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Rostin Manketa : « aucun droit de l’homme n’est supérieur aux autres »

Face à une méconnaissance générale des droits humains en République démocratique du Congo, l’ONG “La Voix des sans voix pour les droits de l’homme” (VSV) redouble d’efforts pour sensibiliser la population. À travers son nouveau projet : « Promotion et protection des droits de l’homme pour une vie digne pour tous » financé par Diakonia, Rostin Manketa, le directeur exécutif de l’organisation, a expliqué à Ouragan, l’importance de l’éducation aux droits fondamentaux pour des millions de Congolais, tout en dénonçant les violations et abus dont ils sont victimes.

Rostin Manketa, directeur exécutif de l’ONG Voix des sans voix pour les droits de l’homme (VSV) @Photo Droit tiers.

publié le 20 septembre 2024 à 05:06:00

Ouragan : Monsieur Rostin, bonjour. Vous avez récemment lancé le projet ( Promotion et protection des droits de l’homme pour une vie digne pour tous), pouvez-vous nous expliquer son objectif et les résultats escomptés dans le contexte actuel de la RDC, particulièrement à Kinshasa ?

C’est un projet axé sur la promotion et la protection des droits de l’homme pour garantir une vie digne pour tous. Ce projet vise à toucher des milliers, voire des millions de personnes. C’est vraiment notre priorité.

Souvent, vous investissez le terrain pour mener une grande sensibilisation. Pourquoi cette fois-ci, vous avez choisi les médias pour transmettre vos messages ?

Merci. En effet, nous avons choisi de passer par les médias, comme le vôtre, pour toucher un plus grand nombre de Congolais. L’objectif est d’atteindre une large partie de la population afin qu’elle puisse mieux connaître ses droits. La Bible dit : “Mon peuple périt faute de connaissance”. Il y a un sérieux problème en République démocratique du Congo concernant la compréhension des droits de l’homme. La majorité de la population ne connaît pas bien ses droits, ce qui fait qu’elle les voit violer sans savoir comment se défendre. Nous voulons réduire cet écart entre la population et les droits de l’homme, afin que chaque citoyen soit capable de défendre ses droits sans intermédiaire.

Pour faciliter la compréhension des droits de l’homme, comment les définiriez-vous de manière simple et concise ?

Les droits de l’homme sont des prérogatives reconnues à chaque individu en tant qu’être humain. Chaque personne a des droits inhérents qui garantissent une vie digne. Sans ces droits, la vie n’est pas possible.

Existe-t-il différentes catégories de droits de l’homme ? Si oui, lesquelles ?

Il y a trois catégories de droits de l’homme. La première génération concerne les droits civils et politiques, comme : le droit à la vie, la liberté d’expression, et la liberté de manifester. La deuxième génération regroupe les droits économiques, sociaux et culturels, tels que : le droit à l’éducation, à la santé, à l’eau potable, et à un salaire décent. La troisième génération concerne les droits collectifs ou de solidarité, qui incluent le droit à la paix, à un environnement sain, et au développement.

Ces droits sont souvent bafoués. Mais quelle différence y-a-t-il entre une violation des droits de l’homme et une atteinte à ces droits ?

La différence réside principalement dans l’auteur de l’acte. Quand un agent de l’État, comme un policier ou une autorité publique, porte atteinte aux droits de l’homme, on parle de violation des droits de l’homme. Par contre, lorsqu’un individu ordinaire, par exemple un “kuluna” (délinquant), commet un acte similaire, on parle d’atteinte ou d’abus des droits de l’homme. La violation (des droits de l’homme) concerne donc uniquement les actions ou omissions des autorités investies d’un pouvoir public.

Quelles sont les valeurs fondamentales que l’on peut retenir en matière de droits de l’homme ?

Il y a plusieurs valeurs clés, mais les plus importantes sont la dignité, l’égalité, la liberté, la non-discrimination, la tolérance et la justice. Par exemple, la non-discrimination signifie qu’un bon défenseur des droits de l’homme doit traiter chaque individu de manière égale, quelle que soit son origine ou sa catégorie sociale.

Y a-t-il un droit qui soit plus important que les autres ?

Non, les droits humains sont universels, interdépendants, indivisibles et inaliénables. Ils se complètent mutuellement. Par exemple, le droit à la vie est essentiel, mais il ne vaut rien sans le droit à l’eau potable, aux soins de santé ou à l’éducation. Tous les droits doivent être respectés pour garantir une vie digne.

Propos recueillis par Mputu Patrick

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