La tragédie aurait pu être évitée. Mais… hélas ! Les alertes de Joseph Yusufu Maliki, directeur de l’établissement pénitentiaire, actuellement recherché par les autorités, n’ont pas été suivies. Le responsable de la prison de Makala avait prévenu avant l’horreur du 2 septembre sur le faible effectif de la garde commise à la sécurisation de la maison carcérale.
La prison centrale de Makala, la plus grande maison carcérale du Congo-Kinshasa @Photo Droits tiers.
« Au regard de l’actuelle situation, c’est l’explosion qui est à la porte de la prison, car les parquets civils et militaires ne cessent de nous envoyer les détenus ». Dans deux correspondances dont la dernière date du 21 janvier 2024, le directeur-chef d’établissement, Yusufu Maliki avait saisi l’ex ministre de la Justice, Rose Mutombo, pour solliciter le renfort des éléments (militaires) pour la sécurité périphérique de la plus grande maison carcérale du Congo-Kinshasa, afin d’éviter toute surprise désagréable, notamment l’évasion, l’intrusion ou encore la conspiration.
J’ai l’insigne honneur de vous saluer et de m’approcher auprès de votre auguste autorité pour la recherche d’une solution idoine et urgente. Pour des raisons purement sécuritaires, je tiens à vous signaler que la prison centrale de Makala compte à ce jour 14 000 pensionnaires en son sein alors que sa capacité d’accueil est de 1 500. Donc, elle convient d’être mieux sécurisée dans tous les aspects pour éviter les évasions, avait alerté M. Yusufu.
Dans le document consulté par Ouragan, Joseph Yusufu a signifié à Rose Mutombo, l’ex-garde des Sceaux, qu’il n’y avait plus d’espaces à Makala et que les détenus étaient entassés dans les cellules. Et ce avec comme conséquence, précise-t-il, la contamination de certaines maladies sans oublier l’étouffement menant ainsi aux décès à répétition.
– L’inaction de Rose Mutombo –
Malgré les sonnettes d’alarme, M. Yusufu n’a pas été écouté. Le directeur de la prison était revenu une fois de plus à la charge en adressant un courrier à la ministre de la Justice toujours, pour lui demander de trouver une solution urgente dans le but de stopper le danger qui guettait Makala. Malheureusement il n’y a pas eu d’anticipation des faits. L’inaction des autorités a conduit au pire et des vies humaines ont été fauchées.
Alors que Constant Mutamba a ordonné son arrestation, le directeur de la prison centrale de Makala avait quitté Kinshasa le 16 août dernier avec l’autorisation des autorités pour se faire soigner en France.