, tous dans la province du Tanganyika. Et les quatre blocs du Graben albertine sont les premiers situés dans les territoires de Mahagi et de Djugu dans la province de l’Ituri. Le second se trouve dans les territoires d’Irumu et de Djugu dans la province de l’Ituri alors que le troisième est situé dans les territoires de Beni, Oicha, Butembo et Lubero dans la province du Nord-Kivu. Le quatrième a été situé dans les territoires de Lubero et Rutshuru dans la province du Nord-Kivu. Tout est à refaire sous le leadership de Sakombi Molendo.