Malade et dispensé d’audiences depuis quatre jours, Dominique Pelicot, principal accusé au procès des viols de Mazan, reviendra-t-il lundi ? Son absence prolongée, évoquée jeudi par le président de la cour criminelle de Vaucluse, menace la poursuite des débats.
Le retraité de 71 ans a été examiné par un médecin qui “confirme la nécessité d’une dispense ce jeudi et demain vendredi, la mise en place d’un traitement adapté, avec une possible hospitalisation, et une date de sortie possible lundi”, a expliqué à l’ouverture de l’audience le président de la cour, Roger Arata.
“Et si M. Pelicot n’est pas là lundi ?”, a demandé son avocate, Me Béatrice Zavarro, qui plaide comme les parties civiles, pour la suspension des débats s’il reste absent.
“Alors, c’est la catastrophe (…), nous serions obligés de reporter encore une semaine”, a répondu le président Arata, avant de nuancer: “S’il ne peut pas être là que lundi, nous pouvons reporter sur mardi, la semaine est souple. Après, si c’était une indisponibilité plus longue, on en rediscutera”.
Si M. Pelicot, qui souffrirait d’une infection, est effectivement “sortant” lundi, la semaine serait alors “prioritairement” consacrée à son audition, ainsi qu’à la suite de l’audition de son ex-épouse et principale victime, Gisèle Pelicot, a ensuite expliqué le magistrat. Puis ce serait le tour des “parties civiles laissées en suspens”, dont les deux fils du couple, David et Florian, le gendre, Pierre P., et le frère de l’accusé, Joël Pelicot.
Les jours suivants, la cour devrait finir l’examen du premier groupe de quatre coaccusés, Jean-Pierre M., 63 ans, Jacques C., 72 ans, Lionel R., 44 ans, et Cyrille D., 54 ans. Quant au “groupe 2” de sept autres coaccusés qui était prévu à partir de lundi, soit la semaine 38, il sera lui reporté à la semaine 46, à partir du mardi 12 novembre, a d’ores et déjà prévenu M. Arata.
Dans l’attente du rétablissement de Dominique Pelicot, le président de la cour a promis de rester en contact permanent avec l’administration pénitentiaire, afin de pouvoir informer les parties au procès dès le week-end.
– “Culture du viol” –
Jeudi matin, les débats ont repris à Avignon, en l’absence donc de Dominique Pelicot mais aussi de sa famille, son ex-femme, toujours présente depuis le début de ce procès hors norme le 2 septembre, et ses trois enfants. Les parties civiles n’étaient représentées que par leurs avocats jeudi matin.
Et c’est Annabelle Montagne, experte psychologue, qui a évoqué les quatre premiers accusés examinés cette semaine.
Après son audition, puis la fin de celle de Stéphan Gal, le deuxième directeur d’enquête de ce dossier, prévue jeudi après-midi, le président Arata devrait normalement annoncer un report du procès jusqu’à lundi, dans l’attente d’un éventuel retour du principal accusé, comme il l’avait laissé entendre mercredi.
“La difficulté pour monsieur M., c’est que j’envisage difficilement de l’entendre sans monsieur Pelicot”, avait concédé le magistrat mercredi.
Au total, 50 hommes, âgés de 26 à 74 ans, sont jugés au côté de Dominique Pelicot. Des inconnus que celui-ci avait recrutés sur internet pour venir violer son épouse, à leur domicile de Mazan, dans le Vaucluse, après qu’il l’avait droguée aux anxiolytiques.
Ces faits avaient duré dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020, quand tout avait éclaté au grand jour, après que M. Pelicot avait été interpellé en train de filmer sous les jupes de trois femmes dans un centre commercial de Carpentras (Vaucluse). C’est en fouillant dans son ordinateur que les enquêteurs avaient découvert cette décennie de viols, photographiés, filmés et minutieusement légendés et archivés par l’accusé.
Couvert par des médias du monde entier, devenu le symbole de la question des viols sous soumission chimique, ce procès des viols de Mazan est aussi pris en exemple par les mouvements féministes pour relancer le débat sur la question du consentement.
Et Mme Pelicot est même en train de devenir un symbole de la lutte contre les violences sexuelles.
Son visage stylisé, avec le slogan “La honte change de camp”, est ainsi utilisé pour un appel à manifester vendredi à 13h00 à Avignon, “contre la culture du viol”. De nombreux appels à manifester ont également été lancés pour samedi à travers la France, en soutien à Gisèle Pelicot et à toutes les victimes de viols.