L’écrivaine congolaise, Reinette Mulonda a officiellement présenté son premier roman « Course contre la honte », lors d’une cérémonie organisée le 20 septembre au Centre d’études pour l’action sociale (CEPAS), à Kinshasa. Ce récit à la fois poignant et profondément ancré dans les réalités contemporaines africaines constitue un jalon dans la carrière de cette jeune auteure.
Reinette Mulonda dévoile son premier roman à Kinshasa @Photo Droits tiers.
L’événement, haut en couleur, a rassemblé intellectuels, écrivains et figures du milieu littéraire congolais. Pour baptiser ce roman, c’est Richard Ali, vice-président de l’Union des écrivains du Congo et figure majeure de la scène littéraire africaine, qui a été désigné. Lors de son allocution, il a salué l’originalité de l’œuvre de Mulonda. Selon lui, « Course contre la honte » dépeint avec une rare subtilité les tensions morales et sociales qui parcourent la vie des femmes congolaises. “Elle raconte avec pudeur mais sans concessions, révélant les non-dits et les paradoxes d’une société à cheval entre modernité et tradition”, a-t-il développé.
Jonathan Elenga, représentant des éditions Mesdames, la maison d’édition qui a publié l’œuvrage, a pris la parole pour exprimer sa fierté. « Course contre la honte » étant le premier livre publié par cette jeune maison, l’honneur était double : celui de lancer une nouvelle voix littéraire prometteuse tout en marquant le début d’une aventure éditoriale audacieuse.
« Course contre la honte » met en lumière la vie de Raissa, une femme tiraillée entre ses ambitions personnelles et les injonctions sociales pesant sur ses épaules. À travers ce personnage principal, Reinette Mulonda brosse le portrait de nombreuses femmes qui, dans le quotidien congolais, mènent une course acharnée pour se conformer aux critères que la société leur impose. “Ce roman est une réflexion sur ces stéréotypes qui exigent de la femme qu’elle se plie à des modèles de féminité rigides, figés dans le temps. J’ai voulu interroger ces évidences qui, bien souvent, l’empêchent de réaliser son potentiel”, a-t-elle glissé, avant d’ajouter que le récit dévoile la fragilité et la force de celles qui, prises dans une lutte silencieuse, s’efforcent de naviguer entre les attentes des autres et leur propre soif d’accomplissement.
S’il se présente avant tout comme un roman fictionnel, « Course contre la honte » se situe également à la croisée de l’essai féministe et du roman historique. Reinette Mulonda s’attaque avec finesse à des thèmes centraux comme l’émancipation, la liberté individuelle et la place de la femme dans une société profondément patriarcale. Son écriture interroge les traditions ancestrales qui, dans certaines communautés africaines, continuent de façonner l’identité féminine, la conditionnant à se définir par l’approbation de la société. Avec ce roman, Mulonda gagne en crédibilité sur la scène littéraire congolaise où la présence féminine est faible.