Dans un contexte de tension suite à une tentative d’évasion à la prison centrale de Makala, le ministre d’État à la Justice, Constant Mutamba, a interdit aux magistrats des parquets de transférer des détenus dans cette adresse sauf son autorisation expresse.
Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice @Photo Droit tiers.
Le garde des sceaux a pris deux autres mesures provisoires pour renforcer la sécurité et prévenir de futures attaques. Ces dispositions sont annoncées sur X. Il s’agit de l’intensification du processus de désengorgement des prisons, notamment celles de Makala, Ndolo et d’autres à l’intérieur du pays. Enfin, le membre de l’exécutif national a annoncé aussi l’accélération du projet de construction d’une nouvelle prison excentrée de la ville de Kinshasa (délocalisation de Makala).
Cette initiative s’inscrit dans une démarche de sécurisation des établissements pénitentiaires du pays, répondant aux directives du chef de l’État. Elles visant surtout à améliorer les conditions de détention. Mutamba, qui se trouve actuellement en itinérance à l’intérieur du pays pour étendre la politique de désengorgement des prisons, a dénoncé des actes de sabotage prémédités. « Des enquêtes sont en cours pour identifier et sanctionner sévèrement les commanditaires de ces actes de sabotage. Une réponse implacable leur sera réservée », a-t-il écrit sur X, saluant les forces de sécurité pour avoir stoppé ce coup des ennemis du peuple congolais.
Dans l’obscurité de la nuit kinoise, entre deux et trois heures du matin, des coups de feu éclatent. Secs, saccadés, parfois lointains, ils déchirent le silence de la ville endormie. À la prison centrale de Makala, la plus grande du pays, une tentative d’évasion est en cours. Sous la première pluie marquant la fin de la saison sèche, des détenus, saisis d’une excitation fébrile, s’efforcent désespérément de briser les verrous des pavillons et d’abattre les murs de cette forteresse qui les emprisonne.
Des vidéos amateurs, rapidement diffusées sur les réseaux sociaux, montrent des silhouettes errant dans le noir, à la recherche d’une issue. « Faites tomber les murs, cassons tout ! » crient certains, leurs voix se perdant dans la nuit et se mêlant au crépitement des armes. D’autres tentent encore de trouver une sortie, piégés dans ce labyrinthe carcéral. Un premier mort est signalé. « Laissez son visage visible pour que sa famille puisse le reconnaître », murmure un détenu, veillant sur le corps d’un camarade abattu d’une balle, gisant sur le sol humide.
À l’aube, la fumée s’élève des pavillons de Makala, témoignant d’une nuit de chaos. Les renforts arrivent dès les premières heures, tentant de reprendre le contrôle d’une situation confuse. « Les services de sécurité sont sur place pour rétablir l’ordre et la sécurité. La population de Kinshasa est priée de ne pas paniquer », assure Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement, dans un message qui peine à dissimuler l’ampleur du drame.
Pourquoi cette tentative d’évasion à la prison de Makala ? un responsable de ce centre pénitentiaire a expliqué que : « L’établissement était plongé dans l’obscurité à cause d’une panne d’électricité. Les troubles ont commencé au pavillon 4, où les prisonniers, suffoquant à cause de la surpopulation, ont essayé de forcer la porte. Par effet de contagion, d’autres pavillons ont également tenté de s’échapper en forçant leurs portes. Les militaires chargés de la surveillance ont alors ouvert le feu sans sommation ».
La Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP), par la voix de son président Emmanuel Adu Cole, dresse un premier bilan dramatique : plusieurs morts, des blessés, et des évasions. « Depuis longtemps, nous avons alerté les autorités sur la nécessité de séparer les militaires des civils. Comment expliquer qu’une prison civile puisse accueillir plus de 4 000 militaires ? », s’indigne l’organisation, rappelant l’épisode tragique du 17 mai 2017, marqué par une évasion massive ayant entraîné la mort de nombreux détenus.