L’aura de Fatshi s’effrite. La majorité au pouvoir (Union sacrée) se délite. Dans un contexte sociopolitique de plus en plus tendu et incertain, la baisse de popularité du président Tshisekedi, après l’entame de son second quinquennat, ne laisse plus place à l’indifférence. Cette réalité, bien que difficile à admettre pour certains, a été reconnue par Steve Mbikayi, membre de la coalition au pouvoir, lors de son passage dans la célèbre émission « Bosolo na Politique Officiel ».
Félix Tshisekedi, président de la RDC et Steve Mbikayi, leader du Parti travailliste (PT), éminent membre de la majorité au pouvoir @Photo montage Ouragan.
La cote de popularité de Félix Tshisekedi dégringole, affirme le leader du Parti travailliste (PT). Des propos, aussi bien fracassants qu’inquiétants, qui ont révélé au grand jour les fissures internes qui menacent de faire éclater les pro-régime. « Il est en baisse, il faut être réaliste. Il faut que nous travaillions pour relever les défis », a-t-il lâché, sans ambages. À l’entendre, la popularité du chef de l’État, qui était pourtant à son apogée au regard des résultats de la présidentielle de décembre 2023 (74%), aujourd’hui (9 mois après) flanche à un rythme alarmant.
Mais plus qu’un simple constat, c’est une alerte que Steve Mbikayi a sonnée. Selon lui, le présidium de l’Union sacrée, censé être le fer de lance du soutien au président, est aujourd’hui englué dans des querelles d’intérêts personnels et de positionnements pour 2028. « Malheureusement, chacun (des membres) est là pour ses intérêts », a-t-il cogné, soulignant ainsi la nécessité d’une réorganisation profonde pour faire face à cette crise de leadership.
– Avenir incertain pour Tshisekedi et ses alliés –
L’ex-ministre de l’ESU ne s’est pas contenté de critiquer. Il a également proposé des solutions radicales pour redresser la situation. Le contradicteur de Modeste Bahati Lukwebo estime qu’une structure parallèle devrait être mise en place, composée de membres influents mais non impliqués directement dans les affaires publiques. « Il faut avoir une structure des hommes du pouvoir qui ne sont pas au pouvoir […] leur rôle est d’étudier chaque jour comment renforcer le régime pour réussir, évaluer les mandataires et les ministres dans le noir (en coulisses) et proposer des sanctions pour que ça marche », a-t-il suggéré.
Face à cette descente aux enfers, Steve Mbikayi a également appelé à un retour à la franchise et au pragmatisme. « Avant […] je parlais de la révision de la Constitution mais pourquoi j’ai arrêté ? […] c’est quand j’ai vu que notre cote a baissé. Il faut d’abord commencer par la relever en prenant la solution avant de parler d’autres choses », a-t-il confessé. L’acteur politique déplore les dérives actuelles et s’attend à un changement de cap.
Hélas, regrette-t-il, des observations sont souvent accueillies par une tempête d’accusations au sein de la majorité, certains voyant en lui un futur transfuge vers l’opposition. Cependant, le leader du Parti travailliste a tenu à réitérer son soutien sans faille au chef de l’État tout en affirmant son droit à la critique constructive. « Quand on dit la vérité comme ça, les gens vous qualifient d’opposant […] mais je vais appeler la presse et je fais la déclaration […] moi je ne suis pas quelqu’un d’hypocrite », a-t-il martelé, défendant sa position de vigie au sein de la majorité.
– Réorganiser pour survivre –
Alors que la présidentielle de 2028 commence à poindre à l’horizon, la majorité au pouvoir doit urgemment se réinventer. Mbikayi, en ardent défenseur d’une refonte interne, plaide pour des actions fortes et décisives. « Je critique les mauvaises mesures prises par le gouvernement et je demande qu’on les corrige. Au lieu de faire toujours de la flagornerie, je reste avant-gardiste », a-t-il conclu, appelant à un sursaut collectif pour redonner un souffle nouveau à un pouvoir qui vacille.
Le cri d’alarme de Steve Mbikayi n’est pas une simple tirade politique, mais un véritable plaidoyer pour une refondation d’une majorité qui semble avoir perdu sa boussole. Entre ambitions personnelles, manque de vision commune, et popularité en chute libre, Félix Tshisekedi et son équipe devront faire face à des choix judicieux pour préserver leur héritage politique et la confiance du peuple congolais. La route vers 2028 est encore longue, mais elle sera semée d’embûches pour ceux qui n’écoutent pas.