La RDC connaît la crise humanitaire la plus grave, la plus complexe, la plus tolérée, la plus prolongée du monde pour avoir duré plus de 30 ans. “Elle est même considérée comme celle de la protection des populations”. Malheureusement, “on n’en parle pas suffisamment”, a déploré Bruno Lemarquis.
Par Alexis Emba
Le coordonnateur des opérations humanitaires en RDC, Bruno Lemarquis échangé mardi avec les journalistes sur la situation humanitaire au pays lors d’un café de presse @Photo Droits tiers.
publié le 27 septembre 2024 à 05:08:00
Le coordonnateur des opérations humanitaires de l’ONU en RDC l’a fait savoir mardi lors des échanges avec les chevaliers de la plume et les représentants des ONG tant nationales qu’ internationales. Actuellement, le pays compte 6,4 millions de personnes déplacées internes. Ce chiffre, a dit Lemarquis, est non seulement le plus élevé au monde, mais place surtout le pays en deuxième position en Afrique en termes de déplacements massifs après le Soudan.
Les besoins humanitaires sont criants pour répondre aux urgences. Sur le terrain, a reconnu Lemarquis, le dernier cessez-le-feu a permis de réduire la violence et surtout d’assurer le retour progressif de certains déplacés. Cependant, il a relevé qu’autour de la ville de Goma, au Nord-Kivu, la situation humanitaire demeure très critique. Aujourd’hui, il y a 750 mille déplacés internes. Ces personnes vivent dans des conditions extrêmement précaires. Elles sont confrontées en grande partie aux problèmes sanitaires liés aux épidémies, aux violences sexuelles et surtout au retour des stratégies négatives de vie comme la prostitution. “Elles n’ont pas, pour la plupart, accès à la nourriture, à l’eau potable, aux soins de santé primaires, moins encore à d’autres besoins fondamentaux”.
En outre, le haut fonctionnaire onusien a relevé que d’autres crises créent des besoins humanitaires, notamment l’activisme des ADF dans le grand nord et les conflits Codeco-Zaïre dans le territoire de Djugu en Ituri, marqués par beaucoup d’attaques dans les camps de déplacés. Lemarquis a prévenu que les cas de non-respect des droits internationaux humanitaires, les violences sexuelles… sont édifiants. Plus de 60 mille survivantes de violences basées sur le genre ont été reçues dans les services de prise en charge dont 40% des enfants. Ce fait, a fait comprendre Lemarquis, revêt plus de conséquences multiformes, notamment sur le plan de l’enseignement où le pays enregistre plus de générations perdues, par faute de bénéficier d’une éducation formelle. En 2023, seulement 27% d’enfants déplacés ont pu bénéficier de l’éducation formelle.
– 964,9 millions USD mobilisés –
Dans ce tourbillon humanitaire, la communauté internationale a adopté un plan de financement humanitaire à hauteur de 2,6 milliards USD. Hélas, les Bailleurs de fonds n’ont pu mobiliser que 964,9 millions de dollars américains, soit 37% . Il reste 1,6 milliard USD, soit 63%. Lemarquis a toutefois remercié les partenaires pour leur contribution afin de juguler la crise. Il a, par ailleurs, plaidé pour des investissements plus accrus afin de trouver des solutions durables. “Nous serons contents si le gouvernement de la RDC s’investit davantage aux côtés des bailleurs de fonds et autres partenaires pour mettre un terme à cette situation”, a-t-il lancé, soutenant que les médias peuvent être mis à contribution pour mener ce plaidoyer. “Il est important de travailler avec les autorités du pays et la communauté internationale pour mieux investir dans les efforts volontaires tendant à ramener la paix et le développement”, a-t-il dit.
– Contraintes entravant l’accès humanitaire –
Devant l’assistance, Lemarquis a évoqué les principales contraintes qui bloquent l’accès humanitaire. Il a énuméré l’insécurité généralisée avec des attaques armées, les violences contre les civils et humanitaires, les conflits intercommunautaires mais aussi la présence de groupes armés. Il y a également l’accès physique difficile au regard des conditions géographiques complexes; les ingérences et obstacles bureautiques comme les restrictions et interférences des autorités locales et nationales ; les violences ciblées à l’instar des attaques directes contre le personnel humanitaire et la perception des acteurs humanitaires.
– Contribution gouvernementale à la baisse –
Le secrétaire général aux Affaires sociales a révélé que la contribution du gouvernement de la République a sensiblement baissé cette année contrairement en 2022 et 2023. “En 2022, le budget du gouvernement congolais consacré à la réponse humanitaire était de l’ordre de 60 milliards de FC. En 2023, ce montant a été réduit à 50 milliards de FC et pour cette année en cours et contre toute attente, il a subi une réduction à hauteur de 40 milliards de FC. Au regard de cette régression sensible du budget, notre plaidoyer est de voir revenir au montant initial pour mieux faire face à la crise humanitaire qui sévit dans le pays, et particulièrement dans la partie Est”, a déclaré M. Mboko Lyeti Alain.
Cependant, il a fait savoir que suivant les estimations du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement devrait verser chaque mois un montant de 10 milliards de FC, comme ressources sécurisées.
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau a annoncé mercredi 2 octobre avoir ordonné au préfet de Mayotte d’organiser des «vols groupés» pour reconduire les ressortissants de la République démocratique du Congo dans leur pays. «Dès ce mois d’octobre, le préfet de Mayotte, il en a l’instruction, organisera des vols groupés pour pouvoir reconduire les étrangers en situation irrégulière vers la République démocratique du Congo», a déclaré Bruno Retailleau à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, interrogé par la députée RN Anchya Bamana.
L’événement est organisé par le ministère de l’Environnement et développement durable avec l’appui de la FAO et d’autres partenaires comme le Fonds de l’environnement mondial (FEM). Le clou de cette activité a été le lancement de la phase de préparation du projet intitulé : “conservation communautaire de la biodiversité et des moyens de substance dans le contexte du changement climatique en RDC”.