L’opposition congolaise a dénoncé, à travers un mémorandum, les graves violations des droits de l’homme perpétrées sous l’ère Tshisekedi (2019 à 2024). Le document, signé par Franck Diongo (MLP), Jean-Claude Vuemba (MPCR), Olivier Kamitatu (Ensemble) et Floryd Mbakata Yamfu (AAP), a été adressé au haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme.
Les opposants Franck Diongo, Jean-Claude Vuemba, Olivier Kamitatu et Floryd Mbakata @Photo Droits tiers.
La requête clarifie une série d’abus, allant des arrestations arbitraires, exécutions extrajudiciaires, à l’impunité quasi-totale des responsables. « Nous souhaitons porter à votre attention la grave situation des droits de l’homme dans notre pays », peut-on lire dans le texte, qui dépeint un tableau sombre du pouvoir en place. Le quatuor accuse le président Tshisekedi de mener une politique marquée par la répression violente des opposants, activistes et des journalistes.
Des abus documentés. Entre 2019 et 2024, la RDC a été le théâtre de nombreuses exactions perpétrées par les groupes armés et parfois par les forces de sécurité. La note fustige également des cas de violences sexuelles, des actes de torture infligés à des civils, ainsi que des arrestations arbitraires. « Les opposants politiques, avons été des cibles privilégiées de ce régime répressif ». La source évoque, entre autres, des expériences de persécution, des tentatives d’assassinat et d’empoisonnement, dont l’opposant Diongo a été victime. « […] ces pratiques sont devenues monnaie courante pour faire taire toute dissidence ».
Le mémorandum a fait référence à d’autres cas emblématiques, tels que celui de Seth Kikuni, ancien candidat à la présidentielle, arrêté pour avoir critiqué les dérives du régime Tshisekedi et Mike Mukebayi, incarcéré depuis mai 2023 pour avoir défendu les manifestants victimes de violences.
– Justice instrumentalisée –
L’opposition critique aussi une instrumentalisation systématique de la justice pour réprimer les voix dissidentes. Jean-Marc Kabund, ancien chef du parti présidentiel, en est l’exemple. Condamné à sept ans de prison en septembre 2023 pour outrage au chef de l’État et propagation de faux bruits, l’ex-chef Udps paye le prix le plus fort pour avoir critiqué la gestion du pouvoir. « La justice est pervertie au service d’un régime autoritaire qui bafoue les principes fondamentaux des droits humains ».
Dans ce contexte, les opposants jugent inconcevable que la RDC puisse prétendre à un siège au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, comme le fait actuellement le gouvernement de Tshisekedi. « Le régime tente de camoufler ces réalités pour se présenter sous un jour favorable à la communauté internationale », ont pesté les signataires.
– La communauté internationale interpellée –
Diongo, Vuemba, Kamitatu et Mbakata appellent la communauté internationale à ne pas fermer les yeux sur la situation en RDC. Dans leur plaidoyer, loin de se contenter de dénoncer, les quatre ténors en appellent à l’action : « Nous exhortons les Nations unies et les partenaires internationaux à empêcher la candidature de la RDC au Conseil des droits de l’homme tant que ces abus ne sont pas corrigés ».
La violence dans l’est de la RDC, marquée par des massacres ethniques et des complicités présumées entre groupes armés et forces de sécurité, a été également un point d’alerte majeur. Les populations civiles, et en particulier les femmes et les enfants, restent les premières victimes de ces atrocités. D’où, les signataires de la correspondance ont laissé entendre que « la situation humanitaire dans la partie orientale du pays est alarmante, et les auteurs de ces crimes continuent d’agir en toute impunité ».
Face à ces multiples crises, ces leaders espèrent que la pression internationale contraindra le régime à changer de cap. « Il est temps que la communauté internationale agisse », insistent-ils, avant de rappeler que la paix et la démocratie en RDC ne pourront être rétablies sans une action forte de la part des instances internationales.